1 - Par tous les rats de cale !

315 36 133
                                    

CHAPITRE 1

L'océan n'a jamais été aussi paisible. Tout comme l'ambiance sur ce navire, qui file à un rythme de croisière. Du moins, depuis quelques instants. Pour être honnête, chacun profite de l'oeil du cyclone avant le pire. Après tout, le capitaine Jack n'est pas du genre à apprécier longtemps son monde sans danger. C'est son péché mignon, que dis-je, sa plus grande passion !

En parlant du loup. Ce jeune homme complètement fou, commence à taper du pied nerveusement. Le silence s'abat. Plus fort que l'océan sur la coque.

La frénésie des pas qui tapent sur le pont monte crescendo. C'est mauvais signe. Un danger approche. Ou ce sont eux qui s'en rapproche. La panique est exprimée par l'expression d'un visage : celui du grand barbu aux fossettes rosées, son second. Il s'empresse de porter sa longue vue à son oeil gauche.

D'un instant à l'autre, ses larmes commencent à couler. Derrière, les hommes se tiennent la main : tétanisés. Puis, lorsque le bras droit entrouvre la bouche, ils se prennent dans les bras : marmonnant leurs adieux. Pour eux, c'est l'annonce du pire.

— Cap' ? s'exclame difficilement le barbue, d'une voix aiguë.

Les lèvres du capitaine se dressent d'un très large sourire. Ses yeux s'agrandissent d'excitation. On y voit là un bien sombre personnage. Un hominidé des plus élégant cependant ! Il possède une longue chevelure de jais. Aussi noire que le sont ses yeux, sa barbe ou sa longue veste ténébreuse. Elle, qui comporte sur ses bords des motifs dorés. Sa moustache offre deux belles boucles, illustrant avec perfection sa voix harmonieuse, et son langage soutenu.

—...Oui ? rétorque-t-il avec engouement, extrêmement lentement. Signe, qu'il apprécie la nouvelle avant même de l'entendre.

— On est mal. Il y a... Une cascade. Une cascade sur l'océan.

— À LA BONNE HEURE ! GARDEZ LE CAP !hurle-t-il avec le plus grand enthousiasme. Son bras gauche se jette vers le ciel à poing fermé.

— PERSONNE NE VA VOUS GARDER CAP' !

La frégate accélère. Les courants sont intenses. L'équipage perd son sang froid.

Ils courent, s'agitent, hurlent sur le pont : de vraies mauviettes. Ils en ont tous ras la marmotte de leur roi-pirate. Ils espèrent simplement survivre, - une énième fois. S'il y avait des priorités, la solidarité n'en faisait pas partie. Chacun pour soi ! Ils se jettent tous à l'eau, pour tenter de réchapper à la catastrophe.

Il n'y a jamais eu autant de plongeons qu'à cette heure précise. Là où le soleil semble au plus haut dans le ciel. Mais surtout, lorsque se dessine une énorme cascade : grande comme l'horizon. Il fallait réagir vite. Bien que cela soit inutile : le courant aura raison d'eux.

La longue chevelure du capitaine vole dans toutes les directions. Elle atteint son visage. Jack, posé sur la proue du navire est soudain privé de sa vue. Son corps titube. Si bien qu'avec ses problèmes d'oreilles internes : il perd l'équilibre. Puis tombe à l'eau.

La frégate chavire dans les airs. Happée par la gravité au cœur de la buée de l'eau. Le capitaine est adorateur de sensations fortes, il se laisse donc bercer en toute insouciance. Gouverné par cette attraction qui l'entraîne vers les abysses.

Les flots de la cascade sont denses. Tellement que ses vêtements gonflent. Il en devient une grosse boule d'eau. Promptement. Il est balancé dans le vide. Le corps projeté en arrière. Il prie les yeux fermés pour que la chance lui permette de continuer. Continuer à profiter de cette vie folle. Il tombe rapidement. De plus en plus vite. Pourtant, cela semble durer une éternité.

Arwan & JackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant