9 - Le protecteur

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Une foulée résonne dans une allée sombre. Quelque chose rebondit. Régulièrement. D'un écho métallique. Quelque chose ou quelqu'un court. Des pas lourds qui s'écrasent, marquent le sol d'un poids bestial. Vient un crissement. D'un même tintement d'acier. Un objet, énorme. Long. Râpe le sol frénétiquement...

Ils chutent, pressés par la gravité. Les joues valdinguent. Agressés par le blizzard, le froid, le vent qui se déchaîne. En dessous, la paroi explose. En sort un tronc blanc, énorme, qui germe, croît, grandit jusqu'à devenir immense.

Ça coulisse sous les pieds, en plein vol. Propulsés à l'impact, ils glissent sur l'écorce. Lisse comme glace. Une patinoire improvisée qui s'impose. Elle continue de s'étirer. Ils sont proche d'atteindre la falaise.

Un autre tronc se forme, se détache. À gauche. Le virage est pris. Le barbu pointe son bras vers l'objectif d'un oeil fermé. Il vise en mouvement. À pleine allure. Lorsque sur son épaule, une liane s'étend. Elle bouge, virevolte, s'étale le long de son bras. D'un coup : elle s'éjecte vers l'avant, catapultée en longueur.

La branche s'accroche, s'enroule, s'enveloppe à l'une des cordes qui retient la dame comme un fouet. Barnady tire d'un coup sec. Le cordon se déracine. Il réitère jusqu'à ce qu'une nouvelle corde soit déterrée. Ça y est, Lyona peut enfin bouger ses jambes.

Une autre suit, le cordelet de gauche s'envole. Soudainement rabattue, bombardée , écrasée, brisée au sol d'un éclair qui craque, tremble sous la pression. Les appuis devenant instables, ses ennemis s'écroulent. Surgissent les pirates, qui accostent.

Pas le temps de souffler. Dès le premier pas, une ombre surgit derrière. Sombre, capuchonné, rapidement frappé au visage par la force de Pyorn qui jaillit. Le corps roule au sol comme une boule de bowling. L'homme de pierre se positionne en garde à côté des deux aventuriers pour les avertir :

- Fuyez. Ils contrôlent la moindre parcelle du sanctuaire. Si vous vous faites chopper, c'est l'esclavagisme pour le restant de vos jours. Je vais vous faire gagner du temps. Autant que possib-

- JAMAIS. On est venu ici pour la sauver. On reste ici. Avec vous. S'étrangle le jeunot.

-Vous avez entendu le gamin. Enchaîne Barnady.

- Je serai incapable de vous protégez alors barrez-vous de là ! S'ecrie Pyorn.

- On ne laisse pas un camarade derrière. Et puis, on est moins en sucre que ce que vous pensez. Vient renchérir le barbue d'un soupir, avant un sourire.

- Je vous aurai prévenu..

Le jeune homme n'avait pas le temps de penser, de réfléchir à tout ce qui s'était passé jusqu'ici. Une question se coince dans sa gorge. Ça ne vient pas, il n'arrive pas à la formuler. "Pourquoi cacher un tel pouvoir ? " aimerait-il demander à Barnady. Ça n'avait pas de sens...

L'armée se dessine : tous alignés. Une dizaine d'hommes en noir leur font face. L'un d'eux avance de quelques pas, puis retire son chaperon. C'est avec effroi que l'on constate son apparence. Masqué, son déguisement est d'une blancheur éclatante. Sans contrastes. Sans nuances. Sans bouche, nez ni cheveux.

Simplement le dessin dea yeux, étirés en diagonales, qui rayonnent sans pupilles. La sclère, elle, est éclairée d'une lumière rougeoyante.

Sans savoir d'où le son peut bien sortir,  l'effroyable spécimen déploie sa voix profonde et rocailleuse. Elle, modifiée et étouffée légèrement par le cache, presque robotisée :

-Que croyez-vous accomplir ici ? N'avez-vous jamais appris à vous méfier des conséquences ? Agression sur régents : c'est un aller-simple pour le gouffre des damnés...

Arwan & JackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant