Lorsque Jack ne pouvait être qu'un petit matelot.
Douces étaient ses petites mains accrochées puis portées par celles de ses parents. Leur tendre amour était délivré par des petits bisous mimés, apportés par la brise, au beau milieu d'une forêt chérit par l'aube. De doux rayons de soleil s'infiltraient pour se frayer un chemin au travers les arbres, caressés par les feuilles qui surfaient au gré du vent.
Ces étincelles solaires colportaient le brillant à leur chevelure. Le vent ondulait leur crinière qui dansait aux lueurs ivoires de la maman, à l'obscurité étoilée du père.
Ils étaient majestueux, légendaires pour notre garçon rêveur car l'homme qu'il est ne se souvient plus de leur visage...
Il était si bas, et eux si hauts. Sa petite bouille toujours grande ouverte, voulait leur demander '' pourquoi êtes-vous géants ?!'' mais appréhendait leur réaction. Il n'avait pas encore l'âge de leur dire qu'ils étaient les Phénix des hôtes de ces bois.
Tout était si grand pour lui, un univers magique et infini qui donnait le tournis. La moindre beauté ne pouvait être manqué, surtout lorsque chaque détail était relevé avec poésie. La maman n'hésitait pas à le vouvoyer pour exprimer théâtralement :
" Ne voyez-vous pas la magie de ces fleurs qui nous distillent leur parfum de bon matin ? "
C'était épuisant d'être toujours en chemin, de partir au loin sans savoir s'il était possible de s'arrêter pour plus d'une journée, mais il découvrait tant de choses...
Né sans qu'un seul jour se ressemble, il lui arrivait de vouloir rester un peu plus longtemps. Il pleurait à chaudes larmes lorsqu'il s'attachait aux animaux qu'ils croisaient, ou aux autres enfants qu'il côtoyait. Mais il se savait aimé, il le voyait par le sourire qu'ils ne perdaient jamais, que cela soit dans cette forêt ou partout ailleurs...
Parfois, il fallait courir. Ils lui disait que c'était ''un jeu'', le genre qui récompensait le vainqueur, et punissait les perdants. Alors le petit courrait, accélérait du mieux qu'il pouvait par ce petit corps fragile qu'il musclait tous les jours, dans l'espoir de rendre son père fier, mais aussi pour éviter de le voir revenir plein de bobos...
Il s'assurait de toujours gagner. Papa lui construisait quelque chose en échange : des petites sculptures en bois, des colliers; en passant par les coquillages que l'océan déposait à leur pieds...
S'il ne restait jamais bien longtemps à un endroit, c'est parce qu'on lui disait que leur voyage avait pour objectif de trouver " un lieu très spécial, là où toutes les plus grandes merveilles du monde se rassemblait, un sanctuaire pour eux, le seul endroit où ils pourraient vivre sans avoir à avancer. " Mais même lorsqu'il était difficile de marcher, maman était là pour sécher ses larmes et papa pour le porter...
C'était à ses dix ans que sa curiosité se peaufinait, laissant sans voix ses parents face à ses questions rocambolesques. Un jour, lorsqu'il aidait ses parents pour préparer à manger, il lui était venu :
— Comment vous êtes-vous rencontré ?
Qui était plutôt :
— Comment êtes-vous devenu papa et maman ?
Il avait pris le temps de formuler ses mots, un chic petit apprenti-homme.
Puis papa se fige, maman porte un regard triste vers le sol, chacun peiné à ne plus savoir penser, rien qu'un silence comme réponse jusqu'à ce que les secondes permettent au père de rire pour détendre l'ambiance.
— Oh nous... C'est une longue histoire, privé qui plus est, ce n'est pas pour les enfants...
Ils ne veulent pas que je sache quand ils se sont fait des bisous ? pensait-il naïvement.
Le père revoit ses cornes qu'il cachait délibérément. L'image de la pyramide lui revient, celle qui était brandit dans un village, sur un drapeau qu'il tenait lui-même, qu'il piquait au sol pour annoncer leur colonisation. Les plumes noires de ses confrères qui s'étalent sur le sol pendant que les villageois s'enfuient à toute allure.
Ils hurlaient de crainte pendant que d'autres résistaient et finissant dans des cages. Ils venaient " civiliser", pour ne pas dire conquérir. Il revoit ces lumières rougeoyantes briller au sol, un halo sanguin tracé au-dessus de leur ombre.
Leurs ailes qui autrefois portaient le symbole des gardiens, des protecteurs, étaient maintenant la marque de leur tyrannie.
Il comprenait pourquoi ils faisaient ça. Ils pensaient que c'était la solution à tout ça. Pour ne plus être chassé, pour faire payer le ciel de les avoir envoyés en enfer... Leur revanche à permis au père de constater une chose de son espèce : ils ont fini par devenir exactement comme les Édeniens les ont décrits.
Eux aussi, chassait, contrôlait sans demander la permission, empêchait la moindre révolte sur des terres qui ne leur appartenait même pas, dans des mondes qu'il ne connaissait même pas...
Puis il se souvient d'elle, sa femme, il la revoit au début, dans une tente, apeuré, puis gouverné par une force, un caractère qui force au respect. Elle s'est opposée à lui pour protéger sa sœur, et l'étincelle de ses yeux à fait mouche : il est tombé amoureux.
Il se souvient avoir mis une main sur sa bouche pour l'empêcher d'attirer l'attention, que personne ne les remarque pour lui murmurer qu'il allait tout faire pour les sortir de là. Un sursaut d'amour, pour un sursaut de conscience.
Il voulait soudainement qu'il ne lui arrive rien, à elle comme aux autres mais, l'humaine prenait ses pensées toutes entières.
Alors ils se sont débrouillés pour s'enfuir, des courses effrénées entre les arbres, entre des flèches et des flammes qui explosaient à l'impact. Les troncs roulaient, volaient, percutaient le sol à pleine puissance. Mais ils les ont semés. Par les ombres de ses pouvoirs, l'amoureux les a semé, d'un transport immédiat vers une plus belle destination...
Il se rappelle le meilleur : avoir trouvé un petit cabanon où leur petit est né, Jack avait déjà des petits muscles partout, un vrai colosse ! mais l'était-il assez pour ce qui s'ensuit...
Il n'a fallu qu'un jour, pour que tout s'effondre. Sa sœur disparu, il savait pourquoi. Il n'a jamais pu lui dire, mais ça lui rongeait. Que pouvait-il dire ? Qu'elle était partie parce qu'elle avait vu ses cornes ? Et si elle partait elle aussi ? Lui qui avait pris la peine de lui cacher sa véritable nature, est-ce qu'elle savait qui il était vraiment ?
Maintenant.
Sous les décombres, de nombreuses vies y sont installées, endormis. Le malheur frappe en ce lieu, et tout semble être l'œuvre d'une ombre, d'un corbeau à forme humaine, ou serait-ce l'inverse ?
Il se rit du mal comme on rirait d'une mauvaise blague, puis s'approche doucement de celui qui l'intéresse : le seul qui lui tient encore tête. Le capitaine s'accroche alors aux parois rocheux pour se relever brusquement, l'une de ses mains plaqué contre son front douloureux. Il fait face, poings fermés, à la menace présente, fantôme du passé...
- Tu n'as pas perdu de ta vigueur, Jack. C'était le bon vieux temps n'est-ce pas ? ricane l'abomination, tête penchée d'un côté.
Le nommé grincerait des dents, porterait sa voix et couvrirait de honte son adversaire par la supériorité de ses mots ! S'il n'était pas en face de lui, ou quoi que cela puisse être. Ce n'est plus le même, aucun mot ne le sauve de sa respiration accélérée, coupée, ses sueurs et tremblements excessifs qui recouvrent sa vision de ses pires cauchemars.
C'EST À CAUSE DE LUI ! hurle-t-il intérieurement.
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Qui fait le monstre ? Au-delà de l'apparence, qui sont les responsables ?
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Arwan & Jack
FantasyTome 1 : Le mystère des origines. Arwan est le seul enfant d'une île surnaturelle et extrêmement dangereuse. Avec sa mère, il vit le plus grand ennui. Lorsqu'une catastrophe le frappe, un tout nouveau monde se dévoile... Alors que la liberté s'offr...