23 - Case prison

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La poussière est dense dans un souterrain, tout est flou, comme au ralenti. D'innombrables camarades sont jetés, balancés contre les murs dans tous les sens, attaqués par je ne sais quoi : ça va trop vite. Il n'y a qu'une traînée rouge qui défile et disparaît au moindre regard. Le corps du capitaine est écorché, il peine à respirer, à marcher, à bouger dans ce chaos. D'une main, il persévère : il maintient fermement son corps contre la paroi de la caverne. Ses muscles se raidissent, se paralyse, mais il tient bon. Il veut fuir mais la fatigue l'écrase à genoux contre le sol rocheux. 

Une silhouette se rapproche de lui, au regard si noir qu'il terrifie, une monstruosité qui ne laisse qu'une masse de cendre derrière lui, qu'un silence après la peur. Ses vertiges trouble sa vision, mais il peut la voir encore, il la voit quand il ferme les yeux : ce masque de corbeau au sourire diabolique. Ses yeux rougeoyant de malveillance, et son corps camouflés d'un large manteau à plumes noirâtres. Il n'a pas de jambes, il a des pattes, sa bouche n'est pas un bec pourtant, ses dents sont d'autant plus large et pointus : ce n'est pas humain.

Tout d'un coup, il n'y a plus de bruit, et il entend des petits battements d'ailes, puis un croassement plus grave qu'un oiseau. Il est là, il se rapproche. Soudain, une lumière surgit par-delà l'être difforme qui s'arrête brusquement. D'un éclat, elle dissipe le nuage de fumée d'une intensité écrasante. Le monstre se retourne, et le commandant le remarque aussi. Il sait maintenant d'où ça provient et à quoi ça ressemble. Une forme se distingue lorsque la luminosité s'abaisse : c'est un halo...

Quelques heures plus tôt.

Au port de plaisance d'Oblivion, Jack se retrouve une nouvelle fois sans ses compagnons. Sa mâchoire est tombée dans les méandres de la déception, et d'un chagrin qu'il peine à contenir. Cependant, la colère se met à faire des siennes. Au sommet de la proue, en tailleur, ses nerfs se portent sur sa tante — qui malgré des retrouvailles émouvantes, font remonter des souvenirs douloureux.

Il revoit ses parents, et surtout ce qu'il a subi par la surprotection, la douleur et la confusion de la disparition soudaine. Ces émotions ressurgissent d'une brûlure. Il y a une montée de rancune, mais comment ne pas en vouloir au monde pour avoir été privé d'une moitié de sa famille — qui portent avec eux, le poids d'une grande souffrance.  Des liens se sont déchirés, d'autres distancés, et les pensées du neveu folichon s'expriment d'un murmure.

Regarde-toi Jack. Tu serais bien pathétique à attendre bien sagement qu'on te rende tes compagnons. Tu veux quelque chose ? Va le chercher.

Décidé à ce que la cheffe de Sparot morde la poussière par sa langue la plus tranchante et de ses mots les plus perforants, — il toque à la porte de ses appartements. C'était une petite porte dans la cale du bateau, où réside la grande chambre du capitaine. Une voix s'agace derrière :

— Oh mais qu'est ce qu'il y a encore !

Il ouvre alors la porte sans permission.

— Mais qui t'as dit que tu pouvais ouvrir sans permission !

— J'ai plus trois ans.

— Tu es mon bras droit, respecte la hiérarchie.

— La seule chose que je respecte, c'est ce que tu as fait pour moi, le reste, c'est sans moi. Je suis pas venu pour parler de pacotilles. Tu peux au moins avoir la décence de m'écouter ?

— Vas-y.

— C'est quoi cette histoire de code 2 ? On a fait quoi d'Arwan.

— Les règles ont changé mon petit gars. Désormais, il y a tout une organisation contre les déphasés. Ça fait un moment que t'étais pas venu hein ?

Arwan & JackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant