Je n'ai pas eu à faire beaucoup de route. L'adresse de cet homme mystérieux se trouvait au sud de mon canton, la seule difficulté que j'ai eue, c'était de trouver le bon chemin qui menait à lui, car le GPS m'avait emmené dans un village d'à peine cent cinquante âmes de l'oberland bernois et insistait pour me dire que j'étais « bien arrivée ».
Or, j'étais surtout perdue.
Je sortis de la voiture pour tenter de voir où je pouvais bien aller, mais je n'en avais aucune idée. Il n'y avait que deux chemins qui sortaient du village, l'un à l'ouest, qui s'enfonçait dans une forêt dense et l'autre plus au nord, qui ne faisait que monter dans les montagnes. J'aurais bien voulu demander mon chemin à un autochtone du coin, malheureusement, personne n'était dehors, et il n'y avait ni bar, ni quoique ce soit qui me permette de rencontrer des gens. Je vous laisse donc m'imaginer perdue dans un minuscule village dans les alpes bernoises à plus de mille cinq cents mètres d'altitude. Ce qui m'agaçait, c'était que je savais que j'étais proche du but, mais impossible de savoir le bon chemin à suivre. Vous me direz : « Pourquoi tu n'en testes pas un, et ensuite tu rebrousses chemin d'ici dix minutes si tu ne trouves rien? », si vous pensez ça, c'est que vous ne connaissez pas la Suisse profonde, et encore moins les alpes. On ne parle pas des montagnes bien aménagées pour les touristes comme à Gstaad, Zermatt ou Zweisimmen, on parle d'un endroit qui n'est que rarement entretenu. Personne ne passe par ici habituellement, quant aux habitants du village, ils ne quittent leur maison que s'ils y sont obligés, pour aller à l'hôpital par exemple. Les routes qui sortent de ce village sont étroites, une voiture y passe tout juste et il n'est pas possible de faire demi-tour à volonté, le sol autour de la route n'est pas plat, il est caillouteux et pentu. Notez également que les routes sont en piteux état, elles nécessitent qu'on y roule doucement. Je n'avais qu'une seule solution, sonner chez des gens pour leur demander de l'aide, et c'est là que j'ai remarqué une chose plutôt comique bien que très agaçante : le village était désert. Plus personne n'habitait ici. Comme d'autres villages de ce genre, les gens avaient déserté leur habitation soit pour des raisons économiques, soit écologiques. Depuis quelques années, les gens quittaient les montagnes pour s'installer en ville ou dans les campagnes en basse altitude. Je me suis résolue à boire un peu d'eau (j'avais pris une gourde pour le voyage) et à me dire que je devais tester les chemins à pied. Pas le choix. Je jetai la gourde dans ma voiture et je commençai à marcher sur le chemin au nord. Le soleil tapait fort, mais il faisait frais, c'était agréable, j'ai marché pendant une bonne heure avant de rebrousser chemin. Pas une habitation, rien. Cependant, je ne cessai de me demander si j'avais marché assez longtemps, si je n'aurais pas dû continuer... bref, je n'avais pas la conscience tranquille, au point que j'ai décidé de faire également l'autre chemin à pied, mais arrivée à ma voiture, j'ai eu une petite surprise. Une autre voiture était garée près de la mienne et dans un premier temps, je ne vis pas bien laquelle c'était. Mais en m'approchant, j'ai réalisé que c'était celle de Nolvine, et qu'elle attendait là, appuyée contre son véhicule. Je pensais que je serais en colère en la voyant, mais j'étais plutôt bouleversée, j'avais même un peu peur, car je ne savais vraiment pas quoi lui dire. Je n'avais pas envie de la voir, et je ne voulais pas lui parler. Je mentirais si je disais que je voulais me débarrasser d'elle, mais je n'étais pas à l'aise à l'idée de la voir. Cela ne m'a pas empêché de continuer à marcher, jusqu'à aller vers elle. Plus je m'approchais, plus mes sentiments s'entremêlaient. Je voulais la serrer dans mes bras et m'excuser, et en même temps la gifler et lui demander de s'en aller. Ma face sombre combattait ma face claire, cela ne faisait qu'empirer depuis que j'avais pris la décision de me venger. Lorsque je suis arrivée vers elle, j'ai vu qu'il y'avait un changement sur elle, désormais, la demoiselle avait des lunettes. Lorsqu'elle me vit, elle vint vers moi en marchant d'un pas lent. Elle avait attaché ses cheveux blonds et lisses, elle s'était joliment maquillée autour des yeux d'un noir qui se mêlait parfaitement avec ses habits de la même couleur. La monture de ses lunettes était en métal, de forme ovale et de couleur bruns foncée, elle lui donnait un air intellectuel qui allait bien avec son caractère. J'ai toujours trouvé que c'était une belle femme, mais là, ce petit plus la rendait vraiment jolie. En plus, elle s'était habillée plus « business » que d'habitude. Elle avait mis une chemise serrée et un pantalon de costard un peu serré lui aussi. Ses chaussures à talons courts la rendaient élégante et par rapport à moi, elle savait bien marcher avec. En même temps, elle n'était pas assistante de direction pour rien.
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L'ombre des puissants
Science FictionSuisse, fin du XXIe siècle. Stélina est une jeune adolescente pleine de vie et indifférente aux problèmes de la société qui l'entoure. Elle ne se rend pas compte qu'elle vit dans un monde de plus en plus déshumanisé, absent de toute morale et en pro...