« D'après son assistante parlementaire, "M. Züger a dû s'absenter d'urgence, suite à un problème personnel. Il a pris l'avion ce matin tôt en direction d'un pays asiatique, et ne compte pas revenir en Suisse avant un bon moment." M. Züger laisse derrière lui un siège au Conseil national vide, ainsi qu'une entreprise en Suisse portant son nom, sans directeur. » En lisant l'article, ces mots, que j'avais entendus à la radio il y a des années, sont soudainement revenus dans mon esprit.
Il y a sept ans environ, M. Züger, alors membre du PLR était tout en haut de sa vie. Il était à la tête d'une grande entreprise brassant des milliards, possédait une famille parfaite, il était riche, très influent, membre de plusieurs lobbys, fraîchement élu au Conseil national et était certainement un des politiciens les plus connus et appréciés dans le pays.
Puis, huit mois après son élection, vint ce départ précipité. Personne n'a jamais su pourquoi.
Mon instinct me recommanda de fouiller plus en détail, et je finis par trouver la raison dans un tout petit journal local du canton de Zoug, un journal distribué dans seulement cinq villages. Heureusement qu'ils mettaient leur édition en ligne. M. Züger avait été impliqué dans un grave accident de voiture cinq ans avant son élection. Tout était de sa faute. Il était saoul, avait fumé du cannabis et avait pris un peu de cocaïne. Il avait pris le volant et s'amusait à conduire à plus de deux cents kilomètres-heure sur l'autoroute en sens inverse quand il a percuté une voiture. À son bord, il y avait une femme et ses deux filles, qui rentraient d'une soirée au cinéma. En théorie, M. Züger aurait dû faire de la prison à vie, mais comme tous les êtres humains de son espèce, les « puissants » comme Nolvine aime les appeler, il n'a évidemment rien eu. Sauf que j'ai découvert que cette femme était apparemment mariée. Aucune trace cependant d'un quelconque témoignage de son mari ou autre, le néant complet. Je me demandai si le départ précipité de M. Züger cinq ans plus tard n'était pas tout simplement lié à cet incident. Et si le mari s'était vengé et avait réussi? Il fallait que j'en sache plus. Il me fallait donc son nom et son adresse et je devais être sûre et certaine qu'il s'était vengé avant d'aller le voir.
Il n'y avait pas trente-six pistes à suivre, nos médias publiant la plu- part du temps soit des mensonges soit des demi-vérités, je me dis que le nom de famille de la femme tuée avec ses enfants était faux, le seul qui devait les connaître, c'était le journaliste qui avait pondu cet article. J'ai trouvé une photo de lui à l'époque et je tentai de le rechercher à partir de cette dernière.
Le néant total, même sur les réseaux sociaux (je m'étais créé un faux compte).
Je finis par trouver une adresse... en France, en Bretagne plus précisément. Au départ, je me dis que je m'étais trompée, mais dans le doute, j'entrai quand même cette adresse sur différents sites et je finis par trouver une photo récente du bonhomme, et c'était bien lui. Que faisait-il en France? La seule façon de le savoir, c'était d'aller le voir. Comme c'était samedi, je pris ma voiture et je partis directement, je voulais en avoir le cœur net.
Dix heures de route, c'était long, je suis arrivée en début de soirée.
Lorsque j'ai sonné à sa porte, j'étais un peu nerveuse. Je ne savais pas vraiment quoi dire et en plus, c'était ma toute première démarche. Pensez donc à quel point j'étais stressée. C'était officiel, tout commençait là. Lorsque la porte s'ouvrit, c'est sa femme qui m'accueillit et ce fut... spécial. Elle semblait fatiguée et à bout, elle avait des cernes assez importants sous ses yeux et ses cheveux étaient tout ébouriffés. «
- Vous êtes qui vous?
- Eh bien je...
- Encore une de ses maîtresses?
VOUS LISEZ
L'ombre des puissants
Fiksi IlmiahSuisse, fin du XXIe siècle. Stélina est une jeune adolescente pleine de vie et indifférente aux problèmes de la société qui l'entoure. Elle ne se rend pas compte qu'elle vit dans un monde de plus en plus déshumanisé, absent de toute morale et en pro...