Chapitre 29 - Confrontation (partie 3)

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Steve arriva face à moi, et se tint debout, alors que je restais assise à le regarder avec un regard neutre, impassible et dénué de sentiment. Il était à quelques mètres de moi lorsqu'il s'arrêta, et me regarda, avec beaucoup de colère. Je lui souris légèrement, nous arrivions à notre toute dernière discussion. Lorsque je levai les yeux sur lui, j'étais toujours assise et j'effaçai mon sourire rapidement pour lui faire comprendre que c'était moi qui maîtrisais la situation, pas lui.

Pour la première fois de sa vie, il ne maîtrisait rien. «

- Surpris? dis-je, froidement.

- Pas vraiment, me répondit-il, nerveusement. La dernière fois que je t'ai vu, lorsque j'ai abattu ton ami, j'ai eu comme la sensation que je te reverrais. Je ne m'attendais pas à ce que cela soit si tôt, je dois l'avouer.

- Oui... c'est vrai. Je me suis demandée pourquoi tu ne m'avais pas tuée.

- Et qu'en as-tu conclu?

- Les preuves. J'avais encore mon boulot, j'avais un contact avec mon père, j'avais encore une place dans la société, ma disparition aurait soulevé des questions. Mais j'ai fini par tout abandonner, et là, je me suis dit que tu enverrais des gens s'occuper de moi, pourtant tu ne l'as pas fait.

- Pourquoi l'aurais-je fait? (Il regarda aux alentours)

- Tu cherches les deux sirènes?

- Comment tu...

- Oui. La secte de l'Ordre Noir, tu pensais que je ne connaissais pas son existence? Je pensais au départ que tu avais tué Carl pour défendre le monde des puissants, mais tu n'as pas vraiment apprécié qu'il fasse sortir l'armée pour te protéger à Locarno, hein? En fait, c'est la secte que tu protégeais, et à partir de là, tu as dû trimer pour ne pas attirer l'attention des puissants, qui te regardent avec suspicions depuis cet instant. Mais tu n'étais pas le seul politicien ce jour-là, et il leur manquait une preuve concrète. Tu as fait une belle erreur en ne tuant pas Züger. Quand il m'a parlé des sirènes, j'ai tout de suite compris pourquoi tu ne m'as pas tuée lorsque j'ai démissionné de ma vie sociale. Une sirène était près de moi dès le début, elle me surveillait, cherchait à s'approcher de Carl et à savoir ce qu'il avait trouvé sur la secte pour tout détruire. Nolvine... Quand j'y pense, c'est plutôt logique... une amitié n'était pas possible pour moi, et bizarrement, elle vient me parler alors que je suis froide, inamicale. Elle me trouve même gentille, me complimente, croit en moi. Et puis, elle a comme par hasard un rendez-vous chez le dentiste pile le jour où Carl sort de sa cabane, la seule fois depuis des années. Elle cherchait à se rapprocher de lui, et ça a marché, parce qu'elle est super jolie! Mais Carl était une personne détruite, déjà brisé par la société, alors elle s'est retrouvée face à un mur. Il a laissé deux lettres en réalité avant sa mort. Dans la deuxième, il ne s'est adressé qu'à moi seule. Il m'a dit qu'il était convaincu que la secte était autour de lui, et qu'il avait confiance en moi, en moi seule.

C'est là que j'ai commencé à avoir des soupçons, et ils se sont confirmés lorsque Züger m'a parlé des sirènes. Oh et je dois te le dire, ta sirène n'a pas pu le deviner, mais sache que j'avais déjà les coordonnées d'un puissant. Carl m'a décrit leur monde, leur code, leur façon de contrôler la société et à partir de là, j'ai compris qu'il me donnait les pistes pour trouver ceux qui n'étaient pas affiliés à la secte. En dehors de Züger et de ses connaissances, ton rival, Samuel Hofer, en fait partie. Il te tient tête politiquement pour faire croire qu'il est contre toi, mais en réalité, il te tient tête pour t'avoir à l'œil. S'il ne se doute pas de ta couverture et que tu fais partie de la secte, il sait que tu es potentiellement dangereux, être ton rival politique lui permet de te croiser plus souvent dans les coulisses du gouvernement. Il a été prévenu bien avant que Zéxane nous ramène Züger. Tu te demandes pourquoi personne ne vient t'aider en cet instant. Mais parce que tout est brouillé, il n'y a plus de réseau, plus de communications possibles, et la secte va tomber d'une minute à l'autre. Nolvine vient d'être livrée aux puissants et ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne parle enfin. Ils ne vont pas la torturer, ils vont simplement lui administrer un sérum de vérité, et tout tombera. À l'heure où je te parle, j'imagine même que le ménage a commencé.

- Bien... et toi? Pourquoi es-tu là?

- Pour toi. J'ai promis à Carl d'abattre la secte, mais il ne savait pas que Nolvine en faisait partie. J'y ai vu une occasion. Je la livre, et je te tue, car enfin, je vais pouvoir avoir ma vengeance.

- Tout ça pour ça? Tu veux juste te venger de moi, pour ce que je t'ai fait quand on était ado? Enfin Stélina, c'est stupide, je...

- Tu as gâché ma vie Steve! Tu as détruit mon corps, ma façon de penser et d'entrevoir les choses. Toute ma vie a été brisée, car tu m'as détruite! Un viol ce n'est rien? C'est pire qu'un meurtre Steve, et c'est encore pire quand son agresseur est admiré par le monde comme un héros! Ce n'est pas seulement toi contre moi, le criminel contre la victime, le jour contre la nuit. Je suis toutes les victimes de viols, d'agressions et de harcèlement sexuels, je suis toutes celles qui ont été détruites par les ordures de ton espèce. Tu n'as même pas conscience du mal que tu as fait, ni même le recul nécessaire pour essayer d'y réfléchir. Je suis la destruction, la vengeance, la haine personnifiée, le monstre que tu as crée! Et je vais te détruire Steve, toi, symbole de tous ces violeurs intouchables et ces criminels en liberté. Tu vas mourir et je serai heureuse de te voir partir dans d'atroces souffrances! Le monde n'ira pas mieux, cela ne changera pas la face de la société, mais la justice ne peut être juste que par une seule loi pour ce type de crime : œil pour œil, et dent pour dent. C'est une loi universelle, une parole que l'on retrouve dans la Bible, une loi qui parle à tout le monde, et la seule qui me permettra de consoler celle qui continue de pleurer à l'intérieur de moi.

- Tu n'as pas la puissance nécessaire pour me battre. Je suis bien plus costaud, fort, et habile que toi. Si tel est ta volonté Stélina, soit. Battons-nous. Mais tu vas énormément souffrir.

(Je me suis levée lentement, me préparant à le combattre)

- J'ai peut-être moins d'heures d'entraînement que toi, mais j'ai une volonté féroce de te tuer, là où toi, tu ne chercheras qu'à faire ton devoir. »

Steve enleva sa veste de costard et retroussa ses manches, prêt à en découdre.

Le tonnerre se mit à gronder, la pluie commença à s'écraser sur nous. Elle avait beau être froide, elle ne nous brisa pas, et ne fit que sécher sur ma peau réchauffée par la colère. Après un dernier regard de défiance, Steve et moi avons engagé le combat, où les coups les plus durs et violents furent échangés. Ainsi démarrait la dernière étape de mon plan : tuer Steve.

L'ombre des puissantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant