Chapitre 25 - Les guerrières de l'ombre

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En attendant le retour de Zéxane, nous rangions la maison et reprenions les entraînements. Carl avait tout noté : les techniques de combat, son régime drastique pour être le plus en forme possible et même des astuces pour éloigner les insectes de son jardin naturellement. En rangeant, nous étions tombées sur ses notes et des photos de sa famille, cela nous a faits tout drôles. On a essayé de se débrouiller du mieux que l'on pouvait avec ce qu'on avait. Nolvine et moi passions l'essentiel de notre temps à courir, s'entraîner, se battre, tester de nouvelles techniques. Nous avions appris à tirer avec des armes, fait beaucoup de musculation. Sur le temps qui nous restait, nous cuisinions, entretenions le jardin (avec un succès relatif), et dormions. Le soir, entre vingt-deux et vingt-trois heures, nous avions l'habitude de parler de nous, après avoir lu le petit livre de médecine que Carl nous avait demandé d'apprendre par cœur.

Nolvine était déterminée à s'en aller et à rester ici; rien que de penser à retourner à l'usine dans quelques jours, cela la rendait malade et colérique. Son regard avait changé, elle avait le même que le mien dorénavant. Sombre, noir, comme si elle était en permanence en colère, et en voulait à la société en général. Elle ne s'y sentait plus à sa place et si elle voulait s'isoler ici à vie, c'était pour ne pas s'avouer qu'elle désirait tout faire exploser. Quant à moi, j'étais encore plus déterminée qu'elle et encore plus remplie de haine que d'habitude. J'avais un sentiment d'échec qui me fit me sentir faible, et je détestais ça. Désormais, je me haïssais autant que je haïssais Steve, et j'étais très dure avec moi-même. Tant que je ne vomissais pas, je continuais à m'entraîner. Mes pensées se focalisèrent sur le moment où j'allais me retrouver face à mon agresseur, en position de force. J'ignore pourquoi il nous avait laissées en vie. J'ai pensé dans un premier temps que c'était parce qu'il voulait nous faire comprendre qu'il était plus fort, mais après coup, je me suis dit que peut-être, il y'avait autre chose, j'allais sûrement le découvrir plus tard.

À la fin de nos vacances, Nolvine et moi démissionnions de notre travail ensemble et le jour même, nous n'y retournâmes plus jamais (même si normalement, on aurait dû y être encore trois mois). On s'en fichait, de toute façon, on ne voulait plus faire partie du monde et nous estimions que nous n'avions plus de comptes à rendre à personne. Nous allâmes dans nos appartements chercher des affaires auxquelles on tenait, mettions tout dans des sacs et partions pour de bon. En passant, nous postions une lettre pour mettre fin à nos bails respectifs, mais la réponse nous importait peu. C'était fini.

Adieu le monde, adieu le mode de vie routinier, adieu les gens superficiels et peu intéressants, adieu les divertissements pervers et abrutissants...

Adieu, sans rancune.

On s'était accordé le jour même une pause, afin de boire notre dernière bouteille de champagne et fêter cela. Nous allions prendre grand soin de ce cadeau que Carl nous avait fait, et étions prêtes à le défendre. Le notaire avait pris note que nous étions les propriétaires et comme Carl avait tout payé, nous n'avions pas de loyer à assumer ni de dette à rembourser. Nolvine et moi avions fermé nos comptes et retirer tout notre argent, et là, elle me fit remarquer que nous avions sûrement dû attirer l'attention de Steve et ses sbires. Notre comportement était suspect. Je lui ai répondu que pour moi, ils devaient nous avoir à l'œil depuis le jour où ils ont tué Carl, c'est pour ça que Zéxane se tapait le sale boulot. Elle, ils ne pouvaient pas la suivre, et ils ne devaient pas savoir que l'on cherchait Züger. Le reste, on allait s'en charger. Le lendemain, nous reprîmes notre rythme de vie habituel, entraînement, et tout le reste. Ceci pendant deux mois.

Zéxane avait fait long. Un soir, nous nous étions endormies l'une près de l'autre sur le canapé, épuisées, après une dure journée pendant que nous lisions. Toutefois, Zéxane était revenue et fit du bruit, à mon avis exprès pour nous prévenir de sa présence, et là, elle nous fit la surprise de revenir accompagnée de... Züger en personne. Il était vieux, pas très en forme et était terrifié. Face à nous, il comprit très vite qu'il était en terre hostile.

L'ombre des puissantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant