L'ombre des puissants

Chapitre 27 - Confrontation (partie 1)

Steve était en direct sur le plateau télé de l'émission infrarouge . Il était seul, car il était un invité spécial. Sur l'heure d'émission, la moitié était consacrée à des intervenants externes, libres de prendre la parole pour interagir avec lui. J'étais assise derrière lui, dans une robe noire moulante, avec un décolleté plongeant et un dos ouvert. C'était une robe très sexy, cependant si ma coiffure était très travaillée, je n'étais pas maquillée. Steve ne m'avait pas vu, car j'avais fait en sorte de baisser la tête à chaque fois qu'une occasion se présentait où il pouvait me voir. La première partie de l'émission se passa bien pour lui. Il fit rire la foule, se mit en avant, et fit de longues phrases de politicien, pleines de roses et de nuages blancs, pour divertir la jeune militante excitée par la moindre parole de cette ordure. D'ailleurs, je n'ai pu m'empêcher de remarquer dans le public près de moi deux jeunes jumelles, avec des cheveux noirs et lisses. Elles étaient très belles, propres sur elles, et maquillées à la perfection. Visuellement, je dirais que leur âge ne devait pas être plus haut que dix-sept voire dix-huit ans. Si je les ai remar- quées, c'est parce qu'elles ne regardaient pas Steve de la même manière que d'autres militantes, elles semblaient plutôt le surveiller. J'en ai conclu que c'était certainement des « sirènes » comme Züger les appelait.

Tant mieux, la secte était donc là.

Vint le temps, enfin, où une personne pouvait faire signe et poser

une question à ce jeune politicien, plein d'entrain et de motivation pour « rendre le pays meilleur », lui qui était considéré comme « la personne la plus influente du pays ». Habituellement, infrarouge invitait des conseillers fédéraux voire le président du pays pour une émission spéciale, mais là, c'était un conseiller national sous les feux des projecteurs, cela montrait son importance.

Après avoir fait signe pour lui poser une question, l'animateur me proposa d'aller m'asseoir face à lui plutôt que de prendre le micro, ce que j'acceptai, évidemment. Quand je me levai, je ne cessai de fixer Steve, bien que je jouai le jeu face à la caméra, en paraissant sympathique aux yeux des téléspectateurs. Steve joua le jeu aussi, mais je le connaissais assez pour savoir qu'il était très embarrassé et surpris de me voir venir lui faire face, sur un plateau de télévision, en public, sans même laisser transparaître un sentiment de peur.

Car je n'avais pas peur, au contraire.

J'étais blindée, forte, et la Stélina qu'il avait connue n'était pas celle qui lui faisait face en cet instant. Lorsque je me suis assise, il n'a pu que constater que je n'étais pas là par hasard. L'animateur m'invita à prendre la parole pour lui poser une question, et là, un dialogue à

double sens a commencé. «

- Monsieur Valen, dis-je d'une voix douce, j'ai constaté que vous n'aviez jamais pris position sur le débat actuel qui agite le pays, celui concernant l'autorisation de se marier pour les couples polygames, polyandrie et polyamoureux. Je me demandais ce que vous en pensiez, vous qui êtes membre d'une association qui défend ce type de couples.

- La réponse est dans la question, mademoiselle...?

- Pourtant personne ne vous a jamais vu dire publiquement que vous étiez favorable à ces unions. Pourquoi? »

Steve resta calme, bien qu'il se contienne d'exploser de colère, ce que personne ne vit, sauf moi. Derrière ma question se cachait en réalité une menace. Je venais de lui demander d'avouer ce qu'il cachait, et il l'avait bien compris. Il esquiva mon attaque, comme un bon politicien.

«

- Je crois que mes actes parlent d'eux-mêmes, mademoiselle. De plus, ce n'est pas mon rôle de juger ce que les gens font dans leur lit. Je suis pour toutes formes de liberté, si l'État peut contribuer à étendre celle-ci en reconnaissant leur union, alors j'y suis favorable.