Lorsque nous rentrâmes dans le canton de Berne, nous fûmes arrêtés par la police à environ vingt-cinq kilomètres de chez Carl. Celle-ci nous expliqua qu'il y avait eu une chute de pierre sur la route et nous désigna un contournement à suivre. Carl le prit, et pendant cinq minutes, nous roulâmes tranquillement. Il en profita pour prendre la parole, d'un ton plus doux que d'habitude. «
- Je sais ce que vous pensez de moi. Je ne vous ai pas giflée parce que vous m'avez désobéi, je l'ai fait parce que dans le cas où on nous aurions été repérés, je voulais créer une scène de ménage digne d'une violence conjugale afin que le tireur qui nous regardait, s'il y'en avait un, soit gêné et détourne le regard. Je ne vous déteste pas les filles, je suis désolé si j'ai fragilisé la confiance que vous commenciez à nourrir à mon encontre. J'aurais aimé... mais bon, peu importe. Dans la boîte à gant, il y a une clé. Elle sert à ouvrir le coffre qui est enterré dans le fond de ma cave. Il y a un tapis bleu marine avec un rond jaune géant à l'endroit où il se trouve. D'ici là, restez bien calme et ne prenez cette clé que si c'est nécessaire. Zéxane possède votre numéro, elle vous contactera.
- Pourquoi vous nous dites tout ça? dis-je, d'une voix surprise. Vous pensez qu'on va vous abandonner?
- Eh bien...
- Carl quand même... on... qu'est-ce qui se passe? »
Devant nous, un nouveau barrage de police avec quelques pompiers et une ambulance nous barrait la route. Le policier nous demanda de nous garer sur le côté et de patienter, le temps d'un contrôle de papier. Ils étaient à la recherche d'un criminel. Apparemment, des méfaits avaient été commis dans la région. Carl se gara, arrêta le moteur et nous adressa un regard un peu vide à chacune de nous. Il nous dit d'une voix faible de rester dans la voiture et que cela n'allait pas prendre longtemps. Il prit ses papiers et sortit. Lorsqu'il ferma la portière, une forte détonation retentit, et nous vîmes Carl tomber, une balle dans la tête. Aussitôt deux policiers nous sortirent de force et nous donnèrent des coups de matraque pendant plusieurs secondes. Une fois que nous fûmes bien amochées, le visage en sang, faibles et en mauvais état, nous vîmes arriver devant nous... Steve. Il était habillé tout de noir, cheveux relevé en arrière et dans une tenue impeccable, entouré de policiers et de pompiers. Tous étaient évidemment des mercenaires, des soldats ou je ne sais pas quoi. Mais ce qui est sûr, c'est que ce n'était pas de vrais policiers, ambulanciers ou autres. Steve s'agenouilla face à moi et me tira les cheveux pour soulever ma tête afin que je le vois. «
- Stélina. Alors, on a essayé de m'abattre? On veut se venger? C'est mignon, mais tu ne sais pas à qui tu te frottes. D'ailleurs, quelle magnifique beauté tu es devenue, j'en profiterais volontiers si je n'avais pas un emploi du temps si chargé.
- Je te tuerai, ça, je t'en fais la promesse.
- Trop mignon, tu es en colère. J'en tremble de peur.
- Ces bombes ne t'étaient pas destinées.
- Ben voyons, j'ignore comment tu t'y es prise pour les poser, mais je peux t'assurer que tu m'as mis en colère. Ton ami, mari ou je ne sais pas ce qu'il représentait pour toi, est mort! Que cela te serve d'avertissement. Maintenant, mes services t'auront à l'œil. Si tu oses encore n'émettre qu'une syllabe de mon nom, ou si tu essaies de suivre mes traces, je t'élimine, toi et ta copine, est-ce que c'est clair?
- Pourquoi tu ne le fais pas maintenant? C'est ta dernière chance avant que je ne m'occupe de toi.
- Stélina... ma pauvre, si tu savais.
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L'ombre des puissants
Science FictionSuisse, fin du XXIe siècle. Stélina est une jeune adolescente pleine de vie et indifférente aux problèmes de la société qui l'entoure. Elle ne se rend pas compte qu'elle vit dans un monde de plus en plus déshumanisé, absent de toute morale et en pro...