Je finis par retourner en haut des escaliers, Nolvine zappait sur différentes chaînes, à la recherche de contenu intéressant. Je n'avais toujours pas pris de décision, et face aux flots de bêtises qui jaillissaient de la télévision, j'avais de la peine à réfléchir convenablement. Nolvine continuait à zapper à un rythme régulier. Environ toutes les trente secondes, elle changeait de chaîne, sans vraiment réagir aux contenus navrants qui défilaient devant elle. Je me mis derrière elle, debout derrière le canapé, et je regardais ces différentes émissions d'un air hagard.
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La première que je vis, ce fut un groupe d'adolescentes surexcitées, habillées de manières très vulgaires et portant des couleurs fluorescentes, s'engueuler à propos de je ne sais pas quoi. Mais en tout cas, le sujet était peu important. Tout ce que je puis vous dire, c'était qu'il y avait deux groupes l'un en face de l'autre, qu'il y avait un paquet d'insultes, et que pour finir, l'une d'entre elles a mis la main sous sa mini-jupe, a sorti un tampon plein de sang et l'a jeté sur le groupe d'en face. Cela a fini en crêpage de chignons général. Nolvine a zappé, en soupirant.
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Sur la chaîne suivante, il y avait une politicienne bien habillée, avec un pantalon de costard noir, une veste de costard de la même couleur, et en dessous un t-shirt violet qui la serrait beaucoup, laissant entrevoir la pointe de ses seins, avec un logo féministe: un poing levé, au milieu du symbole des femmes, avec écrit en grand au-dessus « mort au patriarcat. » Mais elle ne parlait pas du droit des femmes ou de féminisme, elle parlait de nourriture. Elle était très en colère et ne laissa pas le journaliste en face d'elle l'interrompre. Son discours était assez... dans la ligne du temps. « Moi je pense sincèrement que les gens devraient plus penser à leur patrie. Il y a des gens qui votent extrême droite au nom du patriotisme, mais ces gens font-ils quelque chose pour notre pays? Eh bien non, ils n'achètent pas local, pas bio, rien, ils prennent de la nourriture importée, haïssent les étrangers et ne répandent que la haine. Ces groupes, dirigés par des hommes blancs cisgenres et racistes, n'ont de respect pour personne et ne font que distiller la haine. Moi, j'achète local, bio, et j'encourage l'agriculture responsable et suisse. Nous devons lutter contre le réchauffement climatique et empêcher ces gens de détruire davantage la planète. On devrait rendre obligatoire l'achat de nourriture bio et suisse, même si elle est beaucoup plus chère. Alors je sais ce que vous allez me dire : comment vont faire les gens qui ont peu d'argent et ne peuvent pas se permettre d'acheter bio? Eh bien moi je vous le dis : qu'ils se débrouillent, quitte à manger une fois par jour. C'est pour leur bien et pour leur santé, alors, je sais... ce n'est pas politiquement correct de dire ça, et on va dire que je suis méchante! Mais moi je pense à notre pays, et à nos paysans, j'en fais un mode de vie et je... »
Nolvine changea de chaîne, de nouveau en restant de marbre.
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« VIOLENCE EXTRÊME! ATTENTION AUX PERSONNES SENSIBLES ET CARDIAQUES, CE N'EST PAS POUR LES MAUVIETTES » nous dit une voix off d'homme qui nous hurlait dessus, avec un écran noir où il est écrit en rouge ce qu'il raconte. S'ensuit une vidéo où on voit un jeune faire du skateboard, se prendre un mur, et tomber. Voilà.
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La chaîne suivante concernait de nouveau un politicien. Sauf que cette fois le discours était différent.
« Oui, les étrangers sont la plupart du temps la source de tous nos malheurs, très peu d'entre eux s'intègrent, je n'ai pas honte de le dire! Ils viennent chez nous avec leur bagage culturel contraire aux nôtres et veulent changer tout ce qui ne leur plaît pas. Ils violent nos femmes, nos enfants, s'en prennent à notre religion, nos cultures, et veulent imposer leurs lois et le modèle de leurs cultures d'origine qui les ont conduits ici. Moi je n'ai pas peur, je le dis haut et fort : on a un problème avec l'immigration, et les gauchistes sont responsables de la plupart des crimes commis chez nous, car complices de ce système antipatriotique. Je pense que, pour le bien des vrais Suisses... »
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L'ombre des puissants
Science FictionSuisse, fin du XXIe siècle. Stélina est une jeune adolescente pleine de vie et indifférente aux problèmes de la société qui l'entoure. Elle ne se rend pas compte qu'elle vit dans un monde de plus en plus déshumanisé, absent de toute morale et en pro...
