L'ombre des puissants

Chapitre 21 - L'attentat de Locarno

« Prenez une semaine de congé à partir de lundi qui vient, nous allons devoir partir. Zéxane m'a fourni ses premières observations et je me dois de vérifier quelque chose. » Tels étaient les mots de Carl au téléphone un soir de semaine après le travail. Il avait ensuite appelé Nolvine pour lui dire la même chose, et ce, sans répondre à aucune de ses questions. Nous étions surprises, mais obéissions, au grand dam de notre directeur qui n'était pas très content — de toute façon, il n'aimait jamais quand nous prenions congé.

En fin de semaine, quand nous sommes allâmes chez Carl, celui-ci semblait préoccupé, bien que content de nous voir. Après nous avoir offert un café, il nous invita à nous asseoir au salon et nous expliqua de quoi il retournait. Le premier rapport de Zéxane était arrivé. Steve Valen était très bien gardé, trop même. Il n'existait pour le moment aucune faille qui pouvait me permettre de l'isoler, de l'approcher ou de l'attaquer. Cette nouvelle me fit un choc, si bien que ma respiration commença à s'accélérer. Carl en rajouta une couche en nous expliquant que Züger n'était pas aussi connu que Steve, et qu'il était très attaché à sa famille, des failles, il y en avait plein dans sa situation. Il conclut en nous disant clairement que pour l'instant et d'après ces trois premiers mois d'observation, il n'y avait aucun espoir.

J'étais anéantie.

Voyant que j'étais à deux doigts de craquer, Carl s'empressa de préciser qu'il y avait un « mais ». Cette semaine, il avait discuté longuement avec Zéxane et les deux étaient d'accord pour dire que la sécurité autour de Steve était très intense, c'était... surprenant. De plus, lors des événements publics, cette même sécurité s'évaporait pour mieux s'installer ailleurs, tels des tireurs d'élite sur les toits, et faire croire que Steve n'avait pas vraiment besoin d'agents de sécurité tout autour de lui, car il était apprécié. Alors sur le fond, il n'était pas le premier à envoyer ses agents à des endroits stratégiques pour ne pas qu'ils le gênent durant les événements publics, mais lui semblait mieux protégé, comme si une armée veillait sur lui. Et ça, Carl nous précisa que cela l'inquiétait beaucoup, et qu'il fallait qu'il vérifie quelque chose. Cependant, il ne nous dit pas pourquoi sous prétexte que s'il se trompait, ce serait nous alarmer pour rien.

Carl nous expliqua ce qu'il prévoyait: « Lundi, sur la Piazza Grande à Locarno, Steve devra faire un discours d'ouverture sur l'inauguration de la rénovation complète de la vieille ville. Il sera présent sur scène, sa sécurité sera autour de cette dernière et il y aura des tireurs embusqués sur tous les toits qui surveilleront la foule, ainsi que chaque mouvement. À ceci, il faut également souligner que la rue sera fermée et qu'il y aura des caméras partout. Mais tout est prévu. »

Zéxane et Carl avaient passé la semaine à fabriquer trois bombes qui exploseraient sur demande de Carl. Ils devraient être en communication permanente. Zéxane avait réussi à dissimuler les bombes à des endroits qui feraient certes, peur, mais qui ne tueraient personne. Le but de ces dernières serait d'effrayer Steve sans le mettre en danger, afin de voir quelle était la sécurité réelle autour de lui et à quel point il était protégé. Sur le moment, je trouvais ça bizarre, mais Carl nous précisa qu'il avait ses raisons. Pour en revenir à la situation, Nolvine, Carl et moi serions dans une chambre d'hôtel donnant directement sur la Piazza Grande et nous aurions vue sur Steve. On observerait la scène, mais il faudrait se tenir prêt, car si un agent interceptait nos communications ou s'ils nous entendaient, nous devrions nous défendre. En principe, cela ne devrait pas arriver, mais... voilà. Carl nous demanda si nous avions des questions. Après un instant de silence pesant, Nolvine, timidement, en posa quelques-unes. «

- Comment Zéxane a-t-elle réussi à poser les bombes sans se faire remarquer?

- Ça, vous lui demanderez à l'occasion, elle m'a dit que cela ne fut pas un problème. J'imagine qu'elle a réussi à s'infiltrer parmi la sécurité.