Chapitre 12 : Nouvelle saison - partie 3

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     Après avoir prévenu les autres, et sans protestation de Syvanna, nous nous étions mis en marche. Arrivé Place du Marché au Blé, nous arpentions les allées du campement qui se structuraient de mieux en mieux au fil des semaines. Un réseau de voies piétonnes s'organisait en toile d'araignée avec pour épicentre le pôle des services publiques (sécurité, secours, municipale). Soudain, je fus alerté par une certaine effervescence autour de la tente des communications. J'indiquai du doigt à Vanessa la direction à prendre. Nous nous retrouvâmes bloqué par un mur de dos encerclant le stand. Je tendis l'oreille et essayai de décortiquer les différents sons. Des crachouillis et des bribes de conversations amplifiées par une enceinte connectée à la radio me parvinrent. Je me tournai euphorique vers mon amie.

— Quelqu'un communique avec nous par radio !

— Super, glapit Vanessa indifférente.

— Mais tu ne te rends pas compte ? C'est le premier lien avec l'extérieur de la ville depuis la cata.

— C'est peut-être un mec dans un quartier voisin qui a retrouvé un talkie-walkie en état de marche.

— Pff, toujours aussi défaitiste...

— Ça me tuera !

— T'as qu'à rester là, faut que je rentre dans le tas pour écouter ce qu'il se dit.

— Fais-toi plaisir.

Je baissai la tête jusqu'aux hanches des individus qui me faisaient barrage, je rentrai les épaules et me faufilai jusqu'au premier rideau. Je m'extrayai de la mêlée comme un bouchon de champagne. Quatre conseillés et le chef de la sécurité s'agglutinaient autours de l'opérateur radio manipulant constamment la molette de l'appareil pour régler au mieux la réception.

— ... aque quartier s... organisé en camps... la plus p... des parkings souterrains et ... centres commerciaux en sous-sol ont été reconditionnés en esp... dortoirs... crachait l'enceinte du transistor.

— Paris ! il parle de Paris, demandai-je surexcité à mes voisins.

— Ouais mec ! ferme là qu'on entende ce qu'il se dit !

J'acquiesçai et fermai tout de suite mon bec.

Le conseillé avocat colla sa joue à celle de l'opérateur pour parler à son micro-casque.

— Quels sont les dégâts chez vous ? La zone d'impact doit ressembler à un cratère lunaire.

— Cruishhh... cruiiiii...

— Allo, vous m'avez entendu ?

— Oui, bien reçu... Je ne sais pas quoi répondre... La zone 0 ne ressemble pas du tout à ... 'on pouvait s'imaginer...

— Comment ça ?

— Pas de cratère, pas de trous, aucun renfoncement, aucu... déformation... la zone est complètement plane... nettoyée de tout, bâtiments, véhicules, mobilier urbain.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— La zone d'impact qui a pour centre la place de la concorde, sur un rayon de cinq cents mètres ressemble au lac salé américain de Bonneville, si vous voulez...

— Un lac salé ?

— Comme si vous aviez soufflé sur une plaque de verre recouverte de farine...

Abasourdi, le conseillé se tut et se releva. L'opérateur reprit l'entretien.

— Quelle arme à bien pu provoquer ce type de dommage ?

— Aucune connue de nos servisssss... 'ous n'en avons aucune idée. Sssssss... qui est sûr, c'est que ce n'est pas une bombe nucléaire, ou sale. La radioactivité serait même plus basse que la moyenne à cet endroit.

Chaos³Où les histoires vivent. Découvrez maintenant