Chapitre 15 : Le téléphone providentiel - partie 1

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CHAP. 15 : Le téléphone providentiel

     Le repos de cette nuit avait été salvateur, sûrement une des meilleures depuis la cata. Pour me dérouiller les articulations, je jouais quelques instants à la balle avec les enfants du foyer. Vanessa aidait Elvige à passer du café moulu et de l'eau bouillante à travers un linge dans un bocal faisant office de cafetière. Voici un acte simple de tous les jours qui était devenu une galère à réaliser aujourd'hui. On se brûlait les doigts, on en mettait plus parterre que dans la tasse. Des grains non filtrés rendaient le liquide sableux sous la langue. Un coup, la texture du café pouvait être sensiblement équivalent à du mare (à l'italienne) ou un autre coup, elle était quasi translucide, ce que l'on appelait plus communément ; un jus de chaussette (à l'américaine). Fred et Fab finissaient de rouler leur duvet et de les ranger dans leur sac à dos, avant de venir échanger quelques passes avec les enfants. Quand le café fut prêt, selon l'estimation des femmes, mes amis en ingurgitèrent un petit gobelet. N'étant pas amateur du liquide noir, je me contentai d'une gorgée d'eau minérale. Le temps s'était encore rafraîchi. Nous fermions jusqu'en haut du col, la fermeture éclair de nos polaires, durement acquis au Decathlon®. Malheureusement, nous n'avions pas trouvé de gants à cette saison de l'année. Voilà encore quelque chose à ajouter à notre liste de course du bon survivant. Robert revint à son domicile de fortune accompagné des invités de la soirée d'hier.

— Cette nuit vous a-t-elle apporté de bons conseil pour votre projet ? Demanda le responsable politique.

— Pas du tout, avouai-je. J'ai dormi comme une souche sans discontinuité.

— Nous n'avons pas pris le temps de nous concerter, dit Fred.

— Oh, vous voulez peut-être que l'on vous laisse encore un peu de temps entre vous ? Proposa Robert.

— Non, non, pas la peine, notre décision était déjà prise hier soir.

— Ouais, Mic est un mec précoce. Pas dans tous les domaines, j'espère, se moqua Vanessa.

— Merci Vaness'. Notre objectif principal d'un point de vue géographique est l'épicentre de la cata ; Place de la Concorde. Boulogne-Billancourt est sur notre chemin et juste à côté. Nous allons passer par votre mairie, pour voir si par une incroyable chance nous trouvons votre téléphone.

— Bien, c'est ce que nous attendions, dit monsieur le maire. C'est pour cela que je vous propose l'aide de Kylian, mon plus jeune conseiller municipal.

— Et votre seul collaborateur survivant, précisa Kylian.

— Oui, peut-être. Enfin bref, il vous guidera jusqu'à l'hôtel de ville et saura se repérer dans les décombres et il sait à quoi ressemble le téléphone.

— Merci beaucoup Kylian. Nous acceptons avec plaisir votre coup de main, dis-je.

— Vous n'avez pas trop le choix jeune homme. Si découverte du portable il y a et que sa réparation est possible, mon statut de maire est prioritaire pour lancer une communication. Et je suis le seul à avoir le code d'accès.

— Hum, sachez que nous ne reviendrons pas sur nos pas si nous le trouvons, fit remarquer Vanessa. Nous irons d'abord jusqu'à notre objectif avant de repasser vous voir.

— Dans ce cas, Kylian reviendra seul pendant que vous poursuivrez votre route.

Je pris discrètement la main de Vanessa pour l'adjurer de ne pas répondre. Miracle, cela marcha.

« Mince, faudra que l'on trouve un moyen de lancer l'appel sur place sans l'accord de ce type » pensai-je.

— Pas de problème, monsieur le maire.

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