Chapitre 13 : Une décision irrévocable - partie 2

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     Avant de tracer la route, je tenais à revoir Jacques Fellow, le responsable de la sécurité du camp principal de réfugiés de Mantes. A notre passage, il se trouvait au stand du poste de surveillance. Visiblement satisfait de ma présence, il me salua d'une puissante poignée de main qui me broya les phalanges.

— Bonjour, Monsieur Toucour !

Mes amis me lancèrent un regard circonspect. Je dandinai de la tête genre ; « je vous expliquerais plus tard ».

— Eh, salut M'sieu Fellow. Je vous présente une partie de mes compagnons de route ; Vanessa que vous avez pu apercevoir la dernière fois, Fab et Fred.

— Bienvenue les jeunes ! Alors tu as eu le temps de penser à ma proposition ?

— Oui M'sieur, mais j'ai un autre projet qui servira aussi la communauté mantaise, je pense.

— Ah oui ?

— Nous partons pour Paris !

— Oh, oh, que voilà une jolie mission !

— Nous comptons rapporter un maximum d'informations et d'aides de la capitale. Et je vais tenter de retrouver la base militaire. Si j'y arrive, je vous transmettrai un message par le biais de leur radio.

— C'est ambitieux, mais aussi très risqué. Tu sais que tes chances de trouver un bunker militaire à la position géographique classée secret-défense et rempli de ce qui reste de l'élite dirigeante de notre nation, sont extrêmement faibles.

Sa réparti m'avait sommairement sapé le moral sur le coup. Vanessa s'avança d'un pas décidé.

— Nous y arriverons monsieur !

— Une femme à poigne à ce que je vois.

— Un mec dans toute sa splendeur à ce que je constate.

Un sourire embarrassé et craintif marqua mon visage que je fis admirer à Vanessa.

— Bien, je vois que vous êtes motivés, préparés et dynamiques, continua Jacques Fellow nullement contrarié. Attend deux secondes, je t'en prie.

M. Fellow se tourna et regagna la tente du poste, s'accroupit et ouvrit une cantine en métal marron. Il y fouilla quelques instants. Il en sortit un objet enveloppé dans un chiffon blanc et deux petites boites. Il revint vers moi et me les déposa dans les mains. L'objet d'une vingtaine de centimètre à peine, apparemment léger vu de loin, pesait en fait assez lourd (à peu près deux kilogrammes).

— Qu'est-ce que c'est ?

— Déballe-le très discrètement.

— Un pistolet ?

— Oui, allez recouvre le, et planque le dans ton paquetage.

— Mais je ne sais pas m'en servir. Je n'ai jamais touché à...

Vanessa me prit fermement l'arme et les boites de munitions des mains et la glissa dans la grande poche de son sac à dos.

— Merci Monsieur Fellow, gratifia Vanessa.

— Mais monsieur, les armes à votre disposition pour votre sécurité doivent être rares.

— Nous en avons quelques-unes, ne t'inquiète pas. Considère ton périple comme mission diligentée par le conseil municipal et de sécurité. A ce titre, tu as le droit d'avoir de l'équipement pour assurer votre devoir.

Ce type me prenait vraiment au sérieux ou je me trompais ?

— Merci, nous essayerons d'en faire bon usage.

— Faite bien attention à compter vos munitions. Vous avez douze balles dans le chargeur et vingt-quatre balles dans les boites. Surtout tenez l'arme à deux mains au moment du tir si vous ne voulez pas vous déboiter l'épaule et tirer n'importe où, et n'oubliez pas le cran de sécurité à l'arrière.

— Ok.

— Bien, nous comptons sur vous. Je vais informer le conseil de votre départ.

Nous n'étions pas venus voir M. Fellow pour ça, mais maintenant nous avions du répondant en cas de menaces.

En fin de matinée, nous arrivâmes à l'embranchement de l'autoroute A13 ; un axe à trois voies de circulations dans chaque sens de circulation. La largeur totale de la route faisait une trentaine de mètres. Cela faisait immense en tant que piéton. La vitesse de circulation en voiture, entre 110 et 130 km/h donnait une impression plus étroite de la route. Nous avions l'air minuscules et perdus sur cette bande interminable de macadam. Elle était jonchée d'épaves balayées sur le toit, sur le flan, contre le terre-plein central ou contre les rails de protection latéraux, ou les unes contre les autres. La vision de cette perspective me submergea, me déséquilibra.

Vanessa posa sa main en visière sur son front comme pour améliorer sa vue.

— Et bah, on n'est pas arrivé, les gars !

— Au moins on ne sera pas ralenti par les bouchons, ironisa Fred.

— Ni flashé pour excès de vitesse, continua Fab.

Mes amis essayaient de détendre l'atmosphère pour dédramatiser le défi qui se présentait devant nous.

— Ecoutez, il encore temps de retourner au camp pour ceux qui le veulent, annonçai-je.

— Et puis quoi ? Passer pour un con et un faible, gronda Vanessa.

— Notre décision est irrévocable, Mic. Avec Fred, nous avons reparlé de notre choix, de peser le pour et le contre.

— Oui, ça été mûrement réfléchi. On est tous avec toi, et nous avons hâte de découvrir ce que Paname nous réserve.

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