Chapitre 05 : Soirée au clair de lune

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CHAP.05 : Soirée au clair de lune

     Les ruines se découpaient derrière le soleil baissant dans une lumière sanglante. Nous devions arrêter nos recherches pour aujourd'hui. Nous n'avions même pas réalisé la moitié du programme prévu, mais peu importe il nous fallait reprendre des forces. J'observais le petit miracle de cette catastrophe ; le pont urbain intact qui joignait la ville à l'Ile aux Dames. J'étais licencié au club de tennis, situé sur l'île depuis dix ans, autant dire que je connaissais les infrastructures par cœur. Selon la disposition des bâtiments, j'avais bonne espoir que les vestiaires et le bar soit encore dans un état correct.

« Je propose que l'on passe la nuit au club de tennis sur l'Ile. Nous devrions y être tranquille et à peu près confortable, dis-je.

— T'es sûr de ton coup ? Me demanda Karl. Les bords de l'Ile sont sûrement inondés.

Il n'avait pas tort, je n'avais pas pensé à ça.

— Peut-être !

Surtout les vestiaires en sous-sol, pensais-je.

— Mais le club house est en hauteur, rassurai-je.

— S'il ne s'est pas envolé dans la Seine, continua Karl.

— Allons voir, intervint Syvanna.

— Ne doit-on pas trouver à manger d'abord ? Se plaignit Édouard. J'ai la dalle.

— Il y a de la bouffe et des boissons dans ton club house ? Demanda Romain.

— Oui, en espérant que ça ne soit pas enfoui sous des décombres, marmonnai-je.

J'avais de plus en plus de doute sur mon idée. J'essayais de ne pas le montrer sur mon visage. Notre petit groupe montait les marches accédant au pont. Arrivé sur le tablier du pont, je m'aperçus que la construction n'était pas si intacte que ça. Il manquait la voie de circulation faisant face à la vague de mort. Elle était tombée à l'eau. Nous avions parcouru la moitié du chemin. Un camion était couché sur le flan, collé et retenu par la barrière du pont. Sa remorque était crevée et dégueulait des marchandises. Attiré par son flaire de gourmand, Édouard accouru vers l'épave. C'étaient des denrées alimentaires, des conserves en majorité. Édouard cria un hourra. Nous le rejoignions. Chacun prit tout ce qu'il pouvait. Seule Cindy, toujours amorphe, se contentait de fixer du regard notre cueillette de nourriture. Le camion en travers de la route coupait quasiment le passage du pont. Il restait un accès d'à peine un mètre surplombant le vide.

« Ne devrions-nous pas changer de plan et choisir un autre refuge, s'inquiéta Chris sujet au vertige. Nous avons de la bouffe maintenant.

— Pas de problème mon gars, ça passe large ! Assura Karl.

Fallait-il prendre ce risque ? Je n'en étais pas très sûr. Je me rapprochai de la cabine et observai sa liaison avec la remorque. Il y avait suffisamment d'espace pour se faufiler entre les deux.

— Pas besoin de prendre le risque de la chute ! Ici ça passe.

Chris soupira de soulagement et retrouva le sourire. L'impétueux Karl était déjà passé de l'autre côté du véhicule par l'étroit rebord du pont. L'un après l'autre, accroupi, nous passions entre la cabine et la remorque, et sous le système d'attelage suant de graisse. En se relevant, nous avions le dos visqueux et noir.

— Bon sang, c'est dégueulasse ! S'apitoya Vanessa.

Syvanna essaya d'essuyer le dos de Tania, mais elle ne fit qu'étaler le gras sur le sweat de sa sœur. Elle remua la main vigoureusement pour évacuer le liquide gluant sans succès.

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