Chapitre 25 : Retour à la maison - partie 3

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     La nuit était quasiment tombée.

« Bon ce n'est pas tout ça, mais on va décoller, prévint Marina.

— Oh oui ! j'ai trop hâte d'arriver et de faire la misère aux garçons, s'excita Vanessa.

— Les pauvres, eux ils ne doivent pas avoir hâte de revoir le monstre, se moqua gentiment Fred.

— Plait-il, le maigrichon ?

— Non rien, tu es mignonne quand tu es menaçante. C'est comme ça que je t'aime... Enfin non... Qu'on t'aime !... Nous tous... Tous ensemble... Tout le groupe... Enfin tu vois quoi ?

— Tu es bizarre comme mec.

— Que je t'aime, entonnai-je.

— Ta gueule, Fil de Fer, gronda Vanessa.

Notre amie faussement en colère sortit de la cabine pour entamer sa mission de vigie des flots. Fred me proposa de retirer les oreillers pour que je me rallongeasse. Je déclinai. Je n'étais pas si mal dans cette position semi-assise, même si cela me tirait un peu dans le dos. Mais j'avais assez dormi comme ça. Je ne voulais plus rien rater jusqu'au débarquement chez nous. J'avais tellement envie de participer à la navigation, mais je me faisais une raison sur mon incapacité physique. Je commençais à réaliser ma chance d'être encore en vie. Une balle... Deux coups de couteaux... Ma mère serait là, elle me dirait : « Tu vois j'avais raison de te remettre entre les main de Dieu ! » Ma mère était une protestante convaincue. Peut-être avait-elle raison sur ce coup-là.

Fred vint prendre de mes nouvelles. Mais en fait, c'était moi qui voulais savoir comment il allait.

« Nous n'avons pas eu le temps de parler de toi. Tu tiens le coup ?

— Oui, impec' ! Depuis que nous t'avons retrouvé, je pète la forme.

J'hésitais à poser une question primordiale à mon ami sans le replonger dans la tristesse. Mais il fallait que je lui posasse.

« Le corps de Fab, vous l'avez retrouvé ?

Mon ami inspira profondément.

« Oui. Tu connais Vanessa maintenant, elle n'a pas arrêté une seconde de gueuler et saouler les militaires pour qu'ils aillent le récupérer. Quand un des gradés a perdu l'usage de l'ouïe de son oreille droite, il a cédé et envoyé quatre homme à l'extérieur. L'Ultra-défense avait déserté les lieux... Une balle avait sectionné la jugulaire. Il s'est vidé instantanément de son sang.

Le souvenir de moi baignant dans son sang remonta douloureusement à la surface.

« Il a été incinéré dans un four crématoire improvisé.

— Merde, merci vieux. Vous ne l'avez pas laissé pourrir dehors.

— Il était hors de question qu'on laisse Fab se faire bouffer par les rats.

— Oui... Oui... C'est bien... Comme ça. Maintenant, il faut que nous vivions avec son absence.

— Il est là, dit Fred en pointant ma poitrine de son doigt.

— Et là !

Je fis de même en pointant le front de mon ami de mon indexe.

La navigation nocturne se déroula sans encombre. Au niveau de Meulan, nous tombâmes sur un pont entièrement effondré, mais la Seine était suffisamment profonde pour que le bateau puisse se faufiler en son milieu, sur les consignes de Vanessa munie d'une perche pour tâter les profondeurs. Toutes ses précautions nous prîmes du temps. Je craignais que nous ne puissions pas arriver à destination avant le lever du soleil. Cela se confirma quand nous arrivâmes au niveau du vieux pont en poutres d'acier en deux parties à Gargenville. Comme à Mantes celui-ci enjambait deux bras de la Seine qui formait l'île de Rangiport. Marina avait pris le chemin le plus rectiligne mais fut stoppé par l'édifice complètement effondré qui semblait flotter à la surface. Le mikado d'UPN en acier dressé hors des flot tel un cornet de frites bloquait le passage sur toute la largeur. Marina activa la marche arrière, si on pouvait dire ça comme ça, pour emprunter l'autre bras de Seine. Malheureusement la situation se compliquait, là aussi cette autre partie du pont était complètement affaissée dans les eaux. De plus, les premières lueurs du jour pointaient à l'horizon. Marina et Vanessa à la proue observaient consciencieusement les dégâts. Marina pointa du doigt un passage plausible. Elle donna ses instructions à Vanessa sur le maniement le plus précis possible de la perche. Marina retourna à la barre. La péniche étant vide de toute marchandise, sa coque plate s'enfonçait d'à peine un mètre et demi sous sa ligne de flottaison. Marina manœuvrait avec délicatesse vers la cible qu'elle s'était fixée. Elle progressa avec une extrême lenteur. Vanessa piquait les fonds constamment et soudain elle se retourna vers le poste de pilotage le regard paniqué mais ne dit pas un mot. Un affreux bruit de frottement métallique grinça sur la coque. Puis s'arrêta aussitôt. L'UPN incriminé avait cédé et s'était couché sur le fond. Le navire continua à glisser sur l'eau et dépassa l'obstacle. Fred s'engouffra dans la cale et en ressortit quelques minutes plus tard le pouce dressé vers le haut à l'attention de Marina et Vanessa. La coque n'avait pas été déchiré et aucune voie d'eau ne s'était manifestée. Le soulagement se lisait sur tous les visages.

Il restait à peu près dix kilomètres à parcourir. L'impatience était à son comble et nous décidâmes de continuer jusqu'au bout malgré la naissance du jour. Nous prîmes le risque de se faire repérer et d'attirer l'attention des curieux. Nous ne pouvions plus attendre. L'excitation, la tentation étaient trop forte. Revoir notre famille, le plus important. 

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⏰ Dernière mise à jour : May 12 ⏰

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