Chapitre 07 : La course à l'équipement - partie 2

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     Le soleil flirtait avec l'horizon. Même si nous nous en doutions fortement, il était à présent clair que nous ne pourrions pas rentrer à l'house club avant la nuit noire.

— Faut qu'on trouve un abri pour la nuit.

— Oui Mic et avant la nuit, nous n'avons pas de lumière, continua Fred.

— Mais quels blaireaux nous sommes ! nous n'avons même pas pris un des briquets pour allumer un feu, s'exclama Vanessa.

— Il y avait peut-être des lampes torches dans le magasin ? S'interrogea Fab. Je peux y retourner.

— Non, trop de risques, il va faire trop sombre, dis-je.

— On pourrait demander à un de ces groupes de partager leur camp autours de leur feu, proposa Syvanna.

— Et ils voudront certains de nos duvets en échange, contesta Vanessa. En plus l'annonce de l'acte de Karl n'a pas dû se faire attendre. Ces gens étaient peut-être de son entourage et seraient peut-être en train à nous planter pendant notre sommeil.

C'était dur à entendre, mais elle n'avait pas tort.

— Je pense qu'il faut qu'on s'éloigne de cette zone pour ne prendre aucun risque de vengeance quelconque.

Nous nous éloignâmes et marchâmes environ un kilomètre vers le nord de la zone commerciale. Karl pointa du doigt sur notre droite un petit camion frigorifique couché sur le flan. La remorque blanche n'était ni déformée, ni trouée. Nous approchâmes du fourgon relativement intact. Karl saisit les poignées des portes de la remorque et tira fort sur le système d'ouverture. Après un effort exténuant, les poignées d'accès cédèrent. La porte la plus proche du sol pivota sur ses charnières et claqua à terre par pesanteur. Karl repoussa l'autre porte et la fit tourner jusqu'à ce qu'elle reposa sur le flan libre de la remorque. Aucune marchandise, le camion était vide et idéal pour y loger. De plus, la bonne fortune nous souriait à nouveau ce soir, des petites lampes s'étaient allumer automatiquement dans la cabine à l'ouverture. Le circuit de ses ampoules était encore branché à la batterie du véhicule malgré le renversement de celui-ci. L'éclairage doux durerait un petit moment. Après tout, cela ne faisait que trois jours que cette batterie n'avait pas fonctionné. Nous nous abritâmes tous et l'espace était suffisant pour nous six. Nous n'avions plus d'eau et pas pris à manger. L'activité de cette soirée était donc très réduite, à part se regarder dans le blanc des yeux. La nuit était tombée, la lune encore bien pleine éclairait un peu l'environnement autour du camion. Fred et Fab étaient sortis se détendre les jambes.

Je brisai le silence pesant.

— Et si on essayait les duvets ?

— Oui pourquoi pas, encouragea Syvanna. Je vais aussi étendre les fringues qu'on a choppé pour les faire sécher. J'ai hâte de virer ma jupe pour un pantalon de survêt'.

— Tu devrais essayer une des paires de chaussures aussi.

Vanessa en débardeur avait attrapé un des sweats, tâté pour contrôler son humidité, jugé que c'était assez sec et enfilé. Elle remonta la capuche sur la tête et s'allongea sur un duvet qu'elle avait déroulé au préalable.

— Mic, vient voir, m'interpella Fab assis sur la remorque.

Je m'extirpai de la cabine et rejoignis mes deux potes contemplant le ciel étoilé.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Regarde ! demanda Fab en pointant du doigt le ciel.

Un point jaune très éclairé, à forte altitude traversait à vive allure la voie lactée.

— Un satellite ? Proposai-je.

— Non, tu rigoles ! tu as vu à la vitesse qu'il va, se moqua Fab.

— Une étoile filante ?

— Non, ce n'est pas un astre naturel et il n'y a pas ce long panache caractéristique derrière, informa Fab.

— Un avion, alors ?

— Vu l'altitude, ça parait aller trop vite pour un avion, dit Fred.

— Un chasseur de l'armée ?

— Peut-être, mais pourquoi il serait seul ? Normalement, il vole en escadrille.

— Oui, minimum deux.

— C'est peut-être le seul rescapé, concluais-je.

Karl intervint subitement dans notre conversation.

— Ou une soucoupe volante ? Un OVNI ?

Nous nous regardâmes circonspects sur le camion. J'étais prêt à éclater de rire sur le coup, mais voyant la mine réfléchie de mes amis, je ravalai ma moquerie.

— Ça à l'air con comme proposition au premiers abords, mais vu les circonstances exceptionnelles de ces derniers jours, pourquoi pas, dit Fred.

— Tu n'es pas vraiment sérieux quand tu dis ça ?

— Et se prendre la fin du monde sur la gueule, ce n'était pas sérieux ça, Mic ? adjura Karl.

— Oui, c'était hors norme. Ce qui a provoqué cette catastrophe était hors de notre compréhension. Alors oui, pourquoi pas, repris Fab.

Après un sourire sarcastique, je m'éjectai de mon assise sur la remorque pour retrouver la terre ferme.

— Vous débloquez les gars ! Je pense qu'on a tous besoin de se reposer et de dormir.

— Ok, comment on organise les gardes ? demanda Fred.

— Bah comme je crois que tu n'as pas fini d'étudier les extra-terrestres qui survole notre espace aérien, je te propose de prendre la première.

Je lui lançai la montre de Moïse.

— Très drôle !

— Dans deux heures Karl, puis moi pour finir. Je pense que six heures de repos seront suffisantes. Nous pourrons rentrer plus tôt au club house.

Fred était resté à son poste de garde sur la remorque surplombant le secteur commercial. Vanessa s'était déjà assoupie sur son duvet. A côté d'elle, Syvanna s'était quant à elle enveloppée entièrement dans le duvet. Seule sa magnifique chevelure tressée ... (Fallait que j'arrête d'être constamment baba face à elle) ... dépassait. Je me faufilai insidieusement entre Syvanna et Fab avec quelques poussettes des fesses et m'installait dans mon sac de couchage. Karl resta assis un long moment au bord de la remorque. Avant de sombrer dans le sommeil, je perçus des sanglots étouffés de mon ami. Avoir ôté la vie l'avait bouleversé plus qu'il ne le laissait paraître.

En tout cas, quelqu'un, quelque chose nous avait survolé. La situation allait peut-être s'améliorer en fin de compte. Des extraterrestres ? Quels cons ! et puis quoi encore...

Chaos³Où les histoires vivent. Découvrez maintenant