Chapitre 25 : Retour à la maison - partie 1

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Chapitre 25 : Retour à la maison

     La douleur perçante me réveilla. Mon dos était en feu. Les effets anesthésiants de la morphine avaient disparu. Il faisait jour. Nous étions à l'arrêt à couvert sous les branches d'un saule pleureur dont le tronc avait poussé en oblique vers l'humidité nourrissante de la Seine. Je grimaçai, et émis des petits gémissements qui alertèrent Vanessa assise à proximité. Elle se pencha au-dessus de mon ventre.

« T'as mal ?

— Je douille sa mère ! putain de merde !

— Fais chier, on a complètement oublié de demander d'autres doses de morphine.

— Y a pas une bouteille de whisky ou un truc bien fort à bord ? Faut que je plane à nouveau, j'ai trop mal.

— Mic, à part sur les plaies ouvertes, l'alcool n'a aucun effet apaisant. Et de toute façon, le bar a été dévalisé.

— Merde !

— Et ça ne va pas te plaire, mais je vais être obligé de te tourner pour changer les compresses et voir l'état de tes blessures.

— Vas-y, avec un peu de chance, je vais retomber dans les vapes.

Vanessa agrippa mon épaule et lentement me mit sur le côté. Ma prédiction se réalisa et je m'évanouis aussitôt.

Ces phases de sommeil et de conscience étaient perturbantes. J'étais perdu dans le temps. Combien de temps avais-je été inconscient ; cinq minutes, une heure, une matinée ou après-midi d'ailleurs, une journée ? Je tournais la tête et constata que Vanessa était demeurée à mon chevet.

« Te revoilà. Va falloir rester éveillé maintenant, mauviette !

— Je voudrais t'y voir la dure à cuire.

Les douleurs étaient toujours là, mais moins fulgurantes que tout à l'heure.

« Les cicatrices ne sont pas sèches et commencent simplement à crouter, mais les contours sont rosés normalement. Il ne semble pas y avoir d'infection. Faut attendre que ça se referme pour être définitivement sûr qu'il n'y en aura pas. Les petits bras frêles de cette connasse n'ont pas planté si profondément finalement.

— Je n'ai pas fait d'hémorragie ?

— Non, tu serais mort si c'était le cas, couillon !

— Oui, c'est vrai. En tout cas, merci de t'occuper de moi.

— Ne me remercie pas. J'ai plutôt intérêt à te ramener vivant à la maison. Je ne veux pas subir le courroux de Syvanna.

Je ne pus retenir un rire qui contracta douloureusement mes plaies.

« Putain, ne me fait pas rire, connasse.

— Ça va, tu retrouves de l'entrain.

— C'est ça. Bon, je suis complètement perdu là. On en est où ?

— On a navigué toute la nuit et on est à peu près à la moitié du chemin. On a mouillé sur une berge d'une île à Medan.

— On n'a pas été bloqué par un pont écroulé ?

— Non, on a du bol sur ce coup-là. On a croisé que des édifices intacts ou partiellement effondrés. En plus, notre péniche est un petit gabarit, et Marina la dirige au millimètre d'une main de maître.

— Tu t'entends mieux avec elle, on dirait.

— J'avoue, elle est très compétente dans son domaine.

— Et j'ai l'impression que vous avez un peu le même caractère.

— Moui, peut-être. En tout cas, si tout se passe bien, nous avons encore une nuit de navigation et on devrait arriver au petit matin sur notre île. J'ai trop hâte.

— Vanessa ?

— Oui ?

— J'ai envie de pisser. Tu peux m'aider à...

Vanessa me regarda ébahi. Elle se tourna et mit sa main droite sur sa joue en porte-voix.

« FREEEEED ! Tu peux venir s'il te plait.

Mon ami accourut dans la cabine.

« Quelque chose ne va pas avec Mic ?

— Non, on ne peut pas dire ça, mais Micaël a besoin de ton aide pour se lever et lui tenir la zigounette pour pisser dans un pot.

— Tu déconnes ?

Vanessa se leva et tapota l'épaule de Fred avant de se diriger vers le pont.

« Je vous laisse les filles. Et gaffe à ne pas rouvrir tes blessures.

Je ne pus pas me lever. Cela faisait trop mal. Ma chair meurtrie tiraillait affreusement. Fred réussit à me tourner sur le côté au bord de la couchette. Je n'eus pas besoin de l'aide de mon ami pour uriner dans une bassine posée au pied du lit. Tout le liquide n'atteignit pas le réceptacle.

La voix de Vanessa parvint du pont.

« FREEED ! Vérifie la couleur de sa pisse !

Fred souleva la bassine et me la présenta.

« Jaune, comme de la pisse normale.

— Ok, les reins n'ont pas été touchés. Tu ne vas pas crever de ça, assura Vanessa.

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