Le soleil de mes nuits, Lune & soleil Tome 1

Chapitre 21

Nino

« Je t'aime Nino Guevara »

« Je suis tombée amoureuse de toi »

« Je t'aime » c'est le nom de ce séisme, de celui qui m'a chamboulé. Quelqu'un m'aime, moi. Non pas quelqu'un, Ella m'aime. J'aurais voulu lui hurler que moi aussi je suis fou d'elle plus rien ne sert de le nier, depuis que je l'ai perdu de vue à la soirée j'ai cru mourir d'amour. Elle a tout chamboulé chez moi mon cœur ne pense qu'à elle, mon corps entier la désire, veut être proche d'elle et mon âme est sienne. Elle est venue tout bousculer et je comprends maintenant pourquoi elle est « ma force et ma faiblesse ». Mais je n'ai rien répondu et je me déteste pour ça. Et dire qu'elle espère que moi je guérisse de mes maux alors qu'elle vient de se faire séquestrer par ce malade.

J'ai passé la nuit à la surveiller ne pouvant dormir. Si je fermais les yeux je voyais les mains de ce sale type sur elle. Elle a fait un cauchemar, rien d'étonnant et je l'ai réconfortée comme j'ai pu. Elle a dormi des heures par la suite et s'est réveillé dans mes bras en début d'après-midi. Elle est assise sur le fauteuil du salon face à la mer mais depuis son réveil elle ne me regarde plus dans les yeux.

Le problème avec des filles aussi brisées qu'elle c'est que mille morceaux sont à recoller et si on se loupe juste sur un morceau tout est à recommencer.

— Tu veux sortir prendre l'air ? lui demandé-je en train de faire couler un café.

Elle se retourne et croise mon regard, ses yeux marqués de cernes me retournent le cœur. Je sais que je vais devoir me rattraper mais c'est plus dur que ce que j'aurais imaginé.

— Je veux bien mais j'ai froid, répond-elle.

En fin mai il est loin de faire froid, au contraire la chaleur est étouffante. Elle a froid car elle est épuisée et encore apeurée je le vois dans ses yeux alors je vais lui chercher une couverture. Je l'entoure autour d'elle et la relève pour lui faire face.

— Ella tu sais..., j'essaye de parler mais les mots se figent au bout de ma langue.

— Je n'aurais pas dû, avoue-t-elle en prenant le chemin du jardin, je ne veux pas te presser.

Et elle me sourit, un sourire timide mais sincère qui réchauffe mon cœur glacé depuis hier. Nous restons là tous les deux assis sur les transats face au soleil et à la mer. Avec elle je n'ai pas besoin de parler et c'est aussi agréable parfois.

Une semaine maintenant que nous sommes sortis de ce cauchemar et une semaine que je ressens ce malaise. Ella dort mieux mais toujours proche de moi, j'ai repris le travail.

Il faut dire qu'elle m'a ordonné de bouger d'ici. Elle m'a demandé de lui confier des « missions » qu'elle peut faire depuis la maison. Selon elle, elle a besoin de travailler et de faire autre chose que de penser. Tony est sorti de nos vies mais pas de nos esprits. Elle a reçu un appel de son frère jumeau et même si j'étais réticent elle m'a rassuré. Son jumeau avait aussi subi la violence de son frère et il ne se parlait plus depuis des années. Elle l'a connu et le considérait comme son frère avant de le perdre de vue. Je sais que ça lui fait du bien de l'appeler alors je la laisse faire. Je suis au bureau et depuis deux heures j'imagine comment lui parler, ce soir je dois lui dire. Le fait de rester dans ce mutisme nous impose une distance que je ne supporte plus. Hier elle a essayé de se rapprocher de moi et j'ai eu peur. J'ai peur de la toucher et de la blesser mais j'ai aussi envie d'elle encore plus chaque jour. Elle m'a supplié de ne pas la voir autrement que ce qu'elle est : une femme et non une victime. Elle veut reprendre là où on s'est arrêté et je dois lui dire ce que je ressens pour y arriver.