Chapitre 34

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Gabriella

La haine n'a fait que grandir en moi. Semaine après semaine, jour après jour. J'ai été malade une semaine après notre dernier échange et depuis j'ai perdu sept kilos. Bye ma taille 40/42 et bonjour la taille 38. Encore un peu et je vais pouvoir piquer les fringues en 36 d'Elena.

L'écœurement qu'il a laissé en moi s'est transformé en dégoût et je traine ma peine jour après jour. Je ne mange presque plus, même Elena a lâché l'affaire. Je ne manque pas de sortir régulièrement, avec eux ou mes collègues, je bois pour oublier et danse toute la nuit.

Je n'arrive à supporter la douleur qui me ronge que comme ça, la faisant taire une partie de la nuit.

Ce soir c'est le grand soir, l'inauguration du Nyx. Matty m'a ramené trois magazines qui en parlent. Les photos de Nino se ressemble, il est droit ne renvoie aucune émotion et son regard est dur. En les voyant je me rappelle les recherches sur lui que j'ai faite avant de travailler à ses côtés et l'impression qu'il m'avait renvoyé à l'époque. C'est la même impression qu'il me donne aujourd'hui. Pourtant lorsque je le vois mon index vient longer la photo, il me manque à en crever même avec tout le mal qu'il me fait.

— Cette robe est faite pour toi, dit Matty les yeux grands ouverts admiratif.

— Merci, je réponds en me regardant dans le miroir.

Il m'a coiffé et maquillé mieux que je ne le ferais moi-même. Je porte une robe rouge qui je le pressens ne va pas me faire passer inaperçu. C'est Matty qui sera à mon bras ce soir, il a un costume bleu marine et il est beau comme un Dieu lui aussi.

Je souffle une dernière fois, même si j'ai envie d'y aller pour l'affronter je sens le stress grandir en moi. J'ai cette boule au ventre qui ne veut pas partir. J'en ai la nausée, comme si je n'avais pas assez vomi ces derniers temps.

Il faut dire qu'en buvant autant je m'en donne la peine.

— Ne t'inquiète pas ça va bien se passer, me dit Matty pour m'encourager, si c'est trop on se casse mais pense aux verres gratos.

Il rit avec moi, lui il est bien heureux de sortir en ma présence. Plusieurs soirs il ne rentre pas seul et je dois mettre un coussin sur mes oreilles pour ne pas l'entendre avec ses partenaires.

Je l'envie de s'envoyer autant en l'air. J'en ai envie mais je n'y arrive pas. Souvent quand on sort je sens des regards sur moi. Certains passent la barrière du regard et viennent me parler mais aucun de ceux-là ne me donnent envie d'aller plus loin. C'en est lassant à force, je bois parfois un verre avec des hommes mais chaque fois c'est pareil. Aucun n'éveille rien en moi. Dire qu'une personne a réussi à m'allumer l'âme et qu'il a réussi à la détruire du même regard. Ce regard qui m'envoutait, celui qui savait me déshabiller avant même que ses mains ne retirent mes vêtements. Ce regard où j'ai cru voir un véritable amour un jour.

Nous arrivons dans une immense allée. Des tonnes de gens sont là et des photographes attendent devant l'entrée. Je me tiens au bras de Matty pour ne pas trébucher avec mes talons hauts dans les graviers. Un photographe se retourne vers nous.

— Eh mais ce n'est pas la femme qu'on avait vu avec Nino l'année dernière ? crie-t-il.

Aussitôt tous se retournent pour nous mitrailler, je bute contre le bras de Matty en reculant et il m'empêche de tomber.

— Elle a un nom je vous signale, lance-t-il énervé mais flatté d'être photographié, c'est Madame Gabriella Ferragni accompagnée.

La salle est magnifique, la décoration élégante et raffinée. Tout est blanc et doré avec une touche de rappel d'une idée qui a germé il y a bien longtemps lors d'une réunion. Tout le monde s'est revêtu de sa plus belle tenue. Une silhouette s'approche de moi et me salue.

— Gabriella, mais je ne savais pas que tu serais là, lance Dany enjoué.

— Dany, réponds-je étonnée de le revoir après tout ce temps, ça me fait plaisir de te recroiser.

— Et moi donc, je te présente ma femme Anne-Lise.

La femme s'avance et me tend la main, Matty se présente tout seul comme un ami et nous échangeons quelques minutes. Il me demande ce que je deviens et pourquoi je suis partie, il aurait aimé me garder un peu plus longtemps.

Un frisson me parcourt tout le corps, je peux sentir son regard. Quand je regarde derrière Dany je le vois. Ses yeux sont plissés sur moi, son expression féroce.

Un point pour moi Nino, la partie ne fait que commencer. Il est dans son costume noire avec une chemise blanche. Je vois qu'il chuchote à l'oreille d'Andrew sans me quitter des yeux. Andrew se tourne et il me voit, ses yeux s'écarquillent. Nino s'avance d'un pas avant d'être retenu par la main d'Andrew qu'il pose sur son buste. Il lui murmure quelque chose à l'oreille et les deux hommes disparaissent dans un couloir derrière eux. Je ne pensais pas que le revoir me ferait autant de mal, je sens la nausée remonter alors que je n'ai bu qu'une coupe de champagne. Je prends le bras de Matty et nous tire vers la sortie. Je manque d'air et j'ai besoin de partir d'ici. Il presse le pas et nous marchons vite le long de l'allée.

— Respire Bella respire, j'entends sa voix mais mes oreilles bourdonnent.

Je me penche pour vomir. Matty me tient les cheveux et je recule ma robe pour ne pas la tacher.

— C'était une mauvaise idée, viens je te ramène, propose-t-il.

Comment je pouvais penser que c'en était une bonne.

Je l'ai tellement détestée de ne pas me laisser une chance de m'expliquer. Dire que je me suis rendue chez lui après notre retour de vacances pour lui parler. J'étais prête à tout lui dire, plus rien ne comptait. J'ai laissé sa place à Ania, je lui ai laissé du temps et même avec tout ça il me revenait, chaque fois. Je voulais lui dire que j'étais prête à comprendre pourquoi il ne m'avait rien dit à lui pardonner le fait qu'au début il voyait encore Ania. Je n'ai eu le temps de placer qu'une phrase puis j'ai vu Ania sortir. Prise de haine de les voir ensemble sous mes yeux j'ai menti à propos de Felipe. Comment a-t-il pu me reprocher que quelque chose se soit passé avec lui alors qu'il a fait un enfant à une autre. Il doit penser que je suis encore avec Felipe, s'il savait qu'au contact de son corps contre moi je l'ai supplié d'arrêter. Matty conduit ma voiture, même ça je n'en ai pas l'envie. Je regarde la lune briller dans le ciel et les étoiles autour d'elle.

Comment on en est arrivé là ?

Comment l'amour peut laisser place à une haine pareil ?

J'ai vu tant de mépris dans son regard et le fait qu'Andrew le retienne me confirme qu'il ne venait pas me saluer.

Est-ce qu'il aurait été capable de me mettre dehors ?

Après tout je suis venueuniquement dans le but de la provoquer, et égoïstement pour le voir car malgrétout il me manque. Quelle ironie

Le soleil de mes nuits, Lune & soleil Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant