Chapitre 14 - Andrew

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Sa détresse me touche plus qu'elle ne devrait, comme le jour de notre rencontre. Cette femme toute entière me touche. Sa peine, sa douleur, son fardeau, sa douceur, son sourire, son rire, ses yeux, sa bouche, tout. Elle s'est calmée il y a un moment déjà mais sa prise sur mon pull ne se relâche pas. J'imagine qu'elle doit se sentir honteuse d'avoir montrer ses faiblesses face à moi. Mon portable vibre, je le sors sans la lâcher.

— Lola dort depuis une bonne heure. Tu devrais aller la retrouver, tu es épuisée, je lui souffle après avoir lu le message de ma mère.

Elle hoche la tête sans un mot et essuie ses yeux. Son maquillage a coulé, elle ressemble à un petit panda. Petit panda bien trop sexy auquel j'ai envie de faire des choses peu catholique! Ca lui redonnerait peut être le sourire qui c'est ? N'importe quoi! Je dois arrêter de voir Carter, il déteints sur moi c'est affligeant! 

J'ouvre la porte et la laisse passer, ses yeux fixent ses chaussures et nous descendons jusqu'à sa chambre en silence. Elle déverrouille la porte, ma mère tout sourire nous accueille avant de découvrir le visage de Nina. Je secoue la tête la suppliant silencieusement de ne pas faire de commentaire.

— Je crois qu'elle s'est bien amusée, murmure t elle. Elle s'est endormie il y a un peu plus d'une heure. Elle n'a pas voulu aller dans le lit et a préféré la banquette, je ne sais pas pourquoi mais je n'ai pas voulu insister.

Je souris face à l'attention de cette petite fille, même si je ne partagerai pas son lit ce soir. Je n'ai plus qu'à espérer que Kim ait conclu avec le mec du bar. Ma mère s'éclipse en nous laissant seuls. Nina va border sa sœur et je me dirige vers la porte en silence. Je m'apprête à l'ouvrir quand elle m'interpelle.

— Tu ... tu peux dormir ici si tu veux. 

Sa voix fluette tremble légèrement. Mon cerveau fait un tour à 360°, analysant les options qui s'offrent à moi. Mon palpitant s'agite n'aidant pas à prendre une décision saine. N'attendant pas ma réponse, elle s'enferme dans la salle de bain. Je sors, me change dans ma chambre, Kim dort déjà. Son parfum, son corps, tout me dégoûte et rester une seconde de plus ici me donne la nausée. Mais c'est surtout la proximité qui m'attends avec Nina qui m'attire.

Je frappe doucement à leur porte et attend de longues secondes. Je finis par croire qu'elle ne m'ouvrira pas quand finalement la poignée s'abaisse. En silence, je rentre dans sa chambre et la suis jusqu'à son lit. Tendue, elle se glisse sous les draps sans bouger. J'aimerais dire quelque chose pour la rassurer, la détendre, lui redonner confiance mais rien ne vient. A l'image de mon père, je ne suis pas un beau parleur. Chez nous, les hommes Turner agissent avant de parler et la seule chose que je trouve à faire c'est de poser mes mains autour de sa taille pour l'attirer contre moi. 

Crispée, elle se laisse tout de même faire. Je cale mon nez dans sa nuque, son dos contre mon torse. J'aime son odeur et la douceur de sa peau. En y cherchant bien, je me demande ce que je n'aime pas chez elle. Même son t-shirt MyLittlePony me plaît. J'aimerais tellement qu'elle comprenne dans cette étreinte que je ne lui veux pas de mal, qu'elle peut se laisser aller avec moi, que je veux la soutenir, être la pour elles, qu'importe la place qu'elle décide de me faire dans leurs vies. Mais rien ne sort, alors je la serre un peu plus et son corps se détend enfin entre mes bras. Sa main vient se poser sur la mienne et nos doigts s'entrelacent comme si nous l'avions déjà fait mille fois.

Le matelas bouge et je sens qu'on me grimpe dessus. J'ouvre un œil et souris en apercevant la mini miss qui fronce ses adorables sourcils. Je me détache à contre cœur de Nina qui dort encore. Lola à cheval sur moi me toise avant de croiser ses bras pour me demander le plus sérieusement du monde.

— Tu es amoureux de Nina? 

— Euh ... Non, je marmonne.

— Alors pourquoi tu lui fais un câlin?

— Excellente question. Je peux te répondre après un ou deux cafés? 

— On ne se défile pas jeune homme.

J'éclate de rire en l'entendant reprendre cette expression que sa sœur doit souvent lui dire. Nina se tourne vers nous, son bras sous sa tête elle me regarde un sourire timide aux lèvres.

— Je vais avoir besoin d'aide, je l'implore.

— Tu te débrouilles avec elle. Moi, ça fait 8 ans que je dois répondre à des questions plus farfelue les unes que les autres, se moque t elle.

— Et toi tu es amoureuse de lui? demande Lola.

Je plonge mes yeux dans les siens la défiant de répondre. 

— Non! Je vais prendre une douche.

— Lâcheuse, je cris alors que je l'entends rire en fermant la porte de la salle de bain. 

C'est avec un petit koala sur le dos que je descends aux côtés de Nina prendre le petit déjeuner. Mes parents sont déjà là et mon père me jette un regard amer alors que je rigole avec les filles. Ma mère lui tapote la main pour le détendre. Son comportement m'exaspère et mon regard noir ne le dissuade pas de me faire une morale silencieuse. J'ai passé l'âge de me faire réprimander pour mes fréquentations. 

Le petit déjeuner est essentiellement animé par Lola qui se sent de plus en plus à l'aise à mon contact et celui de ma mère. Elle se terre néanmoins dans le silence lorsque Kim nous rejoint avec une gueule de bois monstrueuse. 

— Tu étais où cette nuit? demande t elle comme la veille.

— Je n'ai toujours pas de compte à te rendre Kim.

— Il a fait un câlin à Nina, lâche Lola.

Un ange passe. Ma mère cache son sourire derrière sa serviette, mon père fulmine et Nina risque d'entrée en combustion spontanée tant ses joues s'embrasent.  

HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant