Chapitre 33 - Andrew

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— Assieds toi mon chéri.

— J'ai pas envie de m'asseoir Maman, je veux la voir, je m'emporte.

— Tu sais bien qu'ils viendront dès qu'ils auront du nouveau.

Sa voix douce tente de m'apaiser mais rien n'y fait. On attend dans cette pièce qui pue le désinfectant depuis des heures. On ne nous dit rien. On nous demande d'être patient. Le Tic Tac de l'horloge commence à me rendre fou et j'ai envie de tout exploser. Ben vient poser sa main sur mon épaule, cessant mes allers retours incessants. J'ai peur. Je suis totalement anéanti et terroriser à l'idée de vivre ne serait ce qu'une seconde sans elle. C'est impossible.

Une alarme retentit, une lumière rouge clignote vers le couloir où ils l'ont amené.

— Chariot de réa, hurle une infirmière alors qu'une équipe entière court vers elle.

— Son cœur s'est arrêté, je souffle.

— Ils vont s'occuper d'elle Andrew. Viens , on va faire un tour dehors.

— Non.

Carter s'approche et prend mon bras pour m'éloigner de ce cauchemar. Je me débats mais quand Ben crochète mon autre bras, je comprends que j'ai perdu. Je les suis, la tête baissée. Ma chemise est couverte de sang. Ely trottine derrière nous. Ils me poussent vers les toilettes. Ely défait ma chemise qu'elle jette à la poubelle avant de m'aider à me nettoyer. Une fois propre, je les suis en silence à l'extérieur. 

Je m'affale sur le trottoir. Carter s'installe à mes côtés en silence. Ben et Ely blotties l'un contre l'autre de l'autre côté. Je ne sais même pas si elle a eue le temps de lui parler. Ma sœur ne cesse de pleurer depuis que je l'ai appelé. Elle est tout aussi attachée aux filles que mes amis et mes parents.

— Comment c'est possible? Les fédéraux devaient le surveiller. Comment il a pu leur échapper et s'introduire chez nous aussi facilement? 

Personne ne me répond. Personne n'a la réponse. C'est comme ça, point.  

Les heures s'égrènent, je continue à tourner en rond dans la salle d'attente. Rester assis me rend encore plus fou. Mon père m'apporte un café, ma mère tente de me faire manger. Ben et ma sœur sont rentrés se reposer, Carter s'est endormi sur un siège. Un médecin entre, je me fige, ses yeux croisent les miens puis ceux d'une famille installée un peu plus loin, je soupire. Toujours pas de nouvelle. Je marche à nouveau de long en large et cette fois ce n'est pas un mais deux médecins qui entrent. Ils se dirigent droit vers moi et je me stoppe attendant le verdict. 

— Mlle Alvarez est dans un coma profond. Son pronostic vital est toujours engagé. Elle a perdu beaucoup de sang, le chirurgien a réparé les dégâts causés au niveau du thorax, elle est maintenant en soins intensifs. 

— De laquelle vous parlez?

Les deux individus qui me font face échangent un regard et le deuxième me répond :

— Et bien en faite ... les deux. Nina Alvarez est également dans le coma. Sa fracture au niveau du bassin a causé une hémorragie et son pronostic vital est toujours engagé pour le moment. On la surveille en soins intensifs.

— Je peux les voir?

— Pas pour le moment. On reviendra vous voir dans quelques heures. Vous devriez rentrer vous reposer. Elles ne se réveilleront pas tout de suite et nous devons attendre avant d'être sûr que leur état se stabilise. 

— Qui a fait un arrêt cardiaque?

Ils se jettent un regard incertain avant de m'avouer.

— Les deux ... Lola pendant la chirurgie, Nina juste après la sienne.

Je hoche la tête et les remercie alors qu'ils s'éloignent déjà. Ma mère est en larmes et mon père tente de la consoler. J'appelle Ben qui répond à la première sonnerie. Ely s'est endormie, je lui donne les maigres nouvelles que j'ai eue avant de m'installer près de Carter. J'allonge mes jambes, croise mes mains devant moi et tente de fermer les yeux. Il est hors de question que je sois à l'autre bout de la ville s'il leur arrive quoique se soit et je veux pouvoir les voir à la seconde où ils m'en donneront l'autorisation.

On frôle mon bras, je me redresse brusquement. Ma mère sursaute en face de moi. L'horloge indique que j'ai dormi plusieurs heures. Je me frotte le visage avant de voir qu'une infirmière est là. 

— Votre compagne est réveillée. Le médecin l'a examiné et ses résultats sanguins sont bons. Elle est tirée d'affaire, vous pouvez aller la voir si vous le souhaitez. 

— Merci. Vous avez des nouvelles de Lola?

— C'est une autre équipe qui s'occupe d'elle, je vais aller me renseigner. Venez, je vous amène à votre compagne.

Je la suis à travers le labyrinthe de couloirs jusqu'à une chambre. Nina est allongée, branchée à des tas de machines, sa tête tournée sur le côté, elle fixe le mur. L'infirmière m'abandonne devant la chambre et j'entre. 

— Salut.

Elle ne me répond pas, son regard vide, elle semble ailleurs. Ma main sur la sienne, je ne sais pas quoi dire pour la rassurer, je ne veux pas lui mentir et les larmes qui baignent ses joues trahissent son inquiétude.

— Elle n'est pas morte.

Ce n'est pas un mensonge, même si pour le moment je ne sais pas encore si elle est tirée d'affaire. Son visage se tourne lentement vers moi. 

— Elle est encore dans le coma, pour l'instant je n'en sais pas plus mais elle n'est pas morte, Nina.

J'imagine la dernière vision qu'elle a dû avoir de sa petite sœur. Une balle dans le thorax, couverte de sang, son corps inerte gisant sur le sol. Sa lèvre tremble et je grimpe à ses côtés pour la prendre dans mes bras. Ses larmes de désespoir baignent mon t-shirt et je laisse ma peine se mêler à la sienne. 

HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant