Chapitre 27 - Nina

802 75 5
                                    

6 semaines. 6 longues, très longues semaines que nous sommes ici. Et je ne peux plus voir ces murs blancs en peinture! Et Andrew, argh! Ce n'est pas possible d'être aussi, aussi ... je n'ai même pas les mots, exaspérant! Tout est parfait, sans accroc. Il fait tout pour que nous nous sentions le mieux possible mais du coup, je m'ennuie. C'est ridicule, je le sais bien mais vivre avec lui est si agréable que j'ai décidé de pimenter les choses aujourd'hui. 

La porte d'entrée s'ouvre, un sourire diabolique sur le visage, je continue mon dessin au marker noir. Un trait, puis un autre. Un rond, un carrée, des traits, encore des traits. 

— Salut, tu ... euh .... c'est quoi ça?

Je me tourne vers lui, les poings sur les hanches.

— Un problème, je lance d'un ton sec.

— Hmm ... non.

— Tu aimes?

— Je ... c'est ... particulier.

Allez, sors les griffes, ça me démange.

— Mais encore? Tu aimes oui ou non?

— Je ne suis pas branché art, mais si ça te plait... lâche t il en haussant les épaules.

— Ah non tu ne vas pas t'en tiré comme ça, je râle. Décide toi bon sang!

— Ok, c'est moche. Contente?

Je prends un faux air outré alors qu'il blêmit, se demandant surement à quelle sauce je vais le manger.

— Bon, c'est pas si moche que ça mais disons que j'aurais été moins surpris de voir Lola derrière ce crayon ...

Cette fois il a réussi à me vexer. Certes, mon œuvre est moche, je lui accorde, mais de là à dire que je dessine comme une enfant de 8 ans. Quoique, je regarde mon bonhomme bâton, ma maison au bord d'un lac et mon canard ... ridicule.

— Tu n'es pas en colère? je lui demande incertaine.

Il s'approche de moi amusé et embrasse ma nuque avant de poser ses mains sur mes hanches.

— Pourquoi je serais en colère? Tu as le droit de refaire la déco. Enfin ... la prochaine fois, je préférerais que tu achètes le tableau d'un artiste reconnu, se moque t il.

Je lui donne un coup de coude dans les côtes qui le fait rire avant de bouder comme une enfant. Mon plan n'a pas fonctionné. Même pas de hurlement, pas de réprimande, pas d'obligation de couvrir mon horreur, alors que j'avais demandé à Ely d'acheter un pot de peinture qui attend dans la chambre! 

— J'ai détruit tes murs immaculés et tu ne râles même pas? 

—  Mes murs ne sont plus immaculés depuis que Pouic passe ses journées à les escalader, sans parler de ta sœur et sa passion pour le chocolat ...

Je pouffe, c'est vrai que je passe mon temps à nettoyer les traces de ces doigts chocolatés sur chaque surface de l'appartement.

— Pourquoi tu as fait ça?

— Parce que je m'ennuie et que je voulais te faire râler pour occuper la soirée. Notre colocation est trop ... parfaite. Je n'arriverai plus à partir si tout est parfait.

Cette fois c'est lui qui rit avant de venir m'embrasser tendrement.

— Moi aussi j'aime vivre avec vous. La prochaine fois que tu veux me faire une déclaration, je préférerais que tu le fasses sans marqueur noir indélébile.

— Je ne t'ai pas fait de déclaration, je ronchonne. 

— Si s'en était une.

— Non!

Il continue à me taquiner jusqu'à ce que je le course dans le salon, brandissant mon marqueur comme une arme auquel il compte échapper à tout prix avec sa chemise bien trop blanche à mon goût. Je le rattrape dans la chambre, sauf qu'il me tend une embuscade. Je me retrouve désarmée et allongée sur la moquette avant d'avoir eue le tend de dire "Ouf"! Andrew bloque mes jambes entre les siennes et ses mains tiennent mes poignets au dessus de ma tête alors qu'il me supplie :

— Lâche cette arme, ou je vais devoir employer la manière forte. 

Ses yeux braqués sur mon marqueur, il ne remarque pas que mon attention est détournée par ses lèvres qui m'appellent et son corps contre le mien. N'ayant pas de réponse, il baisse les yeux vers moi. On se regarde, ou plutôt on se dévore des yeux, durant de longues secondes. Nos respirations s'accélèrent à l'unisson.

— Lola?

— Elle dort.

Il fond sur mes lèvres m'arrachant un soupire. Ses mains viennent découvrir mon corps avec envie. Je m'attèle aux boutons de sa chemise, que je rêve d'arracher mais je me retiens en pensant au prix qu'elle doit valoir. Mes gestes précipités n'arrivent à rien et Andrew sourit contre mes lèvres, amusé. Il finit par venir à mon secours, j'enlève mon t-shirt qui suit la même trajectoire que sa chemise. Ses yeux me dévorent avec envie et je me sens rougir sous son inspection. Dans l'empressement, j'en avais très envie, mais ainsi mise à nue je me sens tout à coup très mal à l'aise. Je n'ai jamais fait ça et j'ai peur qu'il soit déçu. Mes bras viennent couvrir ma poitrine et je vois ses sourcils se froncer. 

— Eh, qu'est ce qui se passe Nina? Si tu n'en n'as pas envie, ce n'est pas grave.

Même là, il est parfait. Je ne le mérite pas, c'est certain. Envahis par l'émotion, je ne peux retenir un larme. Son pouce vient l'essuyer avec douceur, sa paume sur ma joue me tourne le visage vers lui pour lui faire face. 

— Parle moi, Nina. 

Son front se pose sur le mien, m'insufflant la force de lui avouer ce que je cache. Il embrasse mon nez, mes pommettes, mes joues, la ligne de ma mâchoire puis remonte vers mes yeux. J'ouvre et ferme la bouche à plusieurs reprises, incapable de formuler une phrase cohérente. Comment lui expliquer? Je ne veux pas remettre cette aspect de ma vie sur le tapis, pas à ce moment là, mais de toute façon, le moment est passé. Et mon aveu ne fera que le refroidir un peu plus.


HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant