Chapitre 26 - Andrew

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Nina et Lola sont isolées chez moi depuis près d'un mois. Nina a mis quelques jours à se remettre de la mort de son amie mais aujourd'hui elle va mieux, même si au fond, je sais qu'elle se sent responsable. 

Je rentre du travail accompagné de Ben, Carter et Ely. Le spectacle qui s'offre à nous lorsque j'ouvre la porte est ... hilarant. Carter est le premier à craquer et exploser de rire. Moi, j'hésite, me demandant s'il est possible qu'un dangereux spécimen se soit introduit dans mon logement. Nina est accroupie sur l'îlot de la cuisine, une spatule en bois dans une main, un couvercle dans l'autre. Lola fouille partout à la recherche dont ne sait quoi.

— Mais qu'est ce que tu fais? je demande en me mordant la joue pour ne pas rire. 

— Elle a perdu Pouic, explique la jolie brune sans nous regarder. 

Ses yeux scrutent chaque recoin tout autour d'elle et je n'ose lui dire que Pouic est accroché au plafond juste au dessus de sa tête. 

— Descends de la Nina.

— Pour qu'il grimpe sur ma jambe? Tu es fou!

Et bien ce n'est pas sur ta jambe qu'il va atterrir d'une minute à l'autre... mais je me garde bien de le lui dire. Même si la situation est assez amusante, je ne doute pas qu'elle risque de devenir dangereuse si l'écureuil s'invite dans ses mèches brunes. Je décide donc de confier les cartons de pizzas à Ben et de m'approcher de ma froussarde. Ma main sur sa jambe je lui demande une nouvelle fois de descendre. Tout dérape en une seconde, Pouic tombe, Nina hurle et saute dans tous les sens, je la rattrape de justesse quand son pied frappe le vide. L'écureuil traverse la cuisine à toute allure pour aller se réfugier dans les bras de Lola qui le câline sous le regard noir de Nina.

Une fois tout le monde calmé, nous dînons tranquillement, pourtant je vois Ben nerveux. Sa jambe ne cesse de tressauter et il regarde partout sauf vers moi, je ne le sens pas. A la fin du repas, je lui montre la terrasse d'un signe de tête, il acquiesce et me suis en silence. Je lui propose une cigarette qu'il accepte volontiers. A la troisième, il est toujours silencieux et commence à me rendre nerveux.

— Qu'est ce qu'il y a? Tu as des infos sur Juan?

Les stup' ne nous disent rien à part qu'il faut être patient et si cela me pèse ce n'est rien comparé aux filles qui n'ont pas pu mettre un pied dehors depuis un mois.

— Non, non, rien à voir avec Nina.

— Alors quoi?

Je surprends son regard en direction de ma sœur et les pièces du puzzles s'assemblent.

— Putain de merde, je jure. T'as pas fait ça, non, putain, c'est pas possible! Me dit pas que tu couches avec ma sœur parce que je crois que je vais te tuer.  

Je m'approche de lui les poings serrer. Mes dents grincent sous la pression que je leurs impose.

— Non, non, mec. J'te jure que je l'ai pas touché.  

Je me détends et recule quand il souffle :

— Enfin pas encore...

— Non mais t'es pas sérieux là?  

— Ecoute, mec, j'ai rien fait avant de t'en parler. Si tu veux que je reste loin d'elle je le ferai mais écoute au moins.

Je hoche la tête. C'est vrai que c'est la première fois que je le vois si nerveux pour une fille qu'il n'a même pas touché.

— On parle pas mal ces derniers temps, on est sorti quelques fois. Au début c'était entre potes, tranquille et puis ... je sais pas, c'est différent maintenant. Mais je ne veux pas que ça créé un malaise entre nous. Je crois que ... je tiens vraiment à elle, tu vois? 

— C'est pour toi qu'elle est revenue?

— Non, pas du tout. Je ne l'avais pas revu depuis sa dernière visite et on ne se parlait jamais en dehors. Je l'ai croisé en ville à la fin d'un chantier, on est allé boire un verre et puis voilà. 

— Tu es en train de me demander mon autorisation pour coucher avec ma sœur?, je demande écœuré.

— Tu aurais préféré que je le fasse dans ton dos?

— Bah clairement je ne veux pas que vous le fassiez sous mes yeux!

Il ne peut s'empêcher de ricaner et je frappe l'arrière de sa tête lui arrachant un grognement.   

— Tu sais ce qu'elle a traversé Ben, alors si tu n'es pas prêt à t'engager, abstiens toi, s'il te plaît. Parce qu'elle ne se remettra jamais d'un deuxième échec.

— Euh ... juste pour être sûr, tu parles de son ex pas du bébé, hein? Non parce que je veux bien m'engager mais faut pas pousser non plus.

— Je pouvais pas rêver mieux! Prions pour qu'elle te friendzone mon pote.

— T'es un connard, tu le sais ça? Ca fait des semaines que je me casse le cul pour elle et tu comptes prier pour que je me prenne le râteau de l'année.  

— Tu veux pas que je t'aide à conclure aussi?

— Bah t'aurais peut être un tuyau pour ... Aïe, c'est bon, arrête de me frapper, merde! 

Nina nous rejoint et vient passer ses bras autour de ma taille.

— Qu'est ce qu'il se passe ici?

— Je lui ai dit, réponds Ben.

— Il était temps! 

— Quoi?! Tu étais au courant? je m'indigne en m'écartant d'elle.

— J'ai des yeux, et les siens sont collés sur ta sœur dès qu'elle bouge le petit doigt! J'y peux rien si tu es aveugle, se moque t elle.

— Je ne suis pas aveugle, c'est juste que les miens sont collés sur quelqu'un d'autre et que je n'ai plus le temps de regarder ailleurs.

Malgré la pénombre, je vois ses joues s'embrasées. Ben fait un bruit immonde avant de nous abandonner à l'extérieur. Je profite de ce moment de calme, loin des fous furieux qui squattent mon salon, pour l'embrasser avec passion. J'arrête lorsqu'un gémissement lui échappe. Elle me rend dingue et j'aimerais tellement plus. C'est toujours une torture de devoir mettre un terme à nos baisers mais elle a besoin de temps alors je la laisse avancer à son rythme. 

HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant