Chapitre 3 - Andrew

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Des pulsions meurtrières m'étreignent quand je vois le nombre incalculable de postulantes pour le poste. J'ai déjà une tonne de travail en retard et je vais perdre une journée entière à les écouter geindre et se vanter de leurs compétences toujours meilleurs que la voisine. 

3 heures! 180 minutes et je n'ai pas vidé la moitié de la salle d'attente. J'ai envie de hurler. Pas une seule ne s'intéresse au poste, ce qu'elle convoite c'est moi! Affligeant! J'appelle la prochaine d'un ton sec, excédé par cette perte de temps ridicule.

— Nina Alvarez. 

Je ne prends même pas le temps de lever la tête et retourne m'installer en laissant la porte ouverte, j'en ai marre de les attendre parce qu'elle se pavane devant leurs rivales du jour. A peine assis qu'un raclement de gorge se fait entendre. Je lève les yeux vers une latino habillée comme un sac et fronce les yeux, qu'est ce qu'elle fout là? 

— Bonjour, M. Turner. 

Elle me tend une main assurée en se penchant légèrement vers moi. Son chemisier, certes tâché, est boutonné jusqu'à ces clavicules et son parfum ne me donne pas la migraine. D'ailleurs, je crois qu'elle n'en porte pas. Elle sent simplement le savon, avec une petite touche de lavande. Je sers sa main et l'invite à s'asseoir. Après avoir changé de position plusieurs fois en tirant sur sa jupe, dont la couture ne va pas tarder à lâcher, elle finit par se figer face à moi. Je mords l'intérieur de ma joue pour ne pas sourire.

— Vous avez apporté un CV? je lui demande.

Une simple feuille atterrie entre mes mains. Au moins, ce sera rapide avec celle là! Je lis attentivement les quelques lignes devant moi, elle n'a aucune expérience, du moins pas dans le domaine dont j'ai besoin. Elle n'a pas l'air fainéante à en juger par le nombre incalculable de poste qu'elle a occupé sans interruption depuis ses ... 15 ans? Je ne peux retenir un haussement de sourcil surpris. Elle n'a que 23 ans? Je lui aurais donné une petite trentaine, comme moi. Son visage, magnifique, est déjà marqué. Je pensais que le temps faisait son chemin sur elle, mais de toute évidence, c'est autre chose...

— Vous n'avez pas d'expérience, je constate.

— Non, effectivement. Mais j'apprends vite.

J'aime la franchise. Son menton est levé et me fait face me mettant au défi de lui refuser le poste, ce qui m'amuserait presque si je n'avais pas 20 candidates plus expérimentées qui attendent encore dans le couloir.

— Pourquoi vous choisirais je, vous, plutôt qu'une autre?

Je croise mes doigts sous mon menton, attendant de voir ces arguments qui, à la lueur de malice qui traverse ses yeux, vont me plaire j'en suis sûr.

— Je ne veux pas coucher avec vous.

J'éclate de rire avant de lui demander de répéter.

— Sans vouloir vous manquez de respect M. Turner, je viens de patienter 3 longues heures pour vous rencontrer. Aussi séduisant que vous soyez, j'ai écouté l'élaboration de centaines de plans différents de ces sorcières qui espèrent vous faire tomber dans leurs griffes. Alors s'il y a quelque chose qui me différencie de ces femmes c'est bien ça. Je ne veux pas coucher avec vous, je veux travailler. 

Tout ce que j'ai retenu c'est qu'elle me trouve séduisant, le reste je l'avais déjà remarqué. Cet entretien prend une tournure étrange mais ça me plaît et attise ma curiosité pour la première fois depuis ce matin.

— Pourquoi?, je lui demande alors intéressé.

Mal à l'aise, elle déglutit discrètement.

— Euh ... je ... 

HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant