Chapitre 28 - Andrew

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— Je ... je n'ai jamais ...

Elle n'arrive pas à formuler sa phrase, les mots ne sortent pas et ça se bouscule sous sa boîte crânienne. Mes lèvres se posent sur les siennes avec douceur. Je devine ce qu'elle essaie de me dire, ce n'est pas compliqué à comprendre. Entre son histoire, ses réactions et les semaines interminables à dormir dans mes bras sans pouvoir la toucher. 

— Tu n'as jamais fait l'amour Nina?

Elle secoue la tête, les plaques rouges de ses joues s'étalant jusque sur son cou. 

— Tu en as envie?

Ses yeux s'imbriquent aux miens, ses pupilles dilatées répondent à sa place mais j'ai besoin de l'entendre. Elle déglutit avec difficulté mais reste silencieuse. Ok, elle ne veut pas parler, on va faire autrement. Je me relève et lui tends la main pour l'aider à son tour. Ses bras toujours croisés sur sa poitrine nue, je garde mes yeux dans les siens. Elle prend ma main et se relève toujours aussi mal à l'aise. Sa main dans la mienne je l'attire vers moi en m'asseyant sur le bord du lit. Perdue, elle regarde chacun de mes mouvements avec appréhension. Je l'invite à venir sur mes genoux. Elle hésite, elle peut toujours récupérer son t-shirt et partir si elle le souhaite mais je n'ai pas l'impression que c'est ce genre d'hésitation.

Pour être honnête, je n'ai jamais fait appel à une prostituée et j'aimerais vraiment qu'aucun de mes gestes ne lui rappellent ses expériences passées mais face à son silence pesant je commence à être démuni à mon tour. Quand je commence à me dire que je devrais peut être, moi, mettre un terme à ce moment, elle s'approche et grimpe sur mes cuisses, ses jambes de chaque côtés des miennes. Ses mains viennent se poser sur mes épaules, sa poitrine frôlant la mienne. 

— Tu m'arrêtes quand tu veux, Nina.

Elle hoche la tête et me laisse mener la danse. J'embrasse, je mords, je lèche, chaque centimètre de peau à ma disposition. Elle se laisse aller entre mes bras et mon cœur se gonfle de fierté et d'amour pour cette femme aussi forte que fragile. Je la bascule en douceur sur le lit et enlève son pantalon. J'embrasse l'intérieur de sa cuisse avant de venir tirer sur sa culotte déjà trempée. Mes yeux ancrés dans les siens, j'attends son accord pour la retirer. Elle hoche à nouveau la tête en mordillant sa lèvre. Ma langue caresse son clitoris, lui arrachant des gémissements qui rendent mon pantalon bien trop serré tout à coup. Mes doigts s'invitent dans la danse, la menant au bord du précipice. 

Je m'empare d'un préservatif et me place au dessus d'elle. Son corps encore tremblant de l'orgasme qu'elle vient d'avoir. Quand elle rapproche son bassin du mien, je comprends son invitation et la pénètre en douceur. Son visage se crispe légèrement. Je patiente avant de bouger, le temps qu'elle s'habitue à mon intrusion. Elle est serrée, beaucoup trop serrée. J'attends ce moment depuis si longtemps que je crains de ne pas tenir assez longtemps pour la faire jouir à nouveau. Quand ses traits se détendent, je commence un lent va et vient. Son parfum, ses caresses, sa peau, ses gémissements et quand elle prononce mon nom ... Je crois défaillir à chaque fois. Ses ongles s'enfoncent dans mon dos, je glisse ma main entre nous pour la caresser. Elle se contracte rapidement autour de moi et je la suis de près dans la délectation. 

Allongés l'un contre l'autre, je dessine des arabesques sur ses fesses nues. Sa respiration ralentie pour n'être plus qu'un léger souffle sur mon torse. Je m'endors à mon tour, un sourire bien trop niais sur les lèvres pour être innocent. 

Le lendemain matin, j'attends Nina et Lola dans la cuisine. Les marmottes ont du mal à émerger ce matin et d'ici j'ai une vue imprenable sur l'œuvre d'art de ma jolie brune. Je sirote mon café le sourire aux lèvres, j'ai vu le pot de peinture dans la chambre ce matin. Joli coup monté. Nina a peur et à l'approche du dénouement de l'affaire Fuentes, j'imagine que c'était ça façon de me dire qu'elle ne voulait pas partir. En tout cas c'est comme ça que je l'ai compris. Mais je n'ai jamais eue l'intention de les laisser repartir, contraintes ou forcées. 

C'est Lola qui se lève la première. Pouic sur l'épaule, elle grimace devant le dessin de Nina.

— C'est toi qui a fait ça? demande t elle avec une moue dégoutée.

Je rigole et secoue la tête, ses yeux s'arrondissent et elle me scrute étrangement.

— Quoi?!

— Tu n'es pas en colère?

— Non, pourquoi le serais je? Ce n'est qu'un dessin. Et puis, ça l'occupera de repeindre le mur, je dis en haussant les épaules.

On entend un cri de la chambre. Pouic grimpe dans les cheveux de Lola et celle ci s'écarte au maximum de l'entrée de la cuisine. Nina arrive comme une furie.

— Toi, hurle t elle en pointant sa sœur du doigt.

 — Pardon, pardon, j'avais pas vu que votre chambre était ouverte. Promis, il ne le refera plus.

— C'est déjà la troisième fois cette semaine!

— De quoi vous parlez? je demande intrigué.

Nina me fusille du regard avant de me faire signe. Je la suis jusqu'à la chambre et découvre un tas de noisettes dans sa taie d'oreiller. Je ne peux retenir un éclat de rire jusqu'à ce que je croise son regard assassin. 

— C'est mignon, je temporise.

— Mignon?! Tu te moques de moi, là! Et pourquoi il fait ça dans MA taie d'oreiller, hein? Pourquoi pas dans la tienne?

— Eh, j'ai rien fait moi! C'est lui qu'il faut engueuler, je dis en désignant l'écureuil qui se cache dans les boucles de Lola. 

Nina est sur le point d'exploser. Pour mon plus grand bonheur, ce n'est pas notre cohabitation qui est difficile mais plutôt celle avec le rongeur. Pouic semble éprouver un certain attachement pour Nina, bien qu'elle fasse tout pour le faire fuir. Il n'a de cesse de fouiller ses affaires et quand ce n'est pas dans sa taille d'oreiller, c'est dans ses chaussures ou dans sa partie de dressing qu'il cache ses graines. 

— Allez, viens. J'ai une surprise pour vous. 

Ma réflexion l'intrigue assez pour apaiser ses tensions quelques instants. Une fois installé à la cuisine, je leur explique.

— On part dans une heure. Mes parents ont un chalet au bord d'un lac, pas très loin d'ici. Personne ne vous verra. Ben, Carter et Ely nous rejoignent ici en fourgon. Vous vous mettrez à l'arrière où les vitres sont teintées. 

Nina s'illumine à l'idée de pouvoir sortir d'ici alors que Lola semble peinée.

— Et Pouic?

— Oh ... euh ... tu peux le prendre mais le chalet est entouré de forêt et il risque de se sauver.

— Tu crois qu'il arriverait à vivre tout seul dans une grande forêt?

— Son instinct fonctionne bien, la preuve, lui répond Nina en montrant les réserves de son oreiller. Tu sais petit trésor, c'est un animal sauvage, il ne devrait pas vivre dans un appartement. 

— Tu dis ça parce que tu le détestes, pleurniche la jeune fille.

— Non, pas du tout ma puce. Ecoute, c'est vrai que je ne l'aime pas mais s'il décide d'aller en forêt c'est qu'il en ressent le besoin. Regarde nous, depuis plusieurs semaines. Nous ne sommes pas fait pour vivre seul et enfermé, c'est pareil pour lui. Il rencontrera d'autres écureuils, pourra faire des bébés et avoir une belle vie.

— Et s'il reste?

— Je fermerai notre chambre à clés!

— C'est lui qui décide alors?

— C'est à lui de décider, oui, petit trésor.




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