Chapitre 20 - Andrew

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Après le déjeuner, qui s'est passé sans accroc, Nina est partie jouer avec Lola dans la structure en bois au fond du jardin. Je suis perdu dans mes pensées en les regardants quand Ely m'interrompt.

— Tu es amoureux?

Ely est une version adulte de Lola, aucun filtre, elle va droit au but, toujours. 

— C'est ... récent.

— C'est à dire?

— Hier soir ... enfin plutôt ce matin à vrai dire. 

— Tu nous ramènes Nina au bout de 6 heures alors que tu as mis plus de 6 mois avant de nous présenter Kim! Et tu vas me faire croire que tu n'es pas amoureux?

— Ce n'est pas ce que j'ai dit. 

— Elle a l'air génial en tout cas. 

Elle pose sa tête sur mon épaule et j'embrasse son crâne avant d'y déposer sa joue.

— Tu m'as manqué.

— Je reviens vivre ici, m'annonce t elle.

— Quoi? Vraiment? Mais définitivement ou tu vas encore t'enfuir dans 2 mois?, je la taquine.

Ma sœur a vécu des moments difficiles il y a un peu plus de 2 ans qui ont conduit à son divorce. Depuis elle fuit, tout le temps. Journaliste, elle parcourt le monde pour écrire sur ce qui l'entoure. Généralement, nous la voyons tous les 3-4 mois.

— J'ai obtenu un poste au journal local. Je reste un peu chez les parents, le temps de me retrouver.

— Tu sais que tu peux venir chez moi s'ils deviennent trop énervants.

— Je t'entends Andrew, gronde ma mère.

Nous rigolons de concert et ça fait un bien fou de voir ce petit bout de femme revivre doucement.

— C'est super Ely. Je suis content pour toi. 

Mon père ne cesse de me jeter des œillades depuis notre arrivée. Je profite que Nina soit loin pour lui parler. 

— Ca va trop vite, lâche t il.

— Tu me rappelles au bout de combien de temps tu as épousé Maman?

— C'était différent.

— En quoi? Tu étais déjà fortuné et elle n'avait rien. 

— C'est juste qu'après Kim ... 

— Kim? Tu l'as compare vraiment à Kim? Tu l'as bien regardé? 

— Tu ce que je te souhaite c'est d'être heureux. J'espère simplement que tu sais ce que tu fais.

— Si tu passais un peu de temps avec elle, tu verrais à quel point elle est différente, lui fait remarqué ma mère.

Il les observe de loin, songeur, quand un hurlement de Lola et Nina nous parvient. Je me lève brusquement, fracassant ma chaise au sol, avant de me précipiter vers elles. Nina est perchée en haut de notre château fort, cramponnée à un poteau comme si sa vie en dépendait alors que Lola pleure toutes les larmes de son corps, agenouillée au sol. 

— Ca va? Tu es blessée?, je demande paniqué sans comprendre quel est le problème.

—  Il est mooooort, me répond sa petite voix chevrotante.

— Tant mieux, marmonne Nina.

— Quoi?!

Je me penche au dessus de Lola est découvre un bébé écureuil tout juste recouvert de poils. Ely se penche de suite pour le ramasser et le réchauffer.

— Oh il est trop mignon.

— Il est pas mort? demande Lola.

— Non, regarde il respire. 

Je grimpe à l'arbre dont il est tombé. J'aperçois le nid et m'en approche pour voir s'il y en à d'autres. 

— Tu vois quelque chose? On peut peut être le remettre?

— Attends, je crois qu'il y a la mère.

Encore une branche et je comprends pourquoi ce petit est sorti du nid. La mère et le deuxième bébé sont morts. Je redescends, les grands yeux de Lola me regarde plein d'espoir.

— Il était tout seul finalement.

— Il faut qu'on lui donne le biberon. 

— Hors de question, râle Nina.

— On peut le garder, s'il te plait? demande Lola avec une moue auquel personne ne pourrait résister.

— Même pas en rêve. Je ne veux pas de souris chez moi, tu es folle.

Je pince les lèvres pour ne pas rigoler, Nina toujours perchée en haut de sa tour avec un regard de dégoût vers le petit écureuil.

— Mais c'est pas une souris, s'indigne Lola les mains sur les hanches.

— C'est une souris avec des poils sur la queue!

Cette fois tout le monde rigole, même mes parents qui viennent de nous rejoindre.

— Ne l'écoute pas ma puce. Viens on va trouver de quoi le réchauffer et lui donner à manger, lui dit Ely.

— J'en veux pas dans ma maison, crie Nina alors qu'elles s'éloignent.

— C'est même pas une vraie maison d'abord, rétorque Lola en tirant la langue, le bébé serré contre son cœur.

 — Ouh la peste! râle Nina avant de redescendre de son refuge. Et toi arrête de te marrer ou je le mets dans ton bureau demain matin.

— Eh! J'ai rien fait, c'est Ely qu'il faut menacer!

Nina s'accroche à mon bras alors qu'on se rapproche de la villa. Je pose une main sur la sienne qui commence sérieusement à me lacérer.

— J'ai peur des souris, m'avoue t elle tout bas.

— Mais c'est mignon les écureuils, tout le monde adore les écureuils. 

— Tu parles. Je suis sur que c'est encore plus vicieux qu'un rat ces trucs là.

Elle boude tout le reste de l'après midi alors qu'Ely a retrouvé une vieille cage pour hamster, histoire qu'il ne se blesse pas, puisque ses déplacements sont encore incertains. 

— Tu crois qu'il a quel âge Andrew? me demande Lola.

— Attends, je vais regarder. Hmmm d'après Google, environ 4 semaines. Dans 2 semaines il devrait sauter partout.

— J'espère qu'il s'étouffera avec une courgette, râle Nina.

— Bah ça mange pas de courgette, rétorque Lola.

—  C'est bon à savoir, dit elle avec un sourire diabolique.

En fin d'après midi, je les ramène chez elles. Lola saute de la voiture à peine arrêtée pour aller installer son écureuil, au grand damne de Nina. On rejoint sa caravane en silence. Je l'observe à la dérobée, elle paraît vraiment inquiète.

— Tout va bien?

— Hmm ...

— Nina, on oublie les omissions!

Un soupire las s'échappe de ses lèvres, que je rêve de posséder à nouveau depuis que j'ai ouvert les yeux ce matin.

— Toi et moi, c'était une erreur, avoue t elle tout bas.

Mon sang se glace, mon cœur pulse à un rythme effréné et ma respiration se coupe. La journée avec ma famille a été incroyable, mon père a même finit par se dérider. Je ne comprends pas, je vois bien ses réactions à mon contact, je n'ai pas pu me faire des idées à ce point. Une larme perle au coin de ces cils et je comprends. Ma bouche fond sur la sienne et je capture ses lèvres si douces avec puissance. Elle cède bien trop vite pour être sincère et ses bras accrochent ma nuque alors que je caresse ses hanches. Nos langues dansent et je la presse un peu plus contre moi lui arrachant un gémissement. Je souris contre ses lèvres quand un raclement de gorge nous interrompt. 


HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant