Chapitre 34 - Nina

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Deux semaines que je suis alitée dans cette chambre impersonnelle. Le chirurgien m'a annoncé un minimum de 6 semaines de repos. Andrew passe ses journées à l'hôpital, à lire des histoires à Lola ou à me divertir de manière tout à fait original. Il a commencé par des jeux de sociétés ridicules puis a enchaîné sur des mimes absurdes pour finir sur un strip tease me dévoilant un boxer éléphant qui m'a arraché un éclat de rire. Satisfait, il a cessé ses singeries. 

Lola n'est toujours pas réveillée. Son pronostic vital n'est plus engagé mais elle reste plongée dans le coma. J'ai peur à chaque fois qu'on franchit la porte de ma chambre. Peur qu'on m'annonce le pire. Peur qu'elle ne se réveille jamais. 

C'est Ely qui vient me rendre visite ce matin. Pâle et les joues creusées, je la trouve de plus en plus fatiguée.

— Comment tu vas?

— C'est à moi de te demander ça, rigole t elle.

— Ely, je vois bien que tu n'es pas en forme. Tu peux me parler, tu sais? 

Elle inspire un grand coup avant de m'annoncer son secret.

— Je suis enceinte. 

— Oh .. Wahou... Euh ... félicitations? je tente avec une grimace qui la fait sourire.

— Je ne l'ai toujours pas dit à Ben! Il pense que je suis malade à cause de ce qui vous arrive... Oh, bien sûr, ça ne me réjouit pas, hein? Je ne voulais pas dire que ...

— Je sais Ely. Détends toi. Allez assieds toi et raconte moi tout.

— Avec mon ex mari, on a essayé pendant très longtemps d'avoir un bébé. Ca nous a pris 4 ans avant d'y arriver. Sauf que ... son cœur s'est arrêté de battre dans mon ventre. Les médecins n'ont aucune explication. J'étais à 7 mois et demi de grossesse. J'ai dû accouché par voie basse de mon bébé mort né.

— Oh mon Dieu, Ely ... je... je suis tellement désolée.

Elle s'effondre dans mes bras et je passe de longues minutes à tenter de la calmer.

— J'ai tellement peur Nina. Peur qu'il me rejette, peur de le perdre lui et le bébé. En plus je n'arrête pas de vomir, j'ai déjà perdu 5kg.

— Tu as vu ton médecin?

Elle secoue la tête.

— J'ai trop peur qu'il m'annonce encore une mauvaise nouvelle.

— Et Ben, il connait ton histoire?

— Oui. Mais il ne veut pas d'enfant, Andrew me l'a encore confirmé le soir où ... Oh mon Dieu. Je te parle de tout ça alors que ta petite sœur est encore dans le coma, je suis un monstre, pardon.

— Arrête Ely, le monde ne s'arrête pas de tourner, tu as le droit de ne pas aller bien. Et ça me fait plaisir que tu viennes me parler, je t'assure. Il faut que tu parles à Ben et que tu ailles voir ton gynéco. Retarder l'inévitable ne changera rien à l'issue, tu t'en rends bien compte n'est ce pas?

On toque à la porte qui s'ouvre sur un Andrew tout sourire. Sourire qui s'efface en voyant sa sœur en pleure.

— Ca va, c'est rien. J'avais besoin d'une discussion entre filles, le rassure t elle en s'essuyant les yeux. 

Je passe le reste de la journée avec Andrew. En début de soirée, on vient toquer à ma porte. A cette heure ci c'est étrange, Andrew fronce les sourcils avant d'aller ouvrir. Je le vois se figer devant la porte.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Vous devriez partir, je l'entends gronder.

— Qui est ce?

— Vous ne pouvez pas m'empêcher de voir ma fille.

Mon sang se glace. Malgré les années, je reconnaîtrais cette voix éraillée entre mille.  

— Laisse là entrer, s'il te plaît.

Andrew se décale et laisse entrer une femme qui ne ressemble plus en rien à celle qui nous a abandonné il y a 8 ans. Son corps frêle menace de se briser au moindre mouvement. Aussi pâle que la mort, elle frotte ses bras avec frénésie, traduisant son état de manque.

— Ma petite Nina. J'ai eue tellement peur pour toi.

Je ne peux retenir un éclat de rire. 

— Ecoute moi bien. Ne t'avise pas de t'approcher d'elle. Si tu ne fais ne serait ce que poser les yeux sur elle, je te retrouverai et te ferai mourir lentement dans d'atroces souffrances. Est ce que j'ai été assez claire pour ton cerveau cramé par la came? 

Elle déglutit et une larme s'échoue sur sa joue. Elle ne m'émeut même pas, qu'elle aille griller en enfer. Tout ça c'est de sa faute. Lola risque de mourir à cause d'elle. 


Quelques jours plus tard, une infirmière fait son entrée et m'annonce que je change de chambre. Je trouve ça étrange mais je ne m'en formalise pas. Andrew regroupe mes affaires et nous suit. C'est quand j'aperçois un autre lit dans la pièce que je commence à paniquer. Andrew vient serrer ma main et m'offre son sourire en coin rassurant. 

— Nina?

Mon cœur loupe un battement. Je tourne la tête vers ce deuxième lit et mes yeux s'embuent presque aussitôt.  

— Oh mon petit trésor ... comment tu te sens?

— Il est où Pouic? Je peux aller le voir?

— Surprise, me souffle Andrew avant d'embrasser mon front. 

Il enlève la table qui nous sépare et rapproche nos lits. Je peux enfin serrer Lola dans mes bras. 

HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant