J'évite la maison pendant la semaine qui suit notre dispute. Je squatte chez Carter qui ne se prive pas de me faire la morale tous les soirs.
— Tu comptes dormir sur mon canapé encore longtemps?
— Tu adores que je sois là, je t'entends fantasmer, je lui lance avec un baiser.
— C'est ça, fais le malin. Tu ne pourras pas l'éviter éternellement!
— Ely s'occupe d'elles. Elles ne manquent de rien et vont bien.
— Tu l'as appelé?
Je secoue la tête, à quoi bon? Elle ne m'a pas appelé non plus alors j'imagine qu'elle ne veut pas me parler. La situation est déjà assez difficile comme ça pour ne pas en plus lui rajouter le poids d'une relation qu'elle n'est pas sûre de désirer.
— Dégage.
Je relève la tête vers Carter qui me fixe les bras croisés. Je rigole mais lui reste de marbre. Merde, ça n'arrive jamais, c'est lui le clown de la bande!
— T'es pas sérieux, là?
— Si! Tu dégages, allez.
— Carter, arrête tes conneries.
— Je peux pas baiser à cause de toi depuis une semaine alors tu dégages.
Je me disais aussi! Sauf qu'il ne plaisante pas et commence à mettre mes costards en boule dans un sac.
— Bordel, arrête!
Je lui arrache les housses des mains avant qu'il ne fasse un carnage. Je regroupe mes affaires et en moins d'une demi heure il me claque la porte au nez et je me retrouve sur son palier comme un con. Vive les potes! J'appelle Ben depuis ma voiture.
— Désolé, j'ai interdiction de t'héberger, apparemment tu dois te démerder.
En même temps, je pourrais aller à l'hôtel. Mais avec Juan qui surveille chacun de nos faits et gestes, je préfère éviter de me faire remarquer de la sorte. Carter a gagné, je rentre.
Je suis figé devant la porte de mon appartement. C'est bête, c'est chez moi. Pourtant, j'ai l'impression de pénétrer leur intimité et j'en suis d'autant plus mal à l'aise après notre dispute. J'aurais dû l'appeler pour la prévenir ou au moins lui envoyer un message. Je peux toujours le faire et attendre de voir ce qu'elle réponds ... Non, n'importe quoi! Je souffle un grand coup avant d'entrer chez moi.
Lola me saute dans les bras avant même que je n'ai eue le temps d'apercevoir quoique ce soit. Cette petite tornade m'a manqué.
— Salut, jolie fleur. Comment tu vas?
— Tu m'as manqué. Nina est tout le temps triste et n'arrête pas de pleurer.
— Ah ...
— Tu veux voir Pouic? Il a grandit, il commence à grimper sur mon lit.
Elle saute de mes bras pour filer vers sa chambre. Je la regarde courir quand je croise les grands yeux de Nina qui me fixent depuis le couloir. Mon sourire se fane quand une larme coule sur sa joue. Je me retrouve comme un con à ne pas savoir quoi faire. Pourquoi elle pleure? Elle est en colère que je sois rentré? Elle est heureuse de me revoir? Je déglutis avec difficulté quand elle amorce un pas dans ma direction. J'avance à mon tour mais Lola débarque avec son écureuil dans les mains ce qui fait bondir Nina qui s'éloigne autant que possible du petit rongeur.
— Regarde comme il est beau. Tu crois que c'est un garçon ou une fille?
Je soulève l'animal, au vu de la paire de petites noisettes, il n'y a pas trop de doute.
— Un garçon.
— Chouette, j'ai pas besoin de changer son nom alors? Comment tu as vu que c'était un garçon?
— Euh ... je suis expert en écureuil, j'élude.
Lorsque je relève la tête Nina a disparu. Je soupire et Lola enchaîne un monologue excité de ces aventures de la semaine. Elle va jusqu'à me suivre dans ma chambre alors que je range mes affaires dans le dressing. Comment est ce qu'on l'arrête? Au secours!
— L'autre jour il a fait 2 crottes mais la veille il en avait fait 5, du coup je voulais l'amener chez le docteur des animaux mais Nina a dit que c'était suffisant surtout si on voulait le voir grandir sous terre. Mais les écureuils ça vit dans les arbres pas sous terre, c'est pas une marmotte. Elle est bête. Et après on a fait des maths, moi j'aime pas trop les maths mais du coup on a calculé en noisettes pour Pouic et c'était vachement plus facile et après on a fait une dictée et ....
Quel est le con qui un jour a dit "Faites des gosses". Non parce que franchement, si j'avais engendré un moulin à paroles pareil, je crois que j'aurais sauter de mon balcon depuis longtemps. Je décroche et ne l'écoute plus vraiment jusqu'à ce que j'entende le prénom de la jolie brune qui hante mes nuits.
— Nina a dit que tu étais en voyage d'affaire, mais ça veut dire quoi? C'est comme quand on est allé dans le super hôtel avec Dawn?
— Oui, c'est ça.
— Mais pourquoi tu n'es pas parti avec Nina?
— Parce que j'avais besoin de régler cette affaire ... seul.
— C'est pas gentil de ne pas l'avoir amener avec toi. Elle pleurait tout le temps.
— Je serais rentré plus tôt si j'avais su qu'elle était aussi triste.
Lola hoche la tête, les lèvres pincées. Elle me jauge une seconde avant de finalement me tourner le dos et sortir de ma chambre. Hallelujah! Lorsque j'ai finit, je rejoins la cuisine. Je ne sais pas si les filles ont déjà mangé mais je meurs de faim. Lola est en train de disposer des assiettes sur l'îlot et Nina remue le contenu d'une casserole. Une délicieuse odeur vient chatouiller mes narines.
— Nina a fait de la bolo, c'est trop cool. Tu aimes bien toi?
— C'est mon plat préféré, j'avoue.
Nina se tourne vers moi, les mâchoires crispées. Je ne sais toujours pas comment interpréter son comportement. On dîne en silence. J'essaie de faire un compliment sur sa cuisine mais elle ne desserre pas les dents et je commence à penser que j'aurais dû aller à l'hôtel. A la fin du repas, je débarrasse quand Nina part coucher Lola. Une fois la vaisselle terminée, je vais sur le terrasse et m'installe sur un transat.

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HOPELESS
RomanceParfois, lorsque nous sommes happés par les ténèbres, une lumière scintille au loin comme un appel à l'espérance. Encore faut il la laisser illuminer notre univers. Nina retrouve un peu d'espoir en découvrant cette offre d'emploi et si elle allait e...