Chapitre 23 - Nina

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Le lendemain soir, Ben nous rend visite avec un agent des Stup'. Enfermée dans le bureau d'Andrew depuis plusieurs heures, il m'interroge. Je dois lui décrire tous les hommes qui travaillent pour Juan à ma connaissance, tous les lieux et les activités de celui ci. 

Andrew a couché Lola il y a deux bonnes heures et je commence à fatiguer. Mais l'agent n'en n'a pas terminé. 

— Combien lui donniez vous?

Andrew frappe à la porte, sa tête passe dans l'entrebâillement.

— Je peux entrer?

Je hoche la tête et il dépose une bouteille de jus de fruit devant moi et l'agent. Il s'assoit près de moi et je pose ma tête sur son épaule alors qu'il caresse mon dos lascivement.

— Mlle Alvarez? Combien?

— 1000$ par mois. On est monté à 2000$ depuis que je travaille chez Turner Corporation.

Il hausse les sourcils surpris. 

— Vous faites ça depuis quand?

— Depuis 8 ans. 

— C'est énorme, constate l'agent. Pourquoi ne pas en avoir parlé avant?

— Parce que je n'ai jamais douté qu'elle devait autant. Elle avait déjà des dettes avant de partir et elle continue de consommer. Au début, elle faisait le trottoir pour lui payer ses doses, mais son état était catastrophique et elle n'a pas pu se prostituer pendant la grossesse de Lola mais a quand même continué à se droguer.

— Hmm je vois. Votre mère, vous avez eue des nouvelles quand pour la dernière fois?

— Je ne l'ai jamais revu depuis qu'elle a abandonné Lola. Vous pensez qu'elle est morte, c'est ça?

— Je ne sais pas, c'est une possibilité. Vous étiez une proie facile pour vous soutirez de l'argent sans trop d'effort, il est probable qu'il ait continué même si votre mère n'est plus.  

Mon cœur se serre, non pas à cause de ma mère mais à cause de ma bêtise. Est il possible que je nous ai mis volontairement dans la misère? En même temps qu'elles autres solutions avais je? Lui tenir tête? J'aurais finit avec une balle entre les deux yeux.

— Eh, c'est pas ta faute Nina, murmure Andrew contre mon crâne. Tu as été merveilleuse avec Lola. 

Après 4 heures d'interrogatoire, l'agent me laisse enfin tranquille. Ben le suit peu de temps après et je m'apprête à rejoindre Lola quand Andrew me retient dans le couloir. Sa main s'enroule autour de mon poignet et il me tire vers lui avec douceur.

—  Dors avec moi, Nina. Tu m'as manqué cette nuit. 

Son pouce caresse ma pommette avant de suivre la ligne de ma mâchoire. Son front rencontre le mien et son souffle m'électrise. Cette fois, c'est moi qui m'empare de ses lèvres. Ses mains pressent mon corps contre le sien. J'accepte sans trop d'effort.

C'est totalement perdue que je m'endors dans ses bras. Je le veux, je le désire plus que tout mais j'ai peur. Nous vivons dans des mondes diamétralement opposés, les ennuis qui vont bientôt me tomber dessus avec Juan risquent de l'atteindre également. Et malgré ce qu'il en dit, je doute que ce soit une bonne idée de rester chez lui. L'agent des stup' n'a pourtant pas proposé de nous mettre en sécurité. Si Kim avait été à ma place, elle serait déjà dans un lieu prévu pour la protection des témoins avec une armada de gardes du corps. Mais je ne suis pas Kim, je suis une latino des bidonvilles comme elle me l'a si bien fait remarqué. Je ne veux pas rester mais je ne vois pas trop ce que je pourrais faire d'autre sans risquer la vie de Lola maintenant que des fédéraux sont sur le dos de Juan.


Nous cohabitons depuis une semaine maintenant. Officiellement, j'ai démissionné. Officieusement, je continue à travailler pour Andrew depuis chez lui. Le but étant principalement de faire croire à Juan que j'ai disparu de la circulation. Lola ne va plus à l'école et je m'occupe de lui faire cours dans la journée. Tout cela sans jamais sortir de cette prison dorée. Je ne peux pas utiliser ma carte bancaire par peur d'être tracée par Juan, je suis donc obligée de demander à Andrew dès que nous avons besoin de quelque chose, c'est humiliant. 

Mon petit carnet à la main, je note les livres et jouets qu'Ely a eue la gentillesse de ramener à Lola cet après midi. J'adore cette jeune femme qui semble aussi brisée que moi mais qui pourtant arrive à se cacher derrière un grand sourire. Une lueur triste danse aux fonds de ses yeux et elle ne m'a pas échappé mais je me garde de poser des questions à l'un ou l'autre. Elle se confiera si elle en ressent le besoin et quand elle se sentira prête. Après tout, je ne lui ai pas non plus raconté mon histoire. C'est la première fois que j'ai une amie, en dehors de Paola.  

La porte s'ouvre sur Andrew. Je sursaute et fais tomber mon carnet, je ne l'ai pas entendu rentrer. Je me précipite pour le ramasser mais Andrew est plus rapide. Ses sourcils se froncent au moment où il me le tend. Je m'apprête à l'attraper quand finalement il le reprend et regarde ce qu'il contient.

— Donne moi ça, s'il te plait.

— Qu'est ce que c'est?

— Rien du tout, juste des notes, s'il te plait Andrew.

Il n'en fait rien et commence à tourner les pages une par une. L'horreur se dessine sur son visage et ses yeux me transpercent de colère. 

— Tu te fous de moi, tonne t il.

Un frisson d'effroi me secoue.

— Tu comptes noter jusqu'aux nombres de feuilles de papier toilette que vous avez utilisé? Tu crois quoi? 

— N'exagère pas! C'est normal que je te rembourse ce qu'on mange et ce que vous avez acheté pour Lola. 

— J'hallucine. Quand est ce que tu vas comprendre? Tu crois que je ne peux pas vous nourrir pendant quelques semaines?

Cette fois c'est moi qui élève la voix.

— Justement! Tu le peux c'est certain mais je ne suis pas là pour profiter de ton compte en banque. Je ne suis pas une pute de luxe bordel!   

— Les putes ça se baisent, lâche t il.

Il m'aurait giflé que je n'aurais pas eue aussi mal. Sa remarque me frappe de plein fouet. Je recoule, la bouche entrouverte par le choc.

— Pardon, je ... Attends, Nina.. Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça.

— Au contraire. Je crois que c'est exactement ce que tu voulais dire. Tu es obligé d'entretenir les petites latines mais tu n'as pas le loisir de la baiser, ça doit être frustrant pauvre chéri!

— Nina ... c'est pas du tout ça. Tu te rabaisses sans arrêt à ce niveau mais bordel je ne t'ai jamais traité comme tel. Pourquoi tu remets ça sur le tapis à chaque fois? Tu crois que je ressens quoi quand je te tends la main et que tu me balances ne pas vouloir être une pute de luxe? Je n'ai jamais voulu te priver de ton indépendance mais tu ne peux pas me rejeter à chaque fois que je veux t'aider. J'aimerais juste une fois que tu acceptes mon aide sans penser que je veux quelque chose en retour. Je ne suis pas un putain de pervers, je peux m'occuper de vous jusqu'à ce que ce connard soit derrière les barreaux sans avoir besoin de coucher avec toi. Tout ce que j'ai toujours voulu c'est ton cœur mais parfois je me demande si elle n'est pas partie avec... 

Sur ses paroles, il sort du bureau en claquant la porte. Cette nuit là, il a découché.

HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant