Chapitre 1 - Andrew

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8 mois plus tard

Mon bureau croule sous les dossiers et les notes. La nuit est déjà tombée et je n'ai rien avalé depuis ce matin. Les journées s'enchaînent et se ressemblent, avec toujours plus de choses à faire et à gérer. Mes paupières commencent à se faire lourdes, je lutte depuis déjà un moment quand on frappe à ma porte. Je sursaute et secoue la tête dans l'espoir de me réveiller. Mon père entre après y avoir été invité.

— Tu es encore là? soupire t il. Andrew, il faut qu'on parle.

Je sais ce qu'il va me dire, ça fait des mois qu'il me sort la même chanson. Bon, dans le fond il a raison, je le sais, mais je n'y arrive pas. 

— J'allais rentrer, je mens en regroupant mes dossiers pour essayer de les faire tenir en une pile aussi bancale que ma vie.

Mon père s'assied et déboutonne sa veste de costard, ce qui n'augure rien de bon. Son regard pénétrant m'examine avec minutie.

— J'ai mis une annonce. Tu recevras des candidates lundi matin. 

— Papa, je m'en sors très bien, je dis en cachant ma grimace face à ma liste de tâches à faire.

— Oui, je vois ça ... Andrew, tu te débrouilles comme tu veux. Mais mardi matin je veux un nom et une employée à la place de ta pile de dossier, c'est bien compris? 

Il se lève et sa main sur la poignée de la porte, il se retourne une dernière fois pour me dire :

— Ne sois pas en retard dimanche, ta mère fait du ragout. 

Je souris, toutes les semaines il me demande la même chose. Pourquoi? Je ne sais pas, je n'ai jamais été en retard à l'un de nos rendez vous dominical. Ce moment est l'un des plus précieux. Je laisse tomber mes affaires et enfile ma veste. Mon portable vibre, Carter me demande de les rejoindre dans un bar. Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon.


A 11h30, vous noterez que j'ai une demi heure d'avance, j'entre dans la maison qui m'a vu grandir. Ma mère est derrière ses casseroles et mon père se prélasse sur le canapé avec un verre de scotch à la main. 

— Ahh mon chéri, te voilà enfin.

— Bonjour, Maman. 

Son étreinte réconfortante se transforme en palpage en bon et du forme. Je souffle lorsqu'elle me chatouille les côtes.

— Je vérifie que tu te nourris, c'est tout. 

— Tu es incorrigible, je râle avant d'aller saluer mon père.

Ce dernier se marre sans retenu avant de me serrer dans une accolade virile. Il se penche vers sa bouteille pour me servir un verre. Le reste de la journée se passe en douceur comme d'habitude, même si cette fois, je sens que ma mère m'inspecte plus que d'ordinaire. Après le repas, je la vois plisser les yeux en me regardant et je finis par lui demander de parler avant de me rendre complétement fou.

— Comment tu vas mon chéri?

— Très bien.

— Tu as maigri, tu es tout pâle et tu as des cernes, constate t elle en pinçant les lèvres.

— Je te trouve très en forme également, raillé je.

— Andrew, on s'inquiète pour toi, intervient mon père face au désespoir de ma mère. 

— Tout ira mieux demain, je vais avoir une nouvelle secrétaire, c'est le bonheur total! Bon, ce n'est pas que je ne veux pas mais je dois aller dormir pour effacer mes cernes et me goinfrer de fast food pour remplir mes chemises. Bonne soirée. 

Sans attendre qu'ils répondent, je sors et remonte dans ma voiture. J'adore mes parents, mais depuis 8 mois ils me maternent comme si j'avais 3 ans. Ma mère m'appelle tous les jours pour savoir si j'ai passé une bonne journée et si j'ai mangé. Tandis que mon père , sous ses ordres j'imagine, vient me rendre visite tous les soirs dans mon bureau pour m'obliger à rentrer à une heure décente. Je suis sous haute surveillance, comme un nourrisson et ça devient légèrement oppressant. 

Mes doigts enroulés autour du cuir de mon volant, mes jointures blanchissent sous la pression que je leurs impose. Un coup de klaxon me sort de ma litanie, j'ai mis trop de temps à redémarrer au feu rouge. Je soupire avant d'avancer vers le parking souterrain de mon immeuble. Mon portable vibre dans ma poche, je suis sûr que c'est ma mère qui s'excuse, me dit qu'elle m'aime et veut mon bonheur, comme à chaque fois que je m'échappe sous leurs airs inquisiteurs. 

Mon appartement vide et silencieux m'accueille dans la noirceur de la nuit. J'échoue sur le canapé, allume la télévision et éteins le son. Je ne sais pas comment je vais m'en sortir demain. J'ai l'habitude de faire passer des entretiens d'embauche, le problème n'est pas là... Ma dernière secrétaire, c'était Kim, mon ex femme. Pas que je ne veuille pas la remplacer, mais je ne suis pas prêt à faire à nouveau confiance à quelqu'un. Et vu la tonne de travail que j'ai, si je délègue, je dois avoir toute confiance en ma secrétaire. Autant dire que c'est la merde! J'hésite entre un jetée de dés et une pioche en mode loterie. A moins que je ne lance mon stylo et choisisse le nom en face de la pointe. Bref, je trouverai bien une méthode original d'ici mardi matin pour donner un nom à mon père, grand bien lui fasse!

HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant