Chapitre 13 - Nina

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A son approche, tout mon corps s'électrise. Je m'en veux d'avoir surréagit, son ami est adorable et juste un peu maladroit après quelques verres. Mais j'en ai marre de me faire juger à longueur de journée sans qu'on prenne la peine de me connaître.

Mes vêtements sont usés alors je suis une mendiante, je mets une robe courte alors je veux me faire baiser. Pour une fois, j'aimerais qu'on me laisse tranquille. Juste une fois, qu'on ne m'impose pas une vision erronée de moi même. 

Mes yeux embués m'empêchent de voir correctement alors que je tente de contrôler ma respiration pour ne pas m'effondrer. 3 taxis me sont déjà passés devant le nez sans même m'accorder un regard, je grogne de rage. Il lève la main, un véhicule jaune vient se garer à nos pieds dans la seconde, fichu bourgeois de mes deux. Il m'ouvre la porte en silence et à ma grande surprise s'installe à mes côtés. Il donne l'adresse de notre hôtel au chauffeur, sans un regard vers moi, ni un mot. 

Mes larmes finissent par couler malgré moi. Je les essuie d'un revers de main et pose mon front sur la vitre fraîche. Même un weekend loin de ma caravane et de Juan ne m'offre aucun répit. Si Lola n'était pas là, si je ne devais pas me lever chaque jour pour lui offrir un avenir meilleur, je crois qu'il y a longtemps que j'aurais arrêter de me battre. 

On arrive trop vite à mon goût. Je paie le chauffeur après avoir jeté un regard noir à Andrew qui sortait son portefeuille et sors précipitamment du véhicule. Je l'entends trottiner derrière moi pour me rattraper. Il grimpe dans l'ascenseur juste avant la fermeture des portes et je soupire en détournant les yeux. Il appuie sur le bouton du 10ème étage alors que nos chambres sont au 4 ème, je fronce les sourcils inquiète.

— Tu verras, c'est magnifique.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur un Bing sonore. Sa main se tend vers moi dans une invitation silencieuse. J'accepte de sortir mais ne la prends pas, pas besoin de rajouter une torture quelconque à cette soirée. On monte quelques marches avant d'arriver sur le toit de l'hôtel. Près du bord, on peut contempler la ville illuminée par les lumières public. Le spectacle qui s'offre à nous est somptueux.  Bouche bée, je ne dis pas un mot en contemplant chaque rues, chaque immeubles, chaque parcs. Un frisson me secoue et je rabats mes bras autour de ma taille pour me protéger du froid. Andrew dépose sa veste sur mes épaules, son parfum masculin m'emplit les narines. 

— Il n'est pas méchant.

— Je sais, je soupire. Je suis désolée, j'ai surréagit, je ...

Ma phrase reste en suspens alors qu'il me scrute avec ce fichu sourire en coin. 

— Ca ne doit pas être facile de devoir élever ta petite sœur. Je suis désolé pour tes parents. 

Il s'assied, le dos contre le bord du toit. Je le rejoints, mes genoux remontés vers ma poitrine, j'entoure mes bras autour de mes jambes.

— Ce n'est pas ce que tu crois. 

Un rire amer m'échappe alors qu'il me regarde perdu.

— Oh ... ils ne sont pas morts alors? 

—  Pas vraiment.

— Omissions volontaires, hein? me taquine t il avec un petit coup de coude.

C'est vrai que j'évite chacune des ses questions. Je trouve toujours une parade pour ne pas lui mentir mais sans non plus lui révéler la vérité. Pourtant c'est la première fois qu'on s'intéresse à moi de la sorte. Je doute que ce soit une relation normale de patron à employée mais ça ne me gêne pas. Ses questions sont toujours très subtiles et jamais intrusives ou déplacées. Ce qui me dérange, c'est le regard qu'il posera sur moi quand il connaîtra l'étendu des dégâts.

— Ma mère nous a abandonné juste après la naissance de Lola. Je paie toujours ces dettes qui continuent de s'accumuler malgré les années, donc j'en déduis qu'elle est toujours vivante.

— Je vois ... Et ton père?

— Dieu seul sait qui c'est. 

— Tu n'avais que 15 ans, constate t il dans un murmure. Comment tu t'en es sortie avec un bébé?

— Tu n'as pas envie de le savoir.

Il se crispe mais n'insiste pas. Je ne peux pas être plus sincère.

— En tout cas, tu peux être fière de toi. Lola est une jeune fille adorable. 

— Pourquoi vous faites tout ça? je demande abrupte.

— On en revient au "vous"... 

— Je ... on devrait pas faire ça.

Je fuis et descends les escaliers en courant à moitié. Son bras vient ceinturer  ma taille, m'empêchant de franchir la porte menant à l'étage. La panique s'empare de moi et je me débats violemment. Il me retourne et me plaque à la porte, son corps collé au mien m'empêche de bouger et je me fige en sentant son souffle balayer ma joue. Pas lui, s'il vous plaît, pas lui.

— Nina, calme toi. S'il te plaît. Je ne te ferai jamais de mal. 

Je tremble.

— Arrête de te battre contre moi, laisse moi t'aider.  

Un cri à la limite de l'agonie m'échappe, mes jambes me lâchent et je m'effondre contre son torse, secouée par des sanglots incontrôlables. L'alcool, la fatigue, ma vie, surtout ma vie, me font craquer. Il enserre mes épaules et me serre un peu plus fort contre lui. Mes poings se referment sur son polo que j'inonde de larmes. Plusieurs minutes s'écoulent avant que je n'arrive à me reprendre. 

Il continue à frotter mon dos avec douceur alors que je ne pleure plus depuis un moment. Je ne sais pas comment réagir, que va t il penser de moi? Il fallait vraiment que je craque, ici, avec lui? En même temps, ma vie sociale est si catastrophique qu'en dehors de Paola je ne vois pas avec qui j'aurais pu me laisser aller de la sorte. Je ne veux pas être victime de préjugée mais je fais tout pour alimenter leur imaginaire. Mon ridicule m'épuise. 

HOPELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant