Les délices de Charline

Bienvenue à Marny

J'ai passé toute mon enfance sur cette place.

MARNY est un village provençal typique où règne harmonie et douceur dans un cadre pittoresque.

Mes parents travaillent énormément et m'ont confié à Elisabeth dès mon plus jeune âge.

Ils sont les principaux actionnaires d'une des cliniques privées de la région. Mon père y exerce en tant que chirurgien et ma mère est anesthésiste. Cette clinique est toute leur vie.

J'ai appris à marcher entre ses tables, j'ai cuisiné mes premières pâtisseries dans cette cuisine, j'ai même eu mon premier baiser aux abords de cette fontaine.

Cet endroit est mon refuge, mon havre de paix, mon univers.

Elisabeth et son mari Jean ont acheté ce commerce multiservices il y a 30 ans plusieurs années avant ma naissance. C'était le point de rencontre de tous les habitants du village. Certains venaient y boire un café le matin avant de rejoindre l'usine locale. Des cadres brainstormaient autour d'un plat du jour le midi. L'après midi était propice aux rencontres littéraires et artistiques orchestrées par Elisabeth autour d'un thé.

Elisabeth a accepté de s'occuper de moi moyennant une importante rémunération car mes parents travaillaient parfois jusqu'à 16h par jour. Aucune nounou n'était suffisamment disponible pour gérer un nourrisson tous les jours et toutes les nuits. Pendant leurs congés mes parents ne s'encombraient pas toujours de ma présence pour profiter à fond de leurs différents voyages aux quatre coins du globe.

Elisabeth était plus qu'une nounou, elle était l'intégralité de mon monde. Elle m'a appris le piano, la couture et la peinture. Elle m'a donné tout son amour, elle qui n'a jamais pu donner la vie m'en a offert une remplie de joie, de tendresse et de passion.

Jean est parti le premier il y a 2 ans d'un fichu cancer. Elisabeth a continué sans lui. J'ai décidé d'arrêter mes études pour l'aider à gérer le commerce mais surtout pour qu'elle ne se sente jamais seule.

Mais il y a quelques mois elle s'est envolée le rejoindre laissant un vide immense dans ma vie et dans mon cœur d'orpheline.

Ils m'ont légué le commerce et depuis je tente de faire honneur à cet endroit, à leurs mémoires et à leurs vies.

Le commerce est réparti entre un espace de restauration avec service à table, un salon de thé avec une grande bibliothèque et à l'étage se trouve l'appartement où je vivais avec Jean et Elisabeth.

Je ne peux pas imaginer une seule seconde renoncer à ces ruelles de pavés, ces murs de pierre et cette végétation luxuriante. Chaque endroit me rappelle Elisabeth et Jean, mon enfance insouciante et heureuse à leurs côtés. Laisser cette bâtisse reviendrait à les tuer une seconde fois.