Nos relations sont aujourd'hui un peu ambiguës car les garçons ont terminé leurs études, ont emménagé chacun dans un appartement et ont commencé leur carrière. Nous sentons que nous sommes à un tournant de nos vies. Si nous décidons de nous mettre officiellement en couple cela deviendrait une relation d'adulte et exclusive. En attendant nous nous laissons porter par cette belle complicité et amitié qui a survécu à tous les tourments de l'adolescence.
Au petit matin nous rejoignons tous les quatre l'appartement de Gabriel.
- Tu vas coucher avec lui ? me chuchote Estelle.
- J'en sais rien et toi ?
- Il est encore en contact avec une fille de son master 2 mais je vais vite lui faire oublier, glousse Estelle.
- La dernière fois qu'on s'est vu pendant les vacances de Pâques on s'est promis qu'on ferait un état des lieux sérieux de notre relation mais là je suis trop préoccupée pour penser à ca, avoué-je.
- Tu rigoles, vous êtes fait l'un pour l'autre, ma chérie !
- Il vient juste de revenir et s'installer ici, on a tout le temps du monde pour parler d'amour.
- Tu t'es fait le maillot ?
- Estelle !
Lorsqu'il a débuté son premier emploi il y a quelques semaines Gabriel a pris en location un charmant petit appartement avec 2 chambres, un grand salon et une cuisine ouverte.
- Les filles je n'ai qu'une salle de bain alors il va falloir partager.
- Prem's ! Crions nous en même temps.
Nous avons dansé toute la soirée et une bonne douche s'impose.
Je laisse Estelle se rafraîchir en premier et je fais le tour de l'habitation en silence. Trop occupée par le commerce c'est la seconde fois que je reviens chez Gabriel depuis sa pendaison de crémaillère début octobre.
Gabriel me dévisage et me renvoie un sourire triste.
Il attend depuis des semaines la fameuse conversation sur notre avenir amoureux. J'ai prétexté ne pas avoir le temps pendant la période estivale qui garantit quasiment le chiffre d'affaires annuel du commerce mais en réalité je ne sais pas quoi lui répondre.
J'ai l'impression que les dés de mon destin ont été jetés depuis longtemps et qu'il m'est impossible d'y échapper.
- Je t'ai laissé un peu d'eau chaude ! me nargue Estelle.
- Trop aimable !
Je laisse l'eau chaude glissée sur ma peau et je m'assois au sol quelques instants. Je ferme les yeux et commence à pleurer. Je me sens si seule sans Jean et Elisabeth. La vie au commerce n'a plus le même attrait sans leurs présences, je ne m'y sens plus à ma place et pourtant je refuse d'y renoncer. Et Gabriel ... Je sais qu'il ne va pas m'attendre indéfiniment. Il va finir par rencontrer une autre femme et je risque de le perdre pour toujours. Aucune femme saine d'esprit n'accepterait que je reste dans sa vie, pas après notre historique et notre incapacité à rester platoniques !
Je sors de la salle de bain et salue mes amis.
- Je suis épuisée, je vous dis à demain !
- Laisse toi aller ma chérie, me glisse Estelle à l'oreille.
Gabriel attend quelques minutes avant de venir me rejoindre.
Il est en caleçon dans le lit et se colle à moi. Je sens la chaleur de son torse contre mon dos et il dépose un petit baiser sur mon épaule.
- Tu m'as manqué, commence t'il.
- Tu m'as manqué aussi.
- Alors pourquoi es tu si distante depuis que je suis revenu ?
- Je suis débordée et préoccupée tu le sais bien !
- Laisse-moi t'aider Estelle.
Je ne réponds pas. Je n'ai pas envie de me montrer vulnérable devant lui ce soir alors je ravale mes larmes et me tourne vers lui. Je dépose un baiser sur ses lèvres et glisse ma langue dans sa bouche. Il répond fougueusement à mon invitation et ne tarde pas à enlever ma nuisette. Il me connait par cœur. C'est le seul homme à connaître mes envies et mes désirs. En un instant j'oublie tous mes doutes et me laisse porter par la magie de notre ébat.
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Les délices de Charline
DiversosCharline a passé toute sa vie à Marny, petit village provençal entourée de ses amis et de ses parents de cœur. A leurs décès elle hérite du commerce et va devoir affronter des difficultés importantes. Elle est à un tournant de sa vie et chaque décis...