Samedi 17 juillet, New York
Assise, pieds nus, sur le bar dans l'appartement de James avec un sachet de petits pois surgelés posé sur la mâchoire, je le regarde s'activer dans sa cuisine.
— Je croyais qu'on devait juste passer mettre du froid sur ma joue avant que tu me ramènes chez moi.
— C'est ce qui était prévu, me confirme-t-il en sortant deux tasses. Mais je veux juste m'assurer que tu ne vas pas t'évanouir à cause d'une commotion cérébrale comme tu n'as pas voulu que je t'emmène à l'hôpital.
— Ce n'était qu'une gifle. Plutôt forte, je te l'accorde, mais il ne m'a rien fait d'autre.
Il ne répond rien et reste devant sa cafetière à nous préparer nos boissons chaudes.
— Je préfère te le dire maintenant, je reprends alors qu'il me rejoint avec deux tasses fumantes, je t'ai reconnu.
— Et je suis qui d'après toi ? sourit-il amusé.
— Ah non, je râle en rigolant et enlevant le sachet de ma joue, ne me la joue pas comme ça ! Tu vas me dire que tu n'es qu'un sosie et me prendre pour une débile. James, je t'en supplie, épargne moi ça, je continue alors qu'il pose les deux tasses à côté de moi.
— Remets les petits pois, me demande-t-il d'une voix douce en effectuant lui-même la tâche.
— N'essaie pas de changer de sujet, je souris mon visage à quelques centimètres du sien.
— Donc je suis qui ? m'interroge-t-il en ancrant ses prunelles dans les miennes sans lâcher le sachet qu'il tient toujours contre ma joue.
— Tu es James Williams, mon ancien camarade de classe et d'après les journalistes la nouvelle star du rock'n'roll.
— Dans ce cas, je peux t'avouer que moi aussi je t'ai reconnue, sourit-il.
— On se connaît ? je demande innocemment.
— Alexandrine Scott, la plus gentille fille de ma classe de terminale.
— Tu as dû oublier que j'ai failli te tuer pour penser ça, je grimace en me remémorant ces souvenirs qui ont toujours été pénibles pour moi.
— Pas le moins du monde. J'ai d'ailleurs une cicatrice de vingt centimètres de long sur le ventre qui me le rappelle chaque matin dans le miroir.
— Je ne pensais pas que tu garderais cette cicatrice, je dis surprise par cet aveu, surtout que tu m'avais dit qu'elle était en train de disparaître à la fin de l'année de terminale. Il y a bien dix ans.
— J'avais vu à quel point tu étais mal à l'aise par rapport à cette histoire et ce n'est qu'une cicatrice. Je ne t'en ai jamais voulu.
— Je ne te l'ai pas dit plus tôt, mais je te remercie pour ce que tu as fait pour moi ce soir. Je ne sais pas si j'aurais réussi à le garder à distance si tu n'étais pas intervenu.
— Tu n'as pas à me remercier, sourit-il en me fixant, c'est normal. Ça aurait été une autre fille, j'aurais réagi pareil, m'affirme-t-il en enlevant le sachet qui n'a de surgelé plus que le nom.
— Sûrement, je réponds en plaçant mes mains de part et d'autre de son cou avant de déposer délicatement mes lèvres sur sa joue à défaut de les poser sur ses lèvres, ce que je meurs d'envie de faire depuis qu'il a posé sa main sur ma joue blessée devant la boîte de nuit.
James se laisse faire et je le sens sourire. Est-ce qu'il espérait que je l'embrasse sur les lèvres ? Sûrement, mais il sait que je me marie la semaine prochaine et il n'est pas question que je trompe mon fiancé pour une aventure d'un soir, car c'est tout ce que cela serait. Il est une rockstar adulée et sur les routes quasiment trois cents jours par an et je suis qu'une pauvre secrétaire d'avocat de trente ans, n'ayant même pas le courage de tout plaquer pour enfin réaliser son rêve et faire de la photographie son gagne-pain.
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Deviens ma plus belle chanson
Romance"Personne n'a peur de retomber amoureux. Mais tout le monde redoute de souffrir à nouveau." Quand Alexandrine et James se rencontrent, ils ont dix-sept ans. Elle est en couple et lui débarque de l'autre côté du pays. Quand Alexandrine et James se re...