CHAPITRE XXIII

6 3 1
                                    

Dimanche 14 novembre, Las Vegas

Je fixe le SMS depuis cinq bonnes minutes maintenant et la seule chose à laquelle je pense, c'est que j'ai envie de lui foutre mon poing dans la gueule à ce connard ! Ma mère avait donc raison, c'est de ma faute s'il m'a larguée. Tout ça parce que je voulais qu'on fixe enfin cette date après plus de huit ans de fiançailles ? C'est lui qui a fait le premier pas en me demandant ma main, j'avais même pris un peu de temps pour répondre, car j'avais trouvé ça trop rapide. Et en plus, le fait qu'il m'accuse, d'un, d'avoir tourné la page plus vite que lui et de deux, de lui mentir sur ce que je ressens par rapport à sa trahison, me met hors de moi. Il a vraiment de la chance que je me trouve à plus de quatre mille kilomètres de lui.

— Quelque chose ne va pas ? me demande James après m'avoir rejoint.

— Non, tout va bien, je dis en essayant de sourire le plus sincèrement possible en rangeant mon portable dans ma poche.

— D'accord, dit-il sceptique. On va manger ?

— Je te suis.

Installée à table avec les musiciens et James, Ryan joue les fantômes depuis notre altercation dans le tour bus, j'écoute d'une oreille distraite la conversation des garçons. Ils parlent de casinos et poker, il me semble. En étant à Sin City, la ville du péché, ça ne m'étonne guère. J'essaye de m'intéresser un peu plus à leur discussion et je comprends que les musiciens, qui ont décidé d'écumer les bars et les casinos de la ville, essayer d'entraîner James avec eux, mais il refuse catégoriquement.

— Allez, James, reprend Greg. Tu as le droit de t'amuser aussi, tu sais. Et puis, on a besoin de notre porte-bonheur.

— Vous en trouverez un autre. Ryan, par exemple, sourit James quand on le voit entrer dans la salle où on prend notre repas.

Il récupère une assiette qu'il remplit en piochant dans le buffet et vient s'installer à côté de James et en face de moi.

— Une virée alcool et jeux d'argent, ça te tente ? demande Ethan.

— Ne fais pas comme ce blaireau de James, dis oui, continue Matt.

— Ça me tente carrément, répond Ryan avec un grand sourire.

— Cool, hurle Paul en se dandinant sur sa chaise, on va s'éclater !

Ça devient trop bruyant pour moi et je sens le mal de tête pointer le bout de son nez. Je me lève, en récupérant mon assiette ainsi que mes couverts jetables, et jette le tout dans la poubelle. Je quitte la pièce sans un mot et rejoins la loge de James. Après avoir évalué la distance que j'ai à parcourir, j'éteins la lumière et rejoins le canapé où je m'allonge en fermant les yeux.

Treize ans plus tôt, New York

— Il ne te laisse pas indifférente, le nouveau, me dit Eliott alors qu'on vient de se garer sur le parking du lycée et qu'on voit James et David passer au loin.

— N'importe quoi ! Tu ne vas quand même pas me faire une scène, car je lui ai prêté mon livre de maths pour qu'il puisse faire les exercices, je lui demande en tournant mon regard vers lui.

— Faut que tu arrêtes de toujours vouloir l'aider, il n'y a pas que toi dans la classe ! râle-t-il en reportant enfin son regard sur moi. C'est à Magali de le faire, c'est elle la déléguée de classe !

— Qu'est-ce que tu peux être con quand tu t'y mets, c'est hallucinant, je grommelle mécontente. Rappelle-moi qui est mon petit ami ?

— Moi.

Deviens ma plus belle chansonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant