CHAPITRE XII

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Samedi 14 août, Los Angeles

Le concert est en train de se jouer depuis maintenant deux heures et j'ai littéralement mitraillé James sous toutes les coutures. J'ai dû prendre à peu près trois cents photos entre le concert et les répétitions et je sais déjà que ça va me prendre un temps fou à tout trier.

Il vient d'annoncer que c'est, déjà, la dernière chanson qui est la plus intimiste. Juste lui, sa guitare et le public.

Je suis placée dans un coin où j'ai à la fois une vue parfaite sur lui, mais aussi sur le public, coin que j'avais repéré lors des répétitions. Je cale mon œil dans le viseur. Place l'appareil. Appuie sur le déclencheur. Je baisse l'appareil photo et affiche le cliché sur l'écran. C'est une scène tellement forte. Tellement belle. Si seul, et, pourtant, bien entouré. À l'image de sa vie. À l'image de nos vies.

James remercie mille fois les spectateurs pour leur soutien et leur promet qu'ils se reverront rapidement. Il salue une dernière fois la foule et la trappe le fait disparaître dans un panache de fumée blanche. Une nouvelle photo et une nouvelle image symbolique. La star qui part en disparaissant dans un nuage de fumée. Fantomatique comme si elle n'existait pas, qu'elle n'était qu'un mirage.

Dimanche 15 août, Los Angeles

Je quitte mon perchoir et rejoins la trappe au moment où James s'en extirpe à quatre pattes alors qu'un assistant passe à côté de moi avec sa guitare. Je le regarde marcher à quatre pattes sur deux mètres avant de se relever et de remettre sa chemise en place.

— Alors ? me demande-t-il trempé de sueur et un sourire jusqu'aux oreilles.

— C'était parfait, je souris à mon tour en le voyant si heureux et capture ce moment d'une nouvelle photo.

Il fait un pas vers moi pour, je suppose, me serrer dans ses bras, mais j'esquive la manœuvre d'un pas en arrière.

— Tu me toucheras quand tu seras douché. Tu empestes !

— C'est ça la vraie odeur de l'homme, m'annonce-t-il d'un ton théâtral alors que je le suis dans les coulisses.

— Bien sûr ! je réponds amusée.

— Tu as réussi à faire quelques photos ? me questionne-t-il en poussant la porte de sa loge.

— Hum... Quelques-unes oui, je confirme en entrant à mon tour avant qu'il claque la porte.

Je m'assois sur le canapé alors qu'il rejoint le coin douche de la loge. Je rallume mon appareil et regarde le nombre de clichés présents sur ma carte SD.

— Tu sais combien j'en ai pris ?

— Aucune idée, me dit-il en passant juste la tête. Combien ?

— Trois cent quarante-deux.

— Sérieux ? C'est super, s'enthousiasme-t-il, je vais avoir de quoi faire.

Alors qu'il prend sa douche, je récupère mon ordinateur et branche l'appareil dessus pour commencer à regarder les photos. J'en profite pour supprimer les ratées. J'ai déjà passé en revue cent soixante-quatre photos et supprimé une vingtaine quand James apparaît encore dégoulinant d'eau et avec juste une serviette autour de la taille. Je déconnecte rapidement le reflex et le porte à mon œil pour prendre une photo.

— Ça va, ne te gêne surtout pas, sourit James alors que j'ai toujours l'œil dans le viseur et le doigt sur le déclencheur.

J'appuie une nouvelle fois alors qu'il éclate de rire.

Deviens ma plus belle chansonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant