CHAPITRE X

8 3 1
                                    

Jeudi 12 août, Los Angeles

— Ah oui, je demande en mordant dans une frite, laquelle ?

— Voilà, répond-il à voix basse, après-demain soir, je donne un petit concert et j'aimerais que tu fasses des photos pour que j'en garde des souvenirs.

— James, je soupire en me calant contre le dossier du siège et en croisant les bras, ça, c'est un entretien d'embauche déguisé ou je ne m'y connais pas.

— Non absolument pas. J'avais un photographe attitré, mais celui-ci est parti et ma maison de disques vient d'en recruter un nouveau, seulement son contrat ne commence que le mois prochain. Je te le demande comme une faveur.

— Tu me jures que ce n'est que pour un soir.

— Juré, me promet-il avec un sourire.

— Dans ce cas, je veux bien.

— Alexandrine, tu sais quoi ? Tu es la meilleure ! lance-t-il alors que je mords à pleines dents dans mon kebab.

Je ne suis pas sûre à cent pour cent que ce qu'il me dit soit la vérité, mais j'accepte de lui laisser le bénéfice du doute. Et puis, ça me permettra de le voir en concert pour la première fois.

Le repas fini, James règle la note et m'emmène dans la première boutique de meubles du centre commercial.


Et je passe le reste de la journée traînée d'une boutique d'ameublement à une autre et d'un centre commercial à un autre par un James s'enthousiasmant pour un rien. Quand il m'avait parlé de faire du lèche-vitrine, j'étais loin de m'imaginer que j'allais l'aider à choisir des assiettes et des bougies.

Plantée à côté de lui, alors qu'il compare deux plats à gratin, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi on n'était pas devenus amis au lycée. S'il est comme ça alors qu'il est adulé par le monde entier, il devait déjà l'être à cette époque.

Qu'est-ce qui avait bien pu bloquer à ce moment-là ? J'ai beau me creuser les méninges, je ne trouve pas la réponse. Dans mes souvenirs, il était arrivé en cours d'année de terminale et il s'était plutôt bien intégré à la classe. C'était un garçon gentil, travailleur et toujours entouré par deux trois copains. En tant que nouveau et plutôt beau garçon, il était devenu le centre des conversations de toutes les filles de terminale, qui priaient pour qu'il leur demande d'être sa cavalière au bal de fin d'année.

— Alexandrine ? dit-il en me pinçant le haut du bras.

— Quoi ? je réponds en sortant de mes pensées.

— Tu en penses quoi ? Je prends plutôt celui en verre ou en céramique ?

— Tu cuisines ? je lui demande surprise.

— Bien sûr que oui. Et c'est important d'avoir le bon matériel.

— Si tu le dis, je lance en haussant les sourcils.

— Tu ne cuisines pas toi ?

— Non, je n'ai jamais le temps et l'envie, pour dire vrai. Je me nourris exclusivement de plats surgelés.

— C'est une honte ! s'exclame-t-il théâtralement, alors que les regards se tournent vers nous durant une demi-seconde. Tu sais quoi ? Quand on rentre à New York, je t'invite à manger chez moi. Il faut que tu manges un vrai repas, pour une fois.

— Si ça peut te faire plaisir, je souris amusée. Alors, celui en verre ou en céramique ?


Deviens ma plus belle chansonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant