CHAPITRE VII

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Mercredi 11 août, New York

Ce matin, en me levant, je n'avais pas envie de sortir, mais l'état de mon frigo m'a obligée à changer d'avis. Je suis donc dans l'épicerie près de chez moi et je fais les quelques courses notées sur ma liste : 2 bouteilles de lait, 8 crèmes desserts et 7 plats cuisinés. Alors que mon panier contient déjà tout ce dont j'ai besoin et me décidant à rajouter une tablette de chocolat blanc, je croise une cousine, invitée du mariage, dans le rayon des sucreries.

— Alexandrine, sourit celle-ci en me claquant deux bises sonores sur les joues, comment vas-tu ?

— Bien, bien, je réponds en cherchant déjà un prétexte pour fuir.

— Tu sais que tu as surpris toute la famille en ne venant pas à ton propre mariage. C'était rudement culotté, lance-t-elle en me donnant une tape sur le bras et avec un sourire tout ce qu'il y a de plus faux. J'ai entendu dire que tu avais plaqué Zach, car tu en aimais un autre. Mais, continue-t-elle, en attrapant ma main gauche et en jetant un œil à mon annulaire, tu portes encore ta bague de fiançailles ?

— Euh... Oui... Je... Euh..., je bafouille en récupérant ma main.

Bien que ma mère m'ait demandé à plusieurs reprises de la rendre à Zach, je n'arrive pas à m'y résoudre. Ce n'est pas tant sa signification, mais juste l'habitude d'avoir une bague à ce doigt depuis quasiment dix ans. Bague qui appartenait à l'arrière-grand-mère de Zach. Il va la récupérer, bien sûr, mais je refuse de lui rendre la tâche facile. Pourquoi ne pas la déposer chez un prêteur sur gages de l'autre côté du pays, par exemple ?

— Enfin, reprend-elle voyant que je réponds rien, tu as quand même frappé fort. Le pauvre, il n'a rien vu venir et il était anéanti. C'est vrai que je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous, mais je ne te comprends pas...

— Et bien, n'essaie pas, je la coupe méchamment. Et comme tu viens de le dire, tu ne sais rien, donc ferme-la.

Mécontente, je tourne les talons, récupère la tablette et une dizaine de paquets de bonbons que j'ajoute à mon panier et rejoins la caisse sans un regard pour ma cousine. Je n'ai qu'une envie, rentrer chez moi pour ne plus jamais voir quelqu'un.


Deux semaines sont passées depuis mon premier entretien et comme prévu, je n'ai pas eu de nouvelles de M. Philips. Les autres entretiens que j'ai pu décrocher se sont soldés par des refus. Pas assez d'expériences pour l'un, un diplôme obsolète pour l'autre, trop âgée pour le troisième... Entre ça et ma famille ainsi que mes amies qui soit me parlent plus soit me critiquent dès que l'occasion se présente, je sature littéralement. Je n'en peux plus et je rêve de partir. En vacances. Ou réellement, je ne sais pas encore, mais je vais devoir bouger et changer d'air sinon je vais finir par exploser.

Affalée sur mon canapé, le regard dans le vide et le cadavre de nombreux sachets de bonbons achetés ce matin près de moi, je sursaute quand mon portable se met à vibrer sur mon ventre. À tous les coups, c'est ma mère, car ma cousine l'a appelée après notre entrevue à l'épicerie. Je le récupère et vois que c'est James. Enfin, un appel qui se veut bienveillant.

— Allô.

— Salut, Alexandrine, me salue James avec un sourire que j'entends dans le combiné. Comment vas-tu ?

— Ça va, je souffle en mentant effrontément.

— Je n'en ai pas l'impression. Qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-il inquiet.

— Ce n'est rien. Et puis, je ne veux pas t'ennuyer avec mes histoires, je réponds en passant une main sur mon visage.

— Ce n'est pas rien alors. Dis-moi, tu ne m'ennuies pas. Jamais, reprend-il sérieux.

Deviens ma plus belle chansonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant