CHAPITRE IX

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Jeudi 12 août, Malibu

— Bien sûr, me répond James en tournant son regard vers moi.

— Ma question, je commence un peu mal à l'aise, si tu la trouves trop indiscrète, tu peux ne pas y répondre. D'accord ?

— D'accord.

— Quand on est allé à l'anniversaire de ta grand-mère, ta sœur a dit que ta mère t'avait, encore, organisé un rendez-vous arrangé. Et toute ta famille a eu l'air à la fois étonnée et ravie de ma présence...

— Et tu te demandes pourquoi ? me coupe-t-il alors que je hoche la tête positivement. Tu te souviens que je t'ai dit que ma fiancée m'avait largué trois semaines avant notre mariage.

— Comment l'oublier, je dis alors qu'il tourne son regard vers l'océan.

— C'est arrivé juste avant que je ne sorte mon premier album. Je commençais tout juste à faire parler de moi. À cette époque, si tu demandais qui j'étais à une personne dans la rue, je n'aurais été qu'un type dont une chanson passait à la radio. Donc bien loin de jouer à guichets fermés au Madison Square Garden, sourit-il. Quand elle m'a annoncé qu'elle me quittait et qu'elle ne m'aimait pas comme je l'aimais, je me suis senti trahi. Comme toi, on était ensemble depuis la fac et je l'aimais vraiment. Et depuis ce jour, je n'ai eu personne dans ma vie, même pour une nuit. Et pourtant, comme tu peux t'en douter, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué. Mais je crois que cette rupture m'a rendue allergique aux femmes et surtout à l'amour. Enfin, ça, c'était avant... Toi.

Je l'écoute attentivement, profitant de son expérience, et reste stupéfaite devant sa dernière confession. Je ne sais pas quoi répondre ou quoi dire. Je ne suis même pas sûre qu'il attend réellement une réponse de ma part.

— À mon tour, reprend-il en se tournant à nouveau vers moi sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, de te poser une question indiscrète.

— Tu as répondu à la mienne, je suis donc obligée de répondre à la tienne, je grimace faussement.

— Faux, rien ne t'y oblige, m'affirme-t-il avec un sourire alors que je lui fais signe de continuer. Pourquoi portes-tu encore ta bague de fiançailles ?

— Je n'arrive pas à me résoudre à l'enlever, je lui avoue en passant mon pouce sur l'anneau de la bague. Je me suis persuadée que si je ne l'enlève pas, c'est juste parce que j'ai l'habitude de la porter, mais je sais pourtant que c'est faux. L'enlever revient à fermer ce chapitre de mon existence qui englobe un tiers de ma vie, et cela m'est vraiment insupportable.

— Tu étais fiancée depuis longtemps ?

— Quasiment huit ans. Il a fait sa demande rapidement, mais j'ai dû batailler longtemps avec lui pour qu'on se décide sur une date. Chaque année n'était pas la bonne, car il avait toujours quelque chose qui le bloquait : c'était trop rapide, il avait un examen universitaire important, il commençait un nouveau job, il allait avoir une promotion... Même le fait que mon père soit gravement malade ne l'a pas décidé alors que chaque jour passé était un jour perdu pour qu'il puisse être auprès de moi pour ce merveilleux moment. Mais, comme toi, je l'aimais vraiment, et je me disais que je pouvais attendre, que je n'étais pas à un an près... J'ai fait tellement de sacrifices pour lui et il ne m'a jamais rien rendu en retour. Maintenant, je me dis que j'aurais dû le voir et comprendre à ce moment-là... Et partir.

— C'est toujours plus facile de se le reprocher après coup, me dit-il gentiment en posant sa main sur mon bras. Mais on a dû passer par là pour en arriver où l'on en est. Et il fallait en passer par là pour se retrouver ici tous les deux. Il ne faut pas oublier qu'on est ce qu'on a vécu.

Deviens ma plus belle chansonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant