Chapitre 1

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NOVEMBRE

{Alix }

– Un bal ? C'est une blague ?

Ma mère lève les yeux au ciel.

– Alix, fais un effort. C'est un évènement très sélect et Marc nous fait l'honneur de nous inviter. Et puis, c'est un gala de charité

– J'en ai rien à foutre de son évènement de merde. Je n'ai pas envie d'y aller.

– Surveille ton langage ! Et je ne t'ai pas demandé ton avis. Tu viens et c'est tout.

– Sinon quoi ?

– Est-ce que tu pourrais s'il te plaît arrêter de te comporter comme une gamine mal élevée ? Et dois-je te rappeler qui paie ton école d'art ? Donc tu viendras à cette soirée et tu essaieras de te montrer aimable pour une fois.

– Je promets rien...

– D'ailleurs, pendant que j'y pense, le fils de Marc sera là. 

– Oh mais si le parfait petit Joaquim est là, ça change tout alors…

– Il s'appelle Joshua, et tu feras un effort pour te montrer courtoise et polie.

C'est à mon tour de lever les yeux au ciel. Cette soirée s'annonce cauchemardesque. Coincée avec deux cents personnes tellement pétées de thunes qu'elles ne savent même plus quoi en faire, et obligée de supporter le nouveau mec de ma mère. Allez savoir pourquoi elle s'est entichée de ce guignol… J'imagine que le yacht et les trajets en limousine ont pesé dans la balance. Ma mère a toujours aimé les belles choses, des choses qu’elle ne peut pas se payer avec son salaire d’enseignante. Elle a réussi à se dégoter un mec qui peut satisfaire ses goûts de luxe. Le problème, comme vous l'avez compris, c'est que Monsieur-plein-aux-as a décidé de financer mon cursus. Deux années dans l'une des meilleures écoles d'art du pays. Une seule année coûte les yeux de la tête. Jusqu'à ce que Marc débarque dans nos vies il y a un peu plus d'un an et demi, et qu'elle le convainque de payer l'école. J'ai aucune idée de comment elle s'y est prise, mais je préfère ne pas savoir… 

Et par-dessus le marché, je vais devoir me farcir le fils prodigue, l'enfant chéri de la famille, l'incroyable et parfait Joshua. Je ne l'ai jamais vu, mais je le déteste déjà. Marc en parle avec une fierté non dissimulée. Il est parti faire ses études en Angleterre et ne revient que deux ou trois fois par an pendant les vacances. C'est évidemment un élève brillant, blablabla. Et vu qu'il est héritier d'une fortune monumentale, j'imagine que toutes les femmes se jettent à ses pieds... Il doit être imbuvable. Jusqu'à présent j'ai toujours réussi à l'éviter. Cette fois, on dirait bien que je ne vais pas y échapper. Et je devrai faire bonne figure sinon je peux dire au revoir au financement de son père. Quelle plaie !

– C'est bon, je ferai un effort. Faut que j'y aille, j'ai encore du boulot pour l'école.

Je ramasse mes affaires et pars en claquant la porte. Mon téléphone sonne pendant que je marche vers le métro. Je laisse le répondeur faire son job.

Je rentre chez moi, un minuscule studio qui fait aussi office d'atelier. Cet endroit, c'est mon refuge, ma bulle. Ma grand-mère me l'a laissé depuis qu'elle est partie en maison de retraite. Je m'y sens bien et même si c'est petit, je ne le quitterai pour rien au monde. 

En arrivant, je balance mes affaires dans l'entrée et mets un plat au micro-onde en écoutant le message de ma mère.

Ma chérie, c'est maman, j'ai oublié de te dire, David passera te prendre demain vers 15h pour t'emmener choisir ta robe pour le gala. C'est Marc qui paie. Bisous bisous !

The Strange Effect On MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant