The Strange Effect On Me

Chapitre 22

{ Joshua }

Quand je me réveille, le lendemain matin, je mets quelques secondes à me rappeler pourquoi je ne suis pas dans mon lit. Je baisse les yeux vers Alix qui dort encore, blottie contre moi, m’entourant de ses bras comme si j'étais son ours en peluche. Elle semble si fragile et vulnérable, j'ai envie de la protéger même si je sais qu’elle n’a peur de rien, ni besoin de personne.

Je regarde autour de moi. Son studio est à son image, flamboyant et déjanté. De la vaisselle dépareillée, et probablement chinée, s’entasse sur les étagères. Il y a des piles de livres, surtout des polars, sur la table basse et à même le sol. Sans surprise, il y a du matériel de dessin dans tous les coins. Une toile inachevée trône sur le chevalet près de la fenêtre, des feutres et des crayons traînent sur le tapis. Au-dessus du canapé-lit, elle a accroché une guirlande lumineuse qu’elle a refusé d’éteindre hier soir. Et partout, dans tous les petits espaces libres, dans le moindre recoin, des dinosaures. En peluche, en dessin, en figurines, en tasse… Des dinos de toutes les tailles, de toutes les espèces. Même le vieux t-shirt avec lequel elle dort est orné d’une tête de T-Rex. Je comprends mieux son pseudo sur les réseaux.

Je tends la main vers mon téléphone en essayant de faire le moins de mouvements possible pour vérifier l’heure. Alix resserre ses bras autour de moi. Je n’ai pas le cœur à la réveiller, mais nos parents vont se demander où on est… Je lui caresse les cheveux, mes doigts s’entremêlent entre les mèches brunes. Elle grogne et enfouit sa tête dans le creux de mon cou. Son souffle chaud sur ma peau me donne envie d’ignorer l’heure tardive et de rester sous les draps avec elle pour les mille ans à venir.

— L’est quelle heure ? marmonne-t-elle d'une voix ensommeillée.

— Presque 11h.

— Fais chier.

Elle se redresse en se frottant les yeux. Apparemment, elle n’est pas du matin. Son air ronchon me fait rire.

— Tu repars quand ? 

— Je dois repartir ce soir, j’ai mon vol demain pour l’Irlande. Mais si tu veux que…

Elle secoue la tête.

— Non, ne change pas tes plans pour moi.

Je sais que ce n'est même pas la peine d’insister. Elle s’étire et attache ses cheveux en chignon. 

— C'est déjà gentil d'être venu exprès. T'es vraiment trop mignon. 

— Ouais, je sais, c'est ce qu'elles disent toutes…

J'ai à peine fini ma phrase que je me prends un violent coup de coussin dans la tronche.

— Je déconne !

Elle affiche une mine renfrognée. Je l'attrape par la taille, la renverse en arrière sur le matelas et l'immobilise entre mes jambes. Je glisse mes mains sous son pyjama et chatouille ses côtés. Elle râle et se tortille pour essayer d'y échapper, puis son rire explose dans la pièce en faisant déborder mon cœur de joie. Elle rit tellement qu'elle n'arrive plus à parler. Mes chatouilles se transforment en caresses, j’effleure sa peau du bout des doigts et aussitôt les souvenirs du chalet remontent à la surface comme si mes mains avaient conservé une forme de mémoire tactile. Je me penche vers Alix jusqu’à ce que nos corps se touchent. Elle a retrouvé son calme. L'espace d'une seconde, j’ai l'impression qu'elle pourrait se laisser approcher davantage, mais elle sonne la fin du jeu d’un claquement de langue.

— Tu prends la confiance ou quoi ? J’ai jamais dit que l’embargo était levé.

Au sourire narquois qui flotte sur ses lèvres, je devine qu’elle est plus amusée que véritablement agacée. Je capitule et la libère. Elle s'échappe dans un éclat de rire.