The Strange Effect On Me

Chapitre 33

OCTOBRE

{ Joshua }

Je n'arrive à rien. Tout se mélange dans mon esprit. Je relève la tête et jette un œil par la fenêtre. La rue est déserte, à part quelques piétons courageux qui bravent la pluie londonienne. J’avale une gorgée de café et fais la grimace en sentant le breuvage froid et amer sur ma langue. 

Je relis les derniers messages d’Alix en me faisant couler un énième expresso. Elle doit dormir depuis longtemps... Ça fait dix-neuf jours que je ne l’ai pas vue. Une éternité. Des deux côtés de la Manche, nos professeurs respectifs semblent décidés à nous rendre la vie infernale en nous surchargeant de travail. J'ai un creux dans la poitrine qui n’en finit pas de grandir et qui menace de m'engloutir. Le manque me prend soudain à la gorge, je suffoque. J’ai désespérément besoin d'elle. Sans réfléchir, j’appuie sur l'icône verte de mon écran. Une sonnerie, puis deux, trois… Mais quel abruti, tu vas la réveiller en pleine nuit parce que tu as le cafard ? Raccroche ! Cinq, six, sept… C'est stupide, je vais l'inquiéter pour rien, je devrais…

— Allo ? 

La voix ensommeillée d’Alix s'élève du haut-parleur. Je n'arrive pas à savoir si elle est agacée ou simplement surprise.

— Josh ? Tout va bien ?

J’ai la gorge sèche.

— Je… Je voulais entendre ta voix. Désolé, je sais qu’il est tard…

— C’est pas grave. Dis-moi ce qui se passe.

Elle n'est pas énervée. Sa voix douce teintée d'inquiétude me serre le cœur. Je me laisse glisser sur le sol de la cuisine, dos au placard.

— Tu me manques. Tu me manques tellement…

Ma voix s'étrangle. Je cligne des yeux pour chasser les larmes qui me brouillent la vue. J’entends Alix bouger dans ses draps. J'aimerais être avec elle, la serrer dans mes bras et sentir l’odeur de sa peau.

— Tu me manques aussi. 

— Je pensais pas que ce serait aussi dur. 

— Moi non plus… On n’a plus que quelques mois à tenir, on va y arriver, d'accord ? C'est toi qui me l’as dit cet été. On est assez forts. 

— Oui… 

J’appuie ma tête contre la porte du placard en reniflant.

— Parle-moi encore.

Elle commence à me raconter son projet en cours, celui qu’elle doit rendre dans une semaine et qui lui bouffe toute son énergie, de sa prof qui a une dent contre elle, de la cousine de Zoé qui va avoir un bébé, du facteur qui s’est encore trompé de boîte aux lettres, et de tout ce qui lui passe par la tête. Sa voix me berce, je pourrais l'écouter toute la nuit, même si c'est pour me lire le mode d'emploi de son micro-ondes.

— Est-ce que tu te sens mieux ?

— Oui, ça m’a fait du bien de t'entendre.

— À moi aussi.

Elle étouffe un bâillement.

— Je te laisse dormir. Encore désolé de…

Elle fait claquer sa langue.

— T’excuse pas. T’excuse jamais de ne pas aller bien. 

Je hoche la tête comme si elle pouvait me voir.

— Bonne nuit chaton, te couche pas trop tard ok ? Sinon tu vas encore pioncer en cours.

— Oui, promis.