Chapitre 19

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{ Alix } 

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{ Alix } 

Pour l’exposition de fin d’année, j’ai choisi un triptyque. Même si c’est un projet inachevé, j’ai réussi à convaincre le comité de l’exposer malgré tout. Je déambule dans la galerie à la recherche de mes tableaux, regardant au passage les travaux des autres élèves. Certains sont postés devant pour répondre aux questions des visiteurs, un verre de champagne dans une main et un petit four dans l'autre. On se salue de loin d’un hochement de tête ou d’un sourire. Je trouve enfin mon projet, dans la dernière salle, isolé sur un mur blanc. Le galeriste est présent, en grande discussion avec Manuela, l'une de mes professeurs, et un couple. Elle se précipite vers moi quand je m'approche et m'entraîne vers le couple sans ménagement.

— Ah Alix, vous êtes là ! Je vous présente Monsieur et Madame Heralt, ils nous ont fait une offre très généreuse pour votre œuvre.

Je la regarde avec stupeur. Est-ce que j'ai bien compris ? Non, il doit y avoir erreur. Aucun élève de première année ne vend ses œuvres.

— J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce triptyque, s'exclame la femme. Il est tellement… puissant ! Je l'adore, je le veux absolument chez moi !

— Je… je suis ravie qu'il vous plaise. 

J’essaie de me tenir la plus droite possible pour faire bonne impression.

— Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ? demande son mari. 

— En fait, c'est une œuvre très personnelle… Il se lit de gauche à droite et ça raconte l'évolution des sentiments, d'une relation entre deux personnes. Plus le temps passe et plus ces deux personnes apprennent à se connaître et à s'apprécier, alors qu'au départ ils se détestaient…

Maintenant que je suis lancée, je pourrais parler de ce tableau pendant des heures.

— Vous avez magnifiquement représenté les sentiments confus à gauche et… c'est l'amour à droite ? 

— Peut-être… C'est à vous de voir ce que vous voulez que ce soit. Manuela vous l’a sans doute expliqué, l'œuvre n’est pas terminée.

La jeune femme se tourne vers moi.

— Je vous laisse tout le temps dont vous avez besoin pour le finir. Je suis sûre que j’aimerai le résultat.

Le galeriste invite le couple d'acheteurs à venir dans son bureau. Manuela est hystérique.

— C'est la première fois que je vois une de mes élèves vendre une toile à l'expo de fin d’année ! Votre œuvre est incroyable, vous pouvez être fière de vous. Et c'est un très bon point pour votre dossier. Mais vous êtes venue seule ce soir ? Où sont vos parents ?

— Ma mère et son compagnon viendront demain, malheureusement ils n’étaient pas disponibles ce soir.

— Je serais ravie de les rencontrer. Encore félicitations et… Oh, je vous laisse, vous avez un nouveau visiteur.

The Strange Effect On MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant