Alix et Joshua s'attirent autant qu'ils se détestent à la seconde où leurs regards se croisent. Ils ne pourront pas s'éviter bien longtemps : le père de Josh et la mère d'Alix vont bientôt se marier !
Les sentiments qui couvent sous la braise pourra...
Je cours à travers la gare. Si je ne monte pas dans ce train, je n’arriverai pas à temps. Hors de question de louper cette soirée. Je grimpe les escaliers quatre à quatre malgré mes poumons qui brûlent et un point de côté lancinant. Je me jette dans la première voiture sous le regard agacé du contrôleur. À peine installé à ma place, encore essoufflée, j’envoie un message à Alix pour la prévenir.
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Les Donovan ne ratent jamais une occasion d’organiser des soirées, et les quarante ans de mariage de mon oncle sont une excellente excuse pour se goinfrer de petits fours et sortir une bouteille scandaleusement chère de leur cave. Mon père était surpris que je fasse le déplacement depuis Londres, mais je l’ai baratiné au sujet de l’importance de la famille. En vérité, la seule personne que j’ai envie de voir ce soir, c’est Alix. Je ne l’ai pas revu depuis des semaines, elle me manque tellement que j’ai l’impression d’avoir un trou dans le ventre, un gouffre noir et profond que rien ne peut remplir hormis sa présence.
Arrivé à la gare, je sors attendre David sur le trottoir. Il arrive quelques minutes plus tard.
— Bonjour, monsieur, vous avez fait bon voyage ? me demande-t-il pendant que je grimpe à l'arrière.
— J’ai encore failli louper mon train.
David éclate de rire. Il a l’habitude d'entendre mes déboires ferroviaires.
— Votre père m’a demandé de vous apporter votre costume, ajoute-t-il, pour que vous puissiez vous changer avant d’arriver.
David remonte la vitre teintée entre le côté conducteur et la banquette arrière pour me laisser un peu d’intimité. Je me contorsionne dans l’habitacle pour me déshabiller, enfiler le costume et remettre mes affaires dans mon sac. La voiture s’arrête brutalement. David toque deux coups à la vitre teintée pour signaler qu’on est arrivé. Je me précipite à l'extérieur et remonte l'allée de la maison au pas de course. Je brûle d’impatience de retrouver Alix, même si je sais que nos véritables retrouvailles devront attendre bien après la soirée, une fois en sécurité chez elle.
Je traverse la gigantesque entrée et entre dans le salon. J'ai à peine franchi la porte que le rire tonitruant de mon père ou d’un de mes oncles me vrille les tympans. À cette distance, impossible de les discerner. Je cherche Alix des yeux. J’ai le souffle coupé en la voyant. Elle est époustouflante dans sa robe courte argentée, perchée sur des talons vertigineux, ses longs cheveux flottant dans son dos. Nos regards se croisent. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et son bruit assourdissant résonne dans mon crâne. Je la dévore des yeux tandis qu’elle fend la foule pour me rejoindre, hypnotisé par le tissu brillant qui se plisse en suivant les mouvements de son corps, créant des reflets irréels. Je frôle l'arrêt cardiaque quand elle arrive à ma hauteur. Le sourire qu’elle m’adresse me fait perdre toutes fonctions cognitives.
— Tu… Ouah ! Tu es incroyable, bafouillé-je.
— Merci chaton. Tu n’es pas mal non plus dans ce costume…
Elle se penche vers moi pour me faire la bise, comme si on était juste de la même famille. Son parfum m’enveloppe et ses lèvres s’attardent sur ma joue.
— Tu dors chez moi ce soir ? chuchote-t-elle à mon oreille.
J’acquiesce en hochant la tête. Je meurs d’envie de la prendre dans mes bras, de l'embrasser.
— Ah vous voilà les enfants ! s'exclame mon père en arrivant près de nous. Tu as fait bon voyage, Josh ?
— Oui, nickel.
— À part qu’il a failli louper son train, glisse Alix en ricanant.
– Quoi, encore ? Décidément ! Franck et Alice auraient été déçus de ne pas te voir.
– Ça aurait été dommage de rater cette soirée, ajoute Alix.
– Vraiment dommage, répété-je en souriant.
On suit mon père jusqu’à notre table où Cathy m'accueille avec sa douceur habituelle.
J’essaie de suivre la conversation, mais mon attention est sans cesse distraite par le frottement de la jambe d’Alix contre la mienne ou la caresse de sa main sur ma cuisse. Plus d’une fois, je cache un sourire dans ma coupe de champagne.
— Je suis déçue que Jessica n’ait pas pu venir ce soir, se lamente Cathy. J’aurais aimé la rencontrer.
— Qui ça ?
Alix me donne un coup sous la table.
— Ah euh, oui, bien sûr. Mais on aura sans doute d'autres occasions.
— Tu l’as déjà vue, Alix ?
— Non, je n’ai pas encore eu cette chance.
Je contemple son verre en essayant de garder un visage impassible.
— Elle doit être un peu dérangée pour craquer pour Josh, ajoute-t-elle avec malice.
— Je me pose souvent la question. C'est vrai qu’elle est un peu perchée… Mais c'est ce qui fait son charme.
— Depuis quand êtes-vous ensemble ? interroge Cathy.
— Depuis juin.
Alix me regarde avec surprise.
— C'est pas en août ? Je veux dire… Je croyais que c'était plus récent que ça… Il me semblait que tu m’en avais parlé cet été.
Mon père se met à rire.
— Et bien, Josh, tu confonds les dates, comme ton vieux père ?
— Je ne confonds pas… C'est en juin qu’on a réalisé qu’on voulait vraiment être ensemble, répondis-je sans lâcher Alix des yeux. On a juste pris le temps de bien faire les choses.
Elle rougit et détourne le regard.
— C’est une jolie histoire ! s’exclame Cathy. Je suis contente pour vous.
Mon cœur loupe un battement.
— Pour… nous ?
— Pour Jessica et toi, bien sûr.
Je retiens un soupir de soulagement. Le serveur arrive à point nommé avec les entrées.
– Et avec Faustine, ça se passe bien ? demande Marc en se tournant vers Alix. Ce n’est quand même pas de chance que vos deux copines soient indisponibles le même soir…
Je n’aime pas du tout le tournant que prend la discussion. Au début, Jessica et Faustine nous faisaient bien rire avec Alix. Maintenant, les mensonges s’accumulent et ça devient un véritable casse-tête de se rappeler de tout ce qu’on a inventé à leur sujet.
– Oui, tout se passe bien. On… on travaille ensemble sur un projet en ce moment.
– Ce n’est pas trop compliqué de travailler en couple ? s’inquiète Cathy en fronçant les sourcils.
– Ça se passe bien pour le moment. Elle… Elle me comprend mieux que personne. Parfois, elle devine ce que je veux dire avant même que je parle. Je me sens vraiment bien avec elle.
À ce stade, je ne sais plus trop si elle invente ou si elle parle de nous. On échange un regard, ses yeux pétillent et ses doigts frôlent ma main sous la nappe. J’ai envie de me lever et de dire devant tout le monde que c’est elle, la femme merveilleuse dont je suis amoureux, elle dont je rêve chaque nuit, elle qui fait battre mon cœur. Mais au lieu de ça, je me contente de sourire.
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