The Strange Effect On Me

Chapitre 10

{ Joshua }

Le lendemain, j’émerge en fin de matinée et me traîne sous la douche pour essayer de me réveiller. J’ai mal dormi, maintenu éveillé par les pensées qui tournaient en boucle dans ma tête. C’est ma sœur putain. Je ne dois pas penser à elle comme ça. Ta sœur par alliance, ça ne compte pas. Elle me déteste. Tu es sûr ? Elle n'avait pas l’air de te détester hier soir. Elle ne me plaît pas tant que ça. Arrête de te mentir. De toute façon, ce n'est pas réciproque. Tu as bien vu comment elle te regardait samedi matin… On vit dans deux pays différents. Ouais, là j'avoue, c’est chaud. Mais pas impossible. Je coupe l’eau et attrape ma serviette. Tu as pensé à elle hier quand tu étais bloqué dans la neige. C’est normal de penser à sa famille dans ces moments-là non ? J'ai aussi pensé à mon père. Ça ne veut rien dire. 

En traversant le couloir, je jette un œil par-dessus la balustrade et mon regard tombe sur Alix installée dans le canapé. Elle est occupée à griffonner sur son carnet à dessin avec des écouteurs dans les oreilles. Elle porte un short, des chaussettes épaisses et un gros pull en laine. Ses longues jambes sont étendues sur les coussins. Elles ont l’air toutes douces. Tu fais une fixette sur ses jambes on dirait.

J’avance sans bruit dans l'escalier pour ne pas trahir ma présence. Elle penche légèrement la tête d'un côté puis de l'autre, ses lèvres remuent en silence. Par moment, elle tapote son crayon en rythme ou entortille une mèche de cheveux autour de ses doigts avant de reprendre son dessin. Sa main effleure à peine le papier, ses yeux suivent le trait, ses gestes sont vifs et précis. Ça a l'air facile vu d'ici… Je me demande ce qu'elle dessine. Je ne sais pas combien de temps je reste là à la contempler, incapable de détacher mes yeux de son visage. Mon regard suit son profil. Son front, son petit nez adorable, sa bouche que je rêve de… Et à part ça, elle te plaît pas hein ? Oh la ferme !

La sonnerie d'un message retentit sur mon téléphone. Merde. Alix lève les yeux, cherchant la source du bruit. Dès qu'elle me voit, son visage s'assombrit, son regard se durcit. Je m'empresse de descendre les dernières marches comme si de rien n’était.

Alix arrache ses écouteurs de ses oreilles, serre son bloc de papier contre elle, et se lève du canapé pour se précipiter à l'étage. Elle marmonne en passant devant moi. 

– Pas moyen d'être tranquille…

Son parfum flotte dans son sillage. Je maudis la personne qui m'a envoyé ce message.

***

Mon père me rejoint bientôt dans la cuisine pour préparer le repas. C’est un excellent cuisinier, malheureusement je n’ai pas hérité de son talent. Il commence à me donner des instructions, que j’exécute de mauvaise grâce.

– Alors, ça se passe comment avec Alix ? Vous vous entendez bien ? demande-t-il en remuant ses casseroles.

– Pour le moment… c’est compliqué.

Il fronce les sourcils. Je me sens obligé de développer.

– Elle… Enfin, faut le temps qu’on apprenne à se connaître, je suppose. 

Il observe d'un œil circonspect les oignons que je viens de couper et me prend le couteau des mains avec un soupir.

– C’est important pour Cathy et moi que vous vous entendiez bien. Donc je compte sur toi pour faire un effort.

Je hoche la tête. Des efforts j’en fais… pour ne pas penser à elle de la façon dont je ne devrais pas penser à elle. Et c’était bien plus facile quand j’étais sûr qu’elle me détestait.