Chapitre 40

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La soirée passe doucement, je suis dans le bain avec Gabriel, j'ai décidé de rester avec lui pour ce soir. Ce n'est pas du tout une bonne idée, mes sentiments pour lui sont toujours là, très présents dans mon cœur, mais j'ai décidé de profiter. Je ne sais pas combien de temps j'ai encore avec lui, je sens que cette année il va devoir se marier et je sais que je ne supporterais pas ça. Je ne veux pas être la maitresse d'un homme marié, je devrais renoncer à lui. Tout ce que j'espère, c'est qu'il sera sincère avec moi, je ne veux pas de mensonge. Gabriel devra être transparent jusqu'au bout. Mais pour ce soir je profite, c'est moi qui suit dans ses bras, qui l'accompagne dans son lit, je n'ai pas à penser à demain bien que j'ai quand même mal au cœur. Tout ça va forcément finir par s'arrêter...

Je finis par me redresser dans la baignoire, Gabriel s'assoit mieux derrière moi et s'occupe de mes cheveux, ce qui me fait sourire en fermant les yeux. Ce n'est pas désagréable ce qu'il fait, il sait bien s'occuper de mes cheveux même si je ne lui ai jamais appris. J'apprécie sentir ses doigts dans mes boucles, il les traite bien. Je dois avouer que ça me rappelle un peu quand j'étais petite, quand c'était mon papa qui s'en occupait. Gabriel prends son temps, à hydrater et dessiner chaque boucle, je le laisse faire jusqu'à ce qu'il ai fait toute ma chevelure. Je me tourne quand il passe ses mains sur mes épaules, nous nous embrassons puis restons ainsi quelques instants.

-Ne t'éloigne plus de moi Jessica. S'il te plaît.

-Un jour ça arrivera Gabriel. Tu es mon roi, je suis une femme de ménage, on a dix-sept ans d'écart, je n'ai aucune éducation supérieur.

-Je m'en fiche de ça, tu le sais bien.

-Moi je le sais, les autres non. Et un jour tu épouseras une femme que tu aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, qui deviendra ta reine, alors je devrais disparaitre.

-Pas nécessairement.

-Je refuse d'être une maitresse comme ça, dis-je en me tournant pour lui faire face. Le mariage, c'est sacré, je ne veux pas que tu trompes ton épouse, encore moins avec moi. Tu sais que je ne veux pas être une briseuse de ménage.

-Je le sais. Tu es douce et respectueuse des autres, je commence à te connaître. Mais je ne veux pas que tu t'éloignes de moi. Je tiens à toi.

Mon cœur loupe un battement, c'est la première fois qu'il me le dit, et c'est avec une grande sincérité, je le vois dans ses yeux. Je pose ma main sur sa joue, il se blottis contre.

-Je tiens aussi à toi Gabriel.

Je vais l'embrasser, il passe ses bras autour de moi, me forçant à rester contre lui, mais je n'allais pas fuir ce soir. Je vais rester avec lui tant qu'on le peut. Nous quittons rapidement la baignoire, nous séchons grossièrement et retournons au lit, passer un excellent moment, sans se lâcher des yeux.

Quand je m'allonge de mon côté, Gabriel me prends dans ses bras, je suis dos à lui. Je le sens sombrer dans son sommeil, de mon côté je sens les larmes monter. Je le sens au plus profond de moi que cette belle relation va arriver à son terme d'ici peu, sans doute à cause du gouvernement qui insiste sur le mariage, je sais que ça va tout changer. Je ne veux pas que ça change, mais je ne me voile pas non plus la face. Même si Gabriel tombe amoureux de moi comme je suis amoureuse de lui, jamais je ne serais acceptée dans la société dans laquelle il évolue. Malgré le fait que nous sommes au 21ème siècle, que les mœurs ont évolué, la royauté reste quelque chose d'ancré dans le passé.

Je déteste m'imaginer des choses avec Gabriel, c'est vraiment pas bon pour moi. Je commence à sentir les larmes couler, je fais tout pour les retenir, me contentant de me tourner pour me blottir contre son torse, profiter de son odeur et de sa chaleur, je ne sais pas encore combien de temps il nous reste, alors je dois profiter et pas me prendre la tête.

* * *

Nous voici de retour au palais, le séjour en France est terminé ! Hier matin je me suis réveillée de la meilleure des façons ave Gabriel, comme ce matin, j'ai dormi avec lui ces deux dernières nuits, et c'était deux excellentes nuits. Je me suis reposée comme il fallait, bien que Gabriel était épuisant ! Mais c'est aussi ce qui m'a fait très bien dormir.

Aujourd'hui nous avons un retour à la vie normale, je n'ai travaillé qu'un peu ce matin, nous avons pris l'avion et maintenant je vais voir ma mère, elle m'a manqué. Je suis très heureuse quand je la trouve dans notre salon, mais je sens rapidement que quelque chose ne va pas.

-Salut maman. Quelque chose ne va pas ?

Elle se tourne enfin vers moi, je vois bien qu'elle est épuisée.

-J'ai eu un rendez-vous avec l'oncologue, et il ne s'est pas bien passé.

Douche froide. Toute la bonne humeur que j'avais accumulé lors de ces deux derniers jours disparait, je m'assois à côté de ma mère sans prendre la peine de bien poser mes affaires.

-Raconte-moi s'il te plaît. Qu'est-ce que le médecin t'a dit ?

-Apparemment le cancer est en train de se généraliser.

-Quoi ?! Mais je pensais que la chimio était efficace !

-Je le pensais aussi, mais ce fichu crabe ne veut pas me lâcher. Chérie, je te le jure que je me bats, mais il est plus fort que moi.

Pour la seconde fois de ma vie je vois ma mère pleurer, ça me brise le cœur. Je la prends dans mes bras comme je peux, retenant mes larmes, je dois rester forte pour elle. Elle pleure un long moment, je n'imagine pas comment elle s'est sentie quand elle l'a su, sans moi pour la soutenir.

-Maman, je suis désolée de ne pas avoir été présente pour toi.

-Tu n'as pas à t'excuser, dit-elle en me regardant, les yeux remplis de larmes. Tu as le droit de travailler. Je ne pensais pas non plus avoir ce genre de nouvelles. Je pensais enfin me débarrasser de cette putain de maladie.

-Moi aussi je le pensais. Je vais demander quelques jours, j'ai besoin de passer du temps avec toi.

-Non, ne fais pas ça, ça me rendrait encore plus triste. Profite de ta relation, de ton travail et de tes amis je veux juste que tu sois là pour les rendez-vous avec l'oncologue. Il faut que tu vives ta vie ma chérie, pas que tu ne te sacrifies pour moi.

-Ce n'est pas un sacrifice maman, tu es malade ! Je dois être là pour toi !

-Tu es déjà là pour moi. Tu paies les soins nécessaire, tu me permets de vivre dans cette maison que j'aime plus que tout, tu m'accompagne le plus possible sur mes rendez-vous, c'est suffisant pour moi.

-J'aimerais faire plus.

-Je le sais, mais tu n'as pas la solution miracle contre le cancer.

-Mais tu n'as pas accès aux meilleurs soins.

-Chérie, même le meilleur des oncologues n'arriverait pas à me soigner. Les soins que j'ai sont bon, c'est le cancer qui ne veut pas me lâcher. Mais je vais continuer à me battre, je ne veux pas partir aussi tôt dans ma vie. Tu as perdu ton père trop tôt, je n'ai pas envie de te laisser. J'ai envie de connaître un gendre et des petits-enfants quand même. Je ne laisserais pas ce cancer gagner.

-T'es la plus forte maman.

Je la serre dans mes bras, je dois tout faire pour qu'elle soit soigner dans les meilleures conditions. Si le cancer décide d'être plus fort, je dois l'aider à avoir plus de soins de qualité.

King of my heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant