Chapitre 8

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Asad arpentait la chambre tel un lion en cage.

Plus tôt, il a surpris une conversation pour le moins pertinente, et désormais il avait du mal à patienter jusqu'au matin pour soumettre la belle brune à sa volonté.

_ Ne penses-tu pas que le peuple t'en voudra d'animer une cérémonie en ces temps chaotiques ?

Non. Asad savait que son peuple lui vouait une confiance aveugle, une confiance qu'il a mis des années à bâtir.

Son frère avait peur de perdre l'aval du peuple, et il ne pouvait pas lui en vouloir de s'inquiéter. Il était jeune, à son opposé, et se laissait parfois conduire par la crainte. Asad, lui, n'avait peur de rien. Il régnait d'une main de maître, solide et inébranlable face à l'adversité.

_ Je pense que le peuple me remerciera de protéger notre patrimoine.

En effet, les rebelles clamaient une autonomie politique et culturelle non existante.

Des voleurs effrontés.

Ils prétendaient avoir une identité propre à eux, et tentaient par tous les moyens de gagner les faveurs du monde, mais tout ce qu'ils récoltèrent fut la pitié qu'il leur vouait.

Leurs revendications étaient dénuées de sens, et Asad n'avait pas besoin de riposter pour prouver quoi que ce soit. Depuis le début, il est resté sans réagir en offrant au monde un aperçu des absurdités perpétrées par les rebelles, mais ils ont fini par assassiner des civils à AL-Khayyam et désormais il se devait de les punir.

_ Cet évènement artistique se tiendra coûte que coûte. Claqua-t-il d'une détermination sans faille ; Et Shama en sera la responsable.

Prononcer son prénom réussit à l'apaiser. Il était gracieux et charmant, à l'image de sa maîtresse qui bientôt sera chez lui, dans son royaume.

Shama huma une odeur délicieuse en croyant encore rêver.

Son amie et elle ne se sont endormies qu'au lever du soleil et elles avaient du mal à s'extirper de leur sommeil, mais c'est sans compter sur Amanda qui débordait d'énergie de bon matin.

_ Laissez-les dormir madame, elles doivent être fatiguées. Proposa Zayd en l'écoutant balancer des mots mordants à l'égard des deux jeunes filles mais peine perdue.

_ Le soleil est au zénith et elles osent dormir encore. S'indigna-t-elle ; Il faut que j'ailles réveiller ces deux flemmardes.

Asad la regarda partir satisfait, et plus tard elle réapparut avec deux filles qui trottinaient derrière.

Son attention se reporta naturellement sur la brune qui se frottait les yeux, encore engourdie. Ses cheveux étaient en pagaille comme si elle s'était battue dans son sommeil, et pourtant, pas du tout objectif, il la trouvait gracieuse.

_ Vous avez bien dormi mesdemoiselles ?

Shama tendit l'oreille en se sentant encore étourdie. Elle n'a pas oublié les deux hommes d'hier mais elle avait secrètement espéré qu'ils aient repris la route, tôt.

L'inconnu la regardait toujours avec cette même lueur aux yeux, de quoi rembrunir son humeur encore plus.

_ Oui, merci de demander.

Le petit-déjeuner parut interminable.

Sa grand-mère se faisait une joie de parler à ses invités, mais Shama, elle, resta silencieuse tout au long du repas. Elle toucha à peine à son assiette de quoi frustrer le cheikh qui ne l'avait pas lâché du regard.

_ Votre grand-mère m'a dit que vous aviez peintes ces toiles ? Commença Asad en tentant de capter l'attention de la jeune femme.

La brune fut obligée de quitter ses deux mains du regard pour mieux foudroyer Amanda qui faisait mine de mâcher.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant