Chapitre 21

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_ Vous comptiez descendre plus bas peut-être ?

Shama sursauta à l'entente de cette voix sévère qui la menaçait dangereusement.

Un frisson parcourut son échine alors qu'elle détourna le regard, prise au piège dans un hoquet d'angoisse.

Elle sentait ses joues s'enflammer dans des rougeurs indiscrètes pendant que l'embarras saisissait son être.

Elle venait de se faire prendre dans une situation délicate, et la jeune femme ne savait point où donner de la tête.

Elle avait honte.

Elle regrettait de s'être laissée aller à ce désir pressant, et appréhendait, tel un enfant, la réaction du cheikh.

_ Vous êtes réveillé ? Demanda-t-elle innocemment en fuyant son regard ; Vous allez bien ?

Elle voulait esquiver la question dans l'espoir maladroit de s'en sortir.

Mais, le cheikh semblait décidé à avoir cette conversation et le fit comprendre dans un souffle mordant.

_ Vous feriez mieux de commencer à vous défendre. Lui intima-t-il d'une voix serrée en ignorant délibérément ses questions.

Seulement, elle ne pouvait pas se défendre.

Elle n'était pas prête à le confronter encore.

Elle avait peur de découvrir son regard, aussi sombre que des gemmes de jais.

Pire, elle craignait l'éventualité d'y lire une teinte de mépris.

La simple idée qu'il puisse peindre une piètre opinion d'elle lui empoignait le cœur.

_ Je voulais vous faire du bien. Lâcha-t-elle en l'affrontant enfin dans l'espoir de rectifier l'impression erronée qu'il pourrait avoir d'elle.

Ses yeux ne traduisaient rien.

Elle a beau essayé de lire en lui, le cheikh restait implacable.

D'un côté, elle se sentait rassuré de ne pas y lire du dégoût. Mais, d'un autre, ne pas savoir ce qu'il pensait la plongeait dans un tourment d'incertitude.

_ Me faire du bien ? Répéta-t-il sans l'once d'un sourire ; Vous vous enfoncez mademoiselle.

Le cheikh n'avait pas le cœur à jouer dans la délicatesse.

La hardiesse de la jeune femme lui déplaisait fortement.

Les caresses osées, bien que tamisées par le tissu imprégné, laissaient entrevoir un aspect frivole qu'il aurait préféré ne jamais connaître.

Son regard innocent était empreint d'une forte audace, qui, dans ce ballet de lumières résonnaient comme une provocation insoupçonnée, peignant un portrait vicieux de sa belle.

S'était-il trompé à son égard ?

Asad n'avait encore jamais commis d'erreur dans ses jugements, mais il ne pouvait nier que l'amour qu'il lui portait aurait pu voiler ses défauts.

Il aurait aisément pu mal interpréter ses rougeurs pour de la pudeur, une qualité qu'elle ne semblait malheureusement pas posséder en ces instants.

_ Vous vous faufilez souvent chez les hommes pendant qu'ils dorment ? Rajouta-t-il sans une pointe de remord pour ses sous-entendus.

Il aurait aimé se tromper, mais le cheikh ne voyait pas d'autres explications.

La jeune femme ne s'est pas contentée de dissiper sa douleur.

Non.

Sans vergogne, elle a baladé son regard avide jusqu'à s'attarder sur ses chairs les plus intimes.

_ Vous n'avez donc aucune décence ? Continua-t-il alors que des larmes embuaient ses yeux miels.

_ Vous transpiriez et j'ai cru bien faire. Se défendit-elle, humiliée de l'image peu flatteuse qu'il lui dessinait ; Je voulais vous soulager.

_ Et comment ? S'emporta-t-il en transperçant la nuit de son cri grave ; En me déshabillant sans retenue ?

Shama se retint de pleurer comme pour lui voler le plaisir de la voir déchue.

_ Vous souffriez ! Vous gémissiez de douleur ! Cria-t-elle en se relevant d'un coup, incapable de supporter cette dégradation pénible qu'il lui infligeait.

Mais, le cheikh n'était pas du même avis.

Dans un grognement sourd, il s'empressa de la rattraper dans toute son intégrité.

Asad ne se souciait guère de sa nudité, tout ce qui l'importait était de l'arrêter dans son élan.

Il voulait encore s'expliquer, comme s'il refusait de garder cette version des faits.

Mais à mesure des secondes, la jeune femme semblait filer entre ses mains.

Ses mouvements étaient ralentis par le poids de sa blessure.

Chaque pas résonnait comme un rappel cruel de sa condition.

Ses épaules étaient voûtées, trahissant une lutte profonde et silencieuse.

Il boitait, chancelant.

Son visage était crispé sous l'effort, mais dans tout ça, il refusait de fléchir.

Il aboya des ordres en espérant retenir la jeune femme, mais cette dernière était bien trop blessée pour y prêter attention.

Elle s'approchait dangereusement de la porte sans jamais se retourner.

Elle ne voulait pas avoir à le revoir.

Elle voulait quitter cette pièce et ne plus jamais y remettre pieds.

Si durant un court instant, Shama a cru apprécier le cheikh assez pour l'adorer, désormais tout lui semblait n'être qu'un mirage.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant